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chera à établir quelque principe de constance en lui-même, en se proposant l’être immuable pour modele.

Ne prétez point votre ressemblance aux dieux. Ne leur attachez point de figures. Regardez-les comme des puissances diffuses, présentes à tout, & n’ayant d’autre limite que l’univers.

Honorez-les par des initiations & des lustrations, par la pureté de l’ame, du corps & des vêtemens.

Chantez des hymnes à leur gloire, cherchez leur volonté dans les divinations, les sorts & toutes sortes de présages que le hasard vous offrira.

Vous n’immolerez point d’animaux.

Posez sur leurs autels de l’encens, de la farine & du miel.

La piété envers les dieux & la religion sont dans le cœur.

Vous n’égalerez point dans votre hommage les héros aux dieux.

Purifiez-vous par les expiations, les lustrations, les aspersions & les abstinences prescrites par ceux qui président aux mysteres.

Le serment est une chose juste & sacrée. Il y a un Jupiter jurateur.

Soyez lent à faire le serment, soyez prompt à l’accomplir.

Ne brûlez point les corps des morts.

Après Dieu & les génies, que personne ne vous soit plus respectable sous le ciel que vos parens ; que votre obéissance soit de cœur & non d’apparence.

Soyez attaché aux lois & aux coutumes de votre pays. Ce n’est pas l’utilité publique que les innovateurs ont en vue.

Philosophie théorétique de Pythagore. La fin de la philosophie théorétique est de remonter aux causes, aux idées premieres, à la grande unité, & de ne rien admirer : l’admiration naît de l’imbécillité & de l’ignorance.

La philosophie théorétique s’occupe ou de Dieu ou de son ouvrage.

Théologie de Pythagore. Il est difficile d’entretenir le peuple de la divinité, il y a du danger, c’est un composé de préjugés & de superstitions ; ne profanons point les mysteres par un discours vulgaire.

Dieu est un esprit diffus dans toutes les parties de la matiere qu’il pénétre, auxquelles il est présent, c’est la vie de tous les animaux.

La nature des choses ou Dieu, c’est la même chose ; c’est la cause premiere du mouvement dans tout ce qui se meut par soi. C’est l’automatisme de tout.

Dieu, quant à son être corporel, ne se peut comparer qu’à la lumiere ; quant à son être immatériel, qu’à la vérité.

Il est le principe de tout ; il est impassible, invisible, incorruptible ; il n’y a que l’entendement qui le saisisse.

Au-dessous de Dieu, il y a des puissances subalternes divines, des génies & des héros.

Ces substances intelligibles subordonnées sont bonnes & méchantes, elles émanent du premier être, de la monade universelle ; c’est d’elle qu’elles tiennent leur immutabilité, leur simplicité.

L’air est habité de génies & de héros.

Ce sont eux qui versent sur nous les songes, les signes, la santé, les maladies, les biens & les maux ; on peut les appaiser.

La cause premiere réside principalement dans les orbes des cieux ; à mesure que les êtres s’en éloignent, ils perdent de leur perfection ; l’harmonie subsiste jusqu’à la lune ; au dessous de la région sublunaire, elle s’éteint & tout est abandonné au désordre.

Le mal est assis sur la terre, elle en est le réceptacle.

Ce qui est au-dessus de la terre est enchaîné par les lois immuables de l’ordre, & s’exécute selon la volonté, la prévoyance & la sagesse de Dieu.

Ce qui est au-dessous de la lune est un conflict de quatre causes ; Dieu, le destin, l’homme & la fortune.

L’homme est un abregé de l’univers, il a la raison par laquelle il tient à Dieu ; une puissance végétative, nutritive, réproductrice, par laquelle il tient aux animaux ; une substance inerte qui lui est commune avec la terre.

Il y a une divination, ou un art de connoître la volonté des dieux. Celui qui admet la divination, admet aussi l’existence des dieux ; celui qui la nie, nie aussi l’existence des dieux. La divination & l’existence des dieux sont à ses yeux deux folies.

Ce qui paroît résulte de ce qui n’est pas apparent.

Ce qui est composé n’est pas principe.

Le principe est le simple qui constitue le composé.

Il faut qu’il soit éternel. L’atome n’est donc pas le premier principe, car il ne suffit pas de dire qu’il est éternel ; il faut apporter la raison de son éternité.

Le nombre est avant tout, l’unité est avant tout nombre ; l’unité est donc le premier principe.

L’unité a tout produit par son extension.

C’est l’ordre qui regne dans l’universalité des choses, qui les a fait comprendre sous un même point de vue & qui a fait inventer le nom d’univers.

Dieu a produit le monde, non dans le tems, mais par la pensée.

Le monde est périssable, mais la providence divine le conservera.

Il a commencé par le feu & par un cinquieme élément.

La terre est cubique ; le feu, pyramidal ; l’air, octaëdre ; la sphere universelle, dodecaëdre.

Le monde est animé, intelligent, sphérique ; au delà du monde est le vuide dans lequel & par lequel le monde respire.

Le monde a sa droite & sa gauche ; sa droite ou son orient d’où le monde a commencé & se continue vers sa gauche ou son occident.

Le destin est la cause de l’ordre universel & de l’ordre de toutes ses parties.

L’harmonie du monde & celle de la musique ne different pas.

La cause premiere occupe la sphere suprème & la perfection, l’ordre & la constance des choses sont en raison inverse de leur distance à cette sphere.

L’air ambiant de la terre est immobile & mal-sain ; tout ce qu’il environne est périssable. L’air supérieur est pur & sain ; tout ce qu’il environne est immortel & divin.

Le soleil, la lune & les autres astres sont des dieux.

Qu’est-ce qu’un astre ? Un monde placé dans l’æther infini qui embrasse le tout.

Le soleil est sphérique, c’est l’interposition de la lune qui l’éclipse pour nous.

La lune est une terre habitée par des animaux plus beaux & plus parfaits, dix fois plus grands, exempts des excrétions naturelles.

La comete est un astre qui disparoît en s’éloignant de nous, mais qui a sa révolution fixée.

L’arc-en-ciel est une image du soleil.

Au-dessous des spheres célestes & de l’orbe de la lune est celui du feu ; au dessous du feu est la région de l’air ; au dessous de celui-ci celle de l’eau ; la plus basse est la terre.

La masse de tous les élémens est ronde, il n’y a que le feu qui soit conique.

Il y a génération & corruption, ou résolution d’un être en ses élémens.