Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/780

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’indépendance, le zèle de la liberté, dans des ames qu’un long esclavage a avilies. La colere se rallume. L’esprit se rallume. Le discours se rallume. La querelle s’est rallumée. On pourra employer cette expression figurée dans toutes les occasions où la chose pourra se comparer au feu & à son action.

RALONGE, s. f. (Gram. & Arts méchaniq.) portion qu’on ajoute à un tout trop court, pour lui donner la juste longueur qui convient à l’usage qu’on en veut faire. Le morceau qu’on rapporte dans ce cas à une piece d’etoffe, de toile, &c. s’appelle ralonge.

RALONGÉE, adj. (Coupe des pierres.) se dit d’une ligne courbe à laquelle on donne plus de tension sur un diametre ou une corde, qu’elle n’en avoit sans changer sa hauteur : ainsi des voûtes surbaissés éliptiques pourroient passer pour des cercles ralongés.

RALONGEMENT, s. m. (Gram.) c’est la même chose que ralonge. Voyez Celure.

Ralongement d’arrestier, (Architect.) c’est une ligne diagonale depuis le poinçon d’une croupe jusqu’au pié de l’arrestier, qui porte sur l’encoignure de l’entablement ; on l’appelle aussi reculement ou trait rameneret. (D. J.)

RALONGER, v. act. (Gram.) c’est ajouter à la longueur ou ralonge des manches, un habit, des jupes, &c. On ralonge une corde, une piece de bois, une barre de fer. On ralonge le tems.

RAM ou BRAMA, s. m. (Hist. mod. Mythol.) c’est le nom que les idolâtres de l’Indostan donnent au principal des trois dieux du premier ordre, qui sont l’objet de leur culte ; les deux autres sont Vistnou & Ruddiren. Voyez ces articles. La religion primitive des Indiens n’admettoit qu’un seul dieu. Il paroît par le livre appellé vedam, qui contient leur loi & leur théologie, que l’Etre suprème créa Ram ou Brama ; malgré cela leur religion s’étant corrompue, & ayant dégéneré en idolâtrie, les bramines ou prêtres substituerent un grand nombre de divinités ridicules au seul dieu de l’univers, que les Indiens adoroient dans les tems les plus reculés. Telle fut la source de la fortune de Brama, de créature il devint dieu. Les differentes sectes des idolâtres de l’Indostan attribuent des origines ridicules à ce dieu. Quelques-uns croient qu’il fut créé le premier, & qu’il doit être préféré à Vistnou & à Ruddiren ; d’autres au contraire donnent la préférence à l’un de ces derniers. Quoi qu’il en soit de ces importantes querelles, on dit que le Tout-puissant après avoir créé Brama, lui donna le pouvoir de créer l’univers, & tous les êtres qui s’y trouvent ; en conséquence il créa les différens mondes & les hommes ; il se réposa sur des ministres ou dieux subalternes du soin des créations du détail, telles que les plantes, les herbes, &c. Les Malabares au contraire, prétendent que la faculté de créer lui fut donnée par Vistnou, quoique d’autres assurent que ce dernier n’a eu dans son département que le soin de veiller à la conservation des êtres créés par Ram ou Brama. Quant aux bramines ou prêtres, qui prétendent tirer leur origine de Brama, ils soutiennent sa primauté, & disent que le Tout-puissant lui donna le pouvoir de créer & de gouverner l’univers. Ils ajoutent que Dieu, semblable à un grand roi, dédaigne de se mêler des affaires de ce monde qu’il fait gouverner par des ministres. La fonction de Brama est, selon eux, de fixer la bonne ou la mauvaise fortune, le tems de la durée de la vie ; en un mot, tous les événemens qui arrivent dans les huit mondes. Pour le soulager on lui donne un grand nombre de subdélégués & un premier ministre qui préside sur eux. Suivant les fictions des Bramines, le dieu Brama fut créé avec cinq têtes ; mais il ne lui en reste plus que quatre, parce que Vistnou, suivant les uns, & Ruddiren ou Issuren, suivant les autres, lui coupa une de ces tê-

