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pouces de longueur ; le bec ressemble à celui des poules d’eau ; la piece supérieure a une couleur blanchâtre, & l’inférieure est brune ; les jambes sont dégarnies de plumes jusqu’au-dessus de l’articulation du genou. On a donné à cet oiseau le nom de râle de genet, parce qu’il se plaît dans les lieux plantés de genets ; sa chair est très-délicate & a un goût excellent. Willughbi, Ornith. Voyez Oiseau.

Rale, (Diete.) on donne ce nom à deux genres d’oiseaux très-différens, dont l’un est appellé râle de genet, & l’autre râle d’eau. Ce dernier qui peut être regardé comme une espece de poule d’eau, a du moins évidemment les mêmes qualités que les oiseaux connus sous ce dernier nom. Voyez Poule d’eau.

Le premier ou le râle de genet, qui est aussi appellé roi de cailles, ne differe absolument en rien de la caille lorsqu’on le considere comme aliment, c’est-à-dire qu’étant gras, état dans lequel on le mange ordinairement, il a une chair fondante très-succulente, & d’un goût assez relevé, qui est pourtant un peu fastidieuse à cause de sa graisse qui manque de consistence, qui est même la plus fluide de toutes celles dont sont chargées les diverses chairs que les hommes mangent. Ainsi cet aliment peut être regardé comme ayant éminemment les qualités, les défauts, &c. des viandes grasses. Voyez Graisse, diete, & Viande, diete. (b)

Rale ou Ralement, (Médecin. séméiotique.) on appelle ainsi une espece de son qui se fait entendre dans le gosier de quelques malades, & qui imite assez bien, suivant la remarque d’Hippocrate, le bruit de l’eau bouillante ; il est un peu plus fort que le ronflement. Voyez ce mot. Son nom est sans doute tiré de la sensation qu’il excite dans l’oreille, & il en exprime assez bien la nature. Il semble en effet que les malades au rale prononcent ce mot à chaque expiration ; les Grecs l’appellent ῥέγχος, & les Latins stertor, d’où est venu le terme de respiration stertoreuse, synonyme à râlement. Cette espece de son paroît d’abord occasionnée par l’air qui étant exprimé par la trachée-artere, rencontre dans sa cavité ou dans la gorge des humeurs qui s’opposent à son passage, il les agite, les divise, se mêle avec elles en forme de bulles, & les fait, pour ainsi dire, bouillonner : telle est l’idée que présente naturellement la nature de ce bruit. Cette aitiologie si simple n’est point démentie par l’examen plus approfondi des malades dans lesquels on observe ce symptome ; on voit en effet qu’il est très-familier aux moribonds, à quelques apoplectiques, à ceux qui ont quelque maladie de poitrine ou de la gorge, & dans lesquels les crachats sont supprimes. Il est évident que dans tous ces cas il se ramasse beaucoup d’humeurs dans les poûmons & le gosier ; dans les uns elles sont fournies par la matiere des crachats ; dans les autres par les différens liquides qui abordent continuellement à ces parties, & qui par leur relâchement local, ou par la foiblesse générale de la nature, ne peuvent être ni resorbés ni employés à différens usages, ni enfin chassés par leurs conduits affaissés. Il y a lieu de présumer que dans cet état les cordes vocales abreuvées d’humeurs & dans une extrème atonie, ne contribuent pas peu à la gravité de ce son. Voyez Voix.

