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non, c’est-à-dire des bâtons ou filets de grosseurs différentes, dont on se sert pour travailler les ouvrages à la lampe.

Pour cet effet on prend deux bouts de tuyaux de pipes à fumer, qu’on enfonce ensemble dans la matiere qui est en fusion, & comme on les tient avec les deux mains, on les éloigne tant qu’on veut. Si on veut avoir des filets plus longs que le bras d’un homme, un compagnon en tire un des bouts toujours attaché au tuyau de pipe ; c’est ce qu’on appelle tirer l’émail à la course. Voyez Émail.

RAMBADES, s. f. pl. (Marine.) ce sont deux élévations égales, d’environ quatre piés chacune, divisées par le coursier. Sur chacune d’elles quatorze ou quinze hommes peuvent se placer pour combattre. Voyez Pl. IV. de Marine, fig. 2. la rambarde marquée &.

RAMBERGE, s. f. (Marine.) sorte de petit vaisseau propre à aller faire des découvertes. Autrefois on appelloit ainsi en Angleterre des vaisseaux de guerre, & on donne aujourd’hui ce nom à de petits bâtimens qui servent dans les rivieres de ce pays.

RAMBERT, saint, (Géog. mod.) bourg qu’on nomme une petite ville de France, dans le Forès, au diocèse de Lyon, sur le bord de la Loire qu’on y passe sur un pont, à 4 lieues de Montbrison, & à 3 de S. Etienne. Il y a un chapitre.

Rambert-le-joux, (Géog. mod.) petite ville, ou gros bourg de France, dans le Bugey, près d’une branche du mont Jura. Il y a une paroisse, un petit college, & une abbaye de bénédictins. Latit. 35. 54.

RAMBERVILLIERS, ou plutôt Rambervillers, (Géog. mod.) petite ville de Lorraine, chef-lieu d’une des plus belles châtellenies de l’évêché de Metz ; c’étoit une ancienne seigneurie qui appartenoit à des seigneurs particuliers, il y a 650 ans. Etienne de Bar, qui fut fait évêque de Metz vers l’an 1120, acquit Rambervillers, & le ferma de murailles. Le même évêque y fonda une abbaye de chanoines réguliers. Long. 24. 19. lat. 48. 22.

Serarius (Nicolas), savant jésuite, interprete de l’Ecriture, naquit à Rambervillers en 1558, & mourut à Mayence en 1609. On a de lui, 1°. des commentaires sur plusieurs livres de la Bible : 2°. des prolégomenes estimés sur l’Ecriture-sainte : 3°. un livre des trois plus fameuses sectes des Juifs ; savoir, des Pharisiens, des Saducéens & des Esséniens. Il a mêlé trop d’érudition inutile dans ses questions & dans ses commentaires ; mais il regne plus de briéveté & de jugement dans ses prolégomenes sur la Bible.

RAMBOUILLET, (Géog. mod.) bourg de l’île de France, dans le Hurepoix, à 10 lieues de Paris, avec un château qui appartient au duc de Penthievre. Louis XIV. érigea ce bourg en duché pairie en 1714. Long. 19. 20. latit. 48. 32.

RAMBOURER, v. act. c’est remplir de crin, de coton, de lin ou de quelque autre substance pareille. Ainsi on dit une chaise rambourée de laine, &c.

RAME, s. f. (Marine.) longue piece de bois, dont l’une des extrémités étoit applatie, & qui étant appuyée sur le bord d’un bâtiment, sert à le faire siller. La partie qui est hors du vaisseau & qui entre dans l’eau, s’appelle le plat ou la pale, & celle qui est en-dedans, où les rameurs appliquent leurs mains afin de la mettre en mouvement, se nomme le manche de la rame. Pour faire siller un bâtiment par le moyen de cette piece de bois, les rameurs tournent le dos à la proue, & tirent le manche de la rame vers eux, c’est-à-dire la tirent vers la proue afin que la pale avance vers la poupe ; mais la pale ne peut point avancer dans ce sens sans frapper l’eau ; & comme cette impulsion est la même que si l’eau frappoit la pale de poupe à proue, le bâtiment est mu selon cette direction. De-là il suit que plus la pale se meut dans l’eau