tes. Suivant les sectateurs de Brama, ce dieu réside

dans brama-logum, qui est le huitieme ciel, c’est-à-dire, le plus proche de celui où réside le Dieu suprème. Brama, selon eux, est sujet à la mort ; & quelques-uns prétendent même qu’il meure & revient à la vie tous les ans. On lui donne deux femmes : la premiere est Sarasvati, qui est sa propre fille ; la seconde s’appelle Quiatri. De la premiere il eut un fils nommé Dacha ; il en eut un autre, qui fut produit par le sang qui découla de sa tête coupée, on l’appelle Sagatrakavashen, il a 500 têtes & 1000 bras. Brama eut encore un autre fils appellé Kassiopa, qui fut le pere des bons & des mauvais anges. Quoique suivant le vedam, ou livre de la loi, Brama ait été créé le premier, il y a une secte de Banians qui lui refuse les honneurs divins, le second des triumvirs célestes. Voyez Vistnou.

RAMA, (Géog. mod.) ce mot signifie hauteur. De là vient qu’il y a tant de lieux dans la Palestine où se trouve le nom de Rama, Ramath, Ramatha, Ramot, Ramathaïam, Ramola, Ramatham. Quelquefois la ville s’appellera tout-à-la-fois Rama, Ramatha, Ramos &-Ramathaïm ; tous ces mots ne signifiant qu’une hauteur. Quelquefois Rama ou Ramoth est joint à un autre nom, pour déterminer l’endroit où est la hauteur, ou la ville dont on parle. Quelquefois enfin Ramah est mis simplement pour une hauteur, & ne signifie pas une ville, ni un village. Il y a plusieurs lieux du nom de Rama, dont il est parlé dans l’Ecriture-sainte. Le principal est une ville, ou plutôt un bourg de la Palestine, entre Jafa & Jérusalem, à trois lieues de la premiere & à huit de la derniere. Les Turcs y ont cinq mosquées, car tout ce bourg est presque mahométan ; il n’y a que quelques chrétiens maronites, quelques grecs & arméniens. Latit. 32. (D. J.)

Rama, (Géog. mod.) petite contrée de la Dalmatie, aux confins de la Bosnie, à l’occident de la riviere de Narenta, & des deux côtés de celle de Rama, qui donne apparemment le nom à la contrée.

RAMAC ou RAMAK, (Géog. mod.) île de l’Océan éthiopique, dont les habitans sont nommés par les Persans sermahi, c’est-à-dire, tête de poisson, peut-être parce qu’ils n’ont point d’autre nourriture que celle qu’ils tirent des poissons. Ces peuples sont apparemment ceux que les anciens ont appellés ichthyophages.

RAMADA, (Géog. anc.) ville de l’Amérique méridionale, dans le gouvernement de Sainte-Marthe, au nouveau royaume de Grenade, à 40 lieues au levant de Sainte-Marthe. Elle étoit appellée autrefois Salamanque. Latit. 11. 12.

RAMADANS ou RAMAZAN, s. m. (Religion des Turcs.) nom de la lune, pendant laquelle les Turcs font le carême avec un jeûne aussi patient qu’austere. Ni la condition des personnes, ni la longueur des jours, ni la chaleur, ni la fatigue du travail, ne les dispensent de cette abstinence. Dans la marche des troupes, où il semble que l’exercice de la guerre bannit celui des institutions religieuses : les soldats turcs qui fatiguent beaucoup en passant les deserts de l’Arabie pétrée, jeûnent avec autant de rigueur que les personnes les plus oisives : voici les détails que Tournefort donne du ramazan ou carême des Turcs ; car le nom du mois a passé à celui de leur carême.

Le carême, dit-il, a été établi pendant la lune de ramazan, parce que Mahomet publia que l’alcoran lui avoit été envoyé du ciel dans ce tems-là. Le jeûne qu’il ordonna est différent du nôtre, en ce qu’il est absolument défendu durant tout le cours de cette lune de manger, de boire, ni de mettre aucune chose dans la bouche, pas même de fumer, depuis que le soleil se leve, jusqu’à ce qu’il soit couché. En récompense, tant que la nuit dure, ils peuvent manger &