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ordinairement douze septiers faisant quatre-vingt-seize pintes, ou le tiers d’un muid de Paris. Il y a aussi des demi-quarts qui tiennent aussi à proportion des quartauts. Quelques-uns appellent quartaut ou quarto une sorte de petite futaille à vin, qui est la quatrieme partie d’un muid de Paris, mais c’est improprement qu’on lui donne ce nom, d’autant que ce vaisseau s’appelle ordinairement quart. Il est ainsi que les quartauts d’Orléans & de Champagne, un des vaisseaux réguliers marqués sur le bâton de jauge. Le quart de muid doit contenir neuf septiers ou soixante & douze pintes de Paris. Le muid étant composé de deux cens quatre-vingt-huit pintes ou trente-six septiers. Il y a quelques pays étrangers où l’on se sert de même qu’en France du mot de quartaut. En Allemagne les quatre quartauts sont le muid, & en Angleterre le muid contient trente-deux quartauts ; en Espagne les quatre quartauts font le sommer ; les huit sommers la robe, & les vingt-huit robes la pipe.

Quartaut ; c’est aussi la mesure de continence dont on se sert en Bretagne, particulierement à Nantes pour mesurer les sels. Cinquante-deux quartauts nantois sont le muid de sel à Nantes, & c’est sur ce pié-là qu’on en paie les droits du roi, conformément au chapitre six de la pancarte de la prevôté de cette ville. Diction. de commerce.

QUARTE, (Géog. & Astronom.) c’est la quatrieme partie de l’hémisphere divisée par le méridien. La quarte septentrionale orientale est celle qui est entre l’orient & le midi. (D. J.)

Quarte, fievre (Médecine.) espece de fievre intermittente, qui revient tous les quatre jours après deux jours d’intermission, & qui s’annonce par le frisson, auquel succede la chaleur. Dans cette fievre, la nature tâche de se délivrer elle-même de quelque matiere nuisible adhérente à quelques-uns des visceres hypocondriaques, & de prévenir en s’en délivrant le mal qui en pourroit résulter.

Ses symptômes. Elle surpasse ordinairement par son opiniâtreté, la fievre tierce : elle est souvent accompagnée de foiblesse, d’extensions involontaires des membres, de maux de tête, & de quelques douleurs contendantes dans le dos, dans les reins & dans les jambes. Les piés & les mains se refroidissent, le visage & les ongles palissent, le frisson & le froid surviennent ensuite, les levres tremblent ; il y a des anxiétés dans les parties voisines du cœur, & des inquiétudes dans le corps. Ces symptômes durent pour l’ordinaire deux ou trois heures. La chaleur qui renaît peu-à-peu n’est point brûlante. Le froid étant cessé, le battement des arteres devient plus réglé, plus grand & plus prompt. Il succede enfin au bout de quatre ou six heures une légere moiteur sur la peau, qui termine l’accès. Dès qu’il est passé, le malade se trouve en assez bon état pendant les deux jours d’intermission, excepté qu’il lui reste un certain sentiment douloureux dans les extrémités supérieures & inférieures. L’urine, qui pendant l’accès étoit tenue & aqueuse, devient épaisse, & dépose un sédiment. Le même accès que nous venons de décrire reparoît après deux jours d’intervalle à la même heure qu’auparavant, & pour l’ordinaire sans variété. S’il retarde, c’est tant mieux ; s’il anticipe de beaucoup, il est à craindre que la maladie ne tourne en fievre continue.

Ses variétés. La fievre quarte n’est pas toujours de même nature. Quelquefois elle est simple, & quelquefois double. Dans le premier cas elle est telle que nous l’avons décrite ci-dessus. On l’appelle double lorsque dans l’espace de quatre jours, il survient deux accès ; ensorte cependant qu’ils conservent chacun leur caractere, & commencent dans un tems particulier, qui répond toujours alternativement à celui du

précédent accès. Le troisieme jour demeure entierement libre, & c’est ce qui arrive très-souvent lorsqu’on traite mal la fievre quarte simple, ou qu’on commet quelque faute dans le régime.