avec force, c’est-à-dire plus son choc est grand, plus le vaisseau sille vîte. Pour augmenter ce choc, presque tous les mathématiciens prétendent qu’on doit situer tellement la rame sur le bord du bâtiment, qu’elle soit divisée en deux parties égales par l’apostis, ou le point autour duquel elle se meut. Cette prétention est fondée sur ce que dans cette situation le produit des deux parties de la rame est un maximum, c’est-à-dire le plus grand qu’il est possible. Cependant malgré cette raison, M. Euler qui a publié là-dessus un beau mémoire, parmi les derniers de l’académie royale des Sciences de Berlin ; M. Euler, dis-je, veut que la partie extérieure excede l’autre. Il a inséré aussi un long chapitre sur les effets de cette machine, dans sa science navale : Scientia navalis, de actione remorum, chap. vij. Il y a des choses bien curieuses dans ce chapitre. L’auteur y calcule la vîtesse que doit acquérir le vaisseau, suivant l’action des rames ; il propose des machines qu’il estime plus efficaces que cette action, &c. & tout cela doit être lu dans l’ouvrage même. Voyez aussi l’article suivant. On trouvera aussi de nouvelles idées sur ces machines qu’on veut substituer aux rames, dans le Dictionnaire universel de Mathématique, &c. & la théorie en quelque sorte de ces avirons.

Les Latins appelloient les rames, remi, & quelquefois palmæ ou palmulæ. On leur donnoit aussi autrefois le nom de tonsæ, à cause qu’elles frappent les flots, & qu’elles les coupent : Et in lento luctantur marmore tonsæ. Un quatrieme nom qu’avoient les rames dans l’antiquité, étoient scalmes, qui signifie cheville, parce qu’il y avoit une cheville à chaque rame.

Plutarque dit que César s’embarqua à Brindes, pour passer un trajet de mer, sur une barque à douze scalnies. A l’égard des bancs où étoient assis ceux qui les faisoient mouvoir, les Grecs les appelloient ζυγὰ, & les Latins transtra.

Quasi transversim strata considunt transtris.

Virg. Æneid. liv. V.

Rame, Ramille, (Jardinage.) est une petite branche qui se ramasse dans l’exploitation des bois, après qu’on en a tiré le bois de corde, les coterets & les fagots ; elle n’est bonne qu’à faire des bourrées.

Rame, s. f. (Draperie.) machine ou instrument dont on se sert dans les manufactures de draperie pour allonger ou élargir les draps, ou seulement pour les unir & dresser quarrément.

Cette machine qui est haute d’environ quatre piés & demi, & qui a plus de longueur que la plus longue piece de drap, est composée de plusieurs petites solives ou morceaux de bois quarrés, placés de même que ceux qui forment les barrieres d’un manege ; en sorte néanmoins que les traverses d’en-bas puissent se hausser & se baisser, suivant qu’on le juge à propos, & être arrêtées solidement par le moyen de quelques chevilles. Il y a le long des traverses tant hautes que basses, des clous à crochet placés de distance en distance. Indiquons en peu de mots la maniere de mettre une piece de drap sur la rame.

La piece de drap étant encore toute mouillée, le chef en est attaché à l’un des bouts de la rame, puis on la tire, à force de bras, par le côté de la queue, pour la faire aller au point de longueur que l’on s’est proposé. La queue du drap étant bien arrêtée, on accroche la lisiere d’en-haut aux traverses d’en-bas, que l’on fait descendre par force jusqu’à ce que le drap soit à la largeur qu’on desire. Ayant été ainsi bien étendu & arrêté tant sur son long que sur son large, on brosse la piece à poil, & on la laisse sécher, ensuite on la leve dessus la rame, & tant qu’elle n’est point remouillée, elle conserve toujours la même largeur & longueur que cette machine lui a donnée. Dict. du Comm. (D. J.)