Il est facile de juger par-là que ce symptome doit être d’un très-mauvais augure dans toutes les maladies ; l’observation est ici d’accord avec le raisonnement, & elle est si généralement connue, qu’elle a donné lieu à cette façon de parler usitée même parmi le peuple : il est au râle, dit-on d’un malade, lorsqu’on veut signifier qu’il n’y a plus d’espoir, & que la mort est très-prochaine. Le râlement est regardé communément comme un signe d’agonie. Presque tous les malades dans lesquels Hippocrate l’a obser-

vé, sont morts, epidem. lib. VI. text. 9. 16. 20. 27. 47, &c. Cependant pour que ce signe soit plus décisivement

mortel, il faut qu’il soit joint aux autres signes fâcheux ; & ce n’est que sur l’ensemble des différens signes, qu’un médecin prudent établit son prognostic. Ainsi lorsque le râlement paroît au commencement d’une maladie, lorsque la nature est encore forte, & que la mort n’est annoncée par aucun autre accident, on peut espérer que le râlement se dissipera, & que l’issue de la maladie n’en sera pas moins heureuse. Il arrive alors que les humeurs qui l’occasionnoient étant bien cuites, sont enfin expectorées, & dégagent par-là les voies aëriennes ; c’est ce que Hippocrate a observé dans Pisistrate qui eut un râlement. Néanmoins sa maladie eut son cours à l’ordinaire sans autre signe mortel, sans délire, &c. les excrétions critiques se firent, la fievre fut calmée, le râlement se dissipa, & la santé se rétablit, epidem. lib. VII. text. 86. Ceux, dit le même auteur, qui jouissent d’une bonne santé, sont tout-à-coup attaqués d’une violente douleur de tête, avec aphonie & râlement, meurent en sept jours, à-moins que la fievre ne survienne, aphor. 51. lib. VI. On voit aussi dans ce dernier cas, que le râlement n’est pas toujours mortel, & en même tems de quelle utilité est la fievre que tant de médecins redoutent si fort, & qu’ils ne cessent mal à-propos de combattre comme un ennemi toujours pernicieux, & manifestement opposé au principe vital. (b)

RALENTIR, v. act. & passif, (Gram.) c’est rendre plus lent. Il se prend au simple & au figuré ; il commence à ralentir sa course ; la chaleur a ralenti ses vibrations ; voulez-vous connoître le vrai motif qui les anime, examinez les circonstances dans lesquelles ils ralentiront & redoubleront leurs efforts ; l’ardeur des passions se ralentit avec l’âge ; on en fait quelquefois honneur à la raison ; le ralentissement suit le déchet de la force impulsive.

RALINGUER, v. n. (Marine.) on sous-entend le verbe faire. C’est faire couper le vent par la ralingue, ensorte qu’il ne donne point dans les voiles. Voyez l’article suivant.

RALINGUES, (Marine.) ce sont des cordes cousues en ourlet tout au-tour de chaque voile, & de chaque branle, pour en renforcer les bords. On dit tenir en ralingue ou mettre en ralingue ; c’est tenir un vaisseau, ou le disposer de maniere, que le vent ne donne point dans les voiles. On dit encore, mets en ralingue, ou fais ralinguer ; c’est un commandement au timonier de faire ralinguer les voiles.

RALLIER, v. act. se dit dans l’art militaire de l’action de rassembler & de mettre en bataille des troupes dispersées ou mises en desordre. Après la perte d’une bataille, le premier soin du général doit être de rallier ses troupes pour faire sa retraite en bon ordre. Voyez Retraite. Lorsque des troupes ont pliées dans un combat, on les rallie aussi pour les faire charger de nouveau. Si dans une bataille la premiere ligne a été enfoncée & mise en déroute, la seconde doit s’avancer pour soutenir le combat, pendant qu’on fait ensorte de rallier les troupes de la premiere derriere la seconde ligne. Voyez Bataille & Ordre de bataille. (Q)

Rallier, (Marine.) on sous-entend le pronom Se, & on dit se rallier à quelque chose, c’est s’en approcher ; ainsi se rallier de terre, c’est s’approcher de terre.

Rallier un vaisseau au vent, c’est mener un vaisseau au vent.

RALLUMER, v. act. (Gram.) c’est allumer de rechef un feu qui s’est éteint. Il se dit au simple & au figuré. L’incendie qu’on croyoit éteint se ralluma pendant la nuit. Sa passion s’est rallumée. Il est difficile de rallumer l’amour de l’honneur, le sentiment