On distingue encore la fievre quarte en vraie ou batarde. La premiere observe plus exactement qu’aucune autre fievre, le tems de son retour. Dans la seconde, au contraire, le tems du retour n’est point certain, & elle est accompagnée d’une plus grande chaleur, & d’un frisson plus violent.

Quelquefois les accès reviennent tous les quatre jours, & sont précédés d’extensions involontaires des membres & de frissonnemens ; mais ils n’ont point de terme fixe. La fievre ne cesse pas tout-à-fait ; quoique sa violence diminue, elle est seulement moins forte dans les jours intermédiaires que dans ceux où l’accès revient. La chaleur est encore plus grande que la naturelle, le pouls est plus agité, le malade n’a ni force ni appétit ; il a la bouche seche, la tête pesante, son sommeil est inquiet, son urine rougeâtre & épaisse, dépose un sédiment. Les Médecins appellent cette fievre, quarte continue ; nous en dirons encore un mot dans la suite.

Les fievres quartes varient encore suivant la différence des gens qu’elles attaquent ; dans ceux dont les hypocondres sont mal disposés, elles sont opiniâtres & fâcheuses ; c’est bien pis si le sujet est cacochyme. Elles dégénerent aisément en coutume dans ceux dont les forces sont épuisées par l’âge, la maladie & le mauvais régime. On s’en apperçoit par l’abattement qui suit l’accès, par la vîtesse du pouls, la chaleur lente, le défaut d’appétit, l’accablement, les inquiétudes, l’insomnie, le desordre de l’esprit, &c.

La fievre quarte est quelque fois épidémique, comme on l’a vû en 1606, 1652, 1684, 1719, 1726, &c. sur quoi l’on peut lire Sennert, Hoffman, & autres observateurs. De plus, cette maladie est même épidémique dans quelques pays, comme en Zélande, en Westphalie, en Poméranie, & autres contrées septentrionales ou marécageuses, dont l’air en autonne est imprégné d’exhalaisons putrides, & où les habitans usent d’alimens cruds & pesans.

Ses causes. La cause générale de la fievre quarte, est une matiere visqueuse, morbifique, logée dans les vaisseaux hypocondriaques, & communiquant par leurs moyens avec la veine-porte. Le foie, la rate & les glandes du mésentere sont d’ordinaire le siége de cette fievre, & les premieres voies très-rarement. Il est évident que ces visceres sont attaqués dans la fievre quarte par les hydropisies, les jaunisses, & autres maladies pareilles qui en sont quelquefois les suites.

La cause prochaine de la fievre quarte est une contraction spasmodique générale des parties nerveuses qui dérange le mouvement des solides & des fluides ; il en résulte un mouvement tardif du sang dans les visceres du bas-ventre qui servent à sa purification & à ses excrétions, sur-tout dans le foie & dans la rate.

Les causes occasionnelles sont assez fréquemment une fievre tierce ou quotidienne mal traitée, des obstructions ou des engorgemens dans les vaisseaux hypocondriaques. Cela paroît en ce que les personnes qui sont dans un âge déja avancé, d’un tempérament mélancholique, qui menent une vie trop sédentaire, chez lesquelles il se trouve la suppression des regles ou des hémorrhoïdes, qui usent d’alimens grossiers & mal-sains, qui font un très-grand usage de liqueurs spiritueuses, qui ont souffert un froid subit dans le bas-ventre, après avoir eu fort chaud auparavant ; toutes ces personnes, dis-je, sont plus sujettes à la fievre quarte que les autres, & l’éprouvent ordinairement en autonme.

Ses prognostics. Remarquons d’abord pour consoler ceux qui ont la fievre quarte, que quand elle est simple elle n’est pas dangereuse, & qu’elle ne produit la