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pline militaire, & variées selon l’exigeance des cas : on peut rapporter toutes celles qu’on connoît à deux genres, aux peines infâmantes, & aux peines corporelles. Les peines infâmantes étoient celles qui intéressoient l’honneur. Tantôt une parole de mépris suffisoit pour punir des troupes séditieuses ; ainsi César ayant appellé ses soldats mutinés quirites, comme qui diroit, messieurs, au lieu de milites ou commilitones, soldats ou camarades ; titre qu’il avoit coutume de leur donner, ils se crurent dégradés, & n’omirent rien pour rentrer en grace. Tantôt on les punissoit en les privant de la part qu’ils auroient eue au butin. Quelquefois on les plaçoit à l’écart, & on refusoit leur service contre l’ennemi. Dans d’autres occasions, on les faisoit travailler aux retranchemens en simple tunique & sans ceinturon. Lorsque tout un corps de troupes avoit donné quelque marque de lâcheté, on lui ôtoit le froment, on le reduisoit pendant un tems à vivre d’orge ; on les faisoit camper hors de l’enceinte du camp exposés aux ennemis, & quelquefois sans épée. Pour des fautes légeres, on se contentoit de faire prendre aux soldats leur nourriture debout.

Mais la cassation ou la dégradation des armes étoient les châtimens ordinaires des séditions ou des actions lâches, soit pour les officiers ou les soldats, soit pour des corps entiers de troupes, comme des légions qu’on renvoyoit après les avoir désarmées, & surtout leur avoir ôté la ceinture militaire, d’où pendoit l’épée, ce qu’on appelloit exauctoratio. On degradoit les chevaliers en leur ôtant le cheval & l’anneau ; & souvent on punissoit les soldats en ne leur comptant point le tems qu’ils avoient déja servi, & en les obligeant de recommencer tout de nouveau.

Les principales peines afflictives étoient les coups de bâton, ou de branche de sarment, que donnoient les centurions à tout soldat légionnaire qui s’écartoit des rangs ; & celle du fouet pour les alliés ou les barbares qui servoient en qualité d’auxiliaires. La bastonnade, appellée fustuarium, qui s’exécutoit ainsi. Le tribun prenant un bâton, ne faisoit qu’en toucher le criminel, & aussi-tôt tous les légionaires fondoient sur celui-ci à coups de bâton & de pierre, ensorte qu’il étoit souvent mis à mort : quiconque ne s’étoit point trouvé à son poste, ou l’avoit abandonné, ou s’y étoit laissé surprendre endormi dans les gardes de nuit, officier ou soldat étoit puni de la sorte, aussi-bien que ceux qui voloient dans le camp. Frontin rapporte, que du tems de Caton on coupoit la main droite aux soldats fripons, & qu’on se contentoit de tirer du sang aux principaux : cependant un tribun convaincu d’avoir volé ou détourné à son profit une partie du blé destiné aux soldats, étoit condamné à mort. Les déserteurs étoient battus de verges, & vendus comme esclaves. Les généraux mêmes n’étoient pas exempts de punition. On déposa du consulat Posthumius, après l’affaire des fourches Caudines, & il fut obligé de servir en qualité de lieutenant-général sous le dictateur dans la même armée, qu’il avoit si mal commandée en chef. Le consul Mancinus, pour un traité désavantageux fait avec les Numantins, leur fut renvoyé par le sénat piés & mains liés. Manlius fit décapiter son fils pour avoir combattu sans ordre du général. Enfin, la punition la plus sanglante étoit la décimation qui n’avoit guere lieu que dans le cas d’une rébellion de la part des troupes.

PUNITOIRE, intérêt (Jurisprudence.) Voyez Intérêt.

PUNTA-DEL-GUDA, (Géogr. mod.) ville capitale de l’île de Saint-Michel, une des Açores, avec un port & un château où les Portugais entretiennent une petite garnison. Long. 354. lat. 38.

PUNTAS DE MOSQUITO, (Comm. de dentelles.) espece de dentelles qui sont propres pour le commerce de l’Amérique espagnole. Les Hollandois qui font ce négoce, les envoient à Cadix par assortimens de vingt pieces, dont il doit y en avoir la moitié d’un même dessein, depuis trois jusqu’à huit ou dix doigts de large ; & l’autre moitié d’un autre dessein, avec les mêmes proportions.

PUNTZUMETI, (Hist. nat. Botan.) plante de la nouvelle Espagne. Sa tige n’a pas plus d’une coudée de haut, elle est ronde & unie ; ses feuilles ressemblent à celles de la vigne. Ses fleurs sont jaunes, & composées de petits filets déliés comme des cheveux ; elles donnent une semence noire. Ses racines ressemblent à celles de l’ellebore blanc ; elles ont une odeur de musc, & font d’un goût âcre. Mise en poudre & prise dans du vin ou dans quelque autre breuvage, cette racine passe pour appaiser les douleurs des reins & de la néphrétique, pour fortifier l’estomac, faciliter la digestion, exciter les mois ; enfin pour être un puissant antidote contre toutes sortes de venins. Ximénès appelle cette plante, l’asarum du Méchoacan.

PUPILLAIRE, adj. (Jurisprud.) se dit de ce qui appartient à un pupille, comme des deniers pupillaires. Voyez Deniers & Tuteur.

Substitution pupillaire. Voyez Substitution.

PUPILLARITÉ, s. f. (Jurisprud.) est l’état d’un pupille ; cet état dure depuis la naissance jusqu’à l’âge de puberté, qui est de quatorze ans pour les mâles & douze ans pour les filles. Voyez ci après Pupille.

PUPILLE, s. f. terme d’Anatomie, qui signifie la même chose que ce qu’on appelle communément prunelle, est une petite ouverture dans le milieu de l’uvée & de l’iris de l’œil, à-travers de laquelle les rayons de lumiere vont se briser dans le crystallin, & de-là se peindre sur la rétine & former ainsi la vision. Voyez Oeil & Vision.

Il est à remarquer que comme nous sommes obligés de pratiquer différentes ouvertures pour nos vers optiques, la nature a aussi observé la même précaution dans les yeux des animaux ; au moyen de quoi ils peuvent admettre autant & si peu de lumiere qu’il est nécessaire pour la vision, selon les différentes ouvertures de la pupille. Voyez Ouverture.

La structure de l’uvée & de l’iris est telle qu’elles peuvent contracter ou dilater la prunelle ; de sorte que s’accommodant aux objets de la vision, elle admette plus ou moins de rayons, selon que l’objet est plus éclairé & plus proche, ou plus obscur & plus éloignés ; car c’est une loi constante que plus l’objet est lumineux ou plus il est proche, plus la prunelle s’étrécit ; & vice versâ. Voyez Uvée & Rayon.

Ce changement dans la pupille est opéré par certaines fibres musculaires qui sont en-dehors de l’uvée ; savoir un plan de fibres orbiculaires autour de sa circonférence, & un plan de fibres rayonnées attachées par un bout au plan orbiculaire, & par l’autre bout au grand bord de l’uvée. Les fibres longitudinales servent à dilater l’ouverture de la paupiere ; les autres, c’est-à-dire les orbiculaires, servent à l’étrecir.

Quelques auteurs cependant attribuent les mouvemens de la pupille au ligament ciliaire ; d’autres pensent que ce ligament & les fibres de l’uvée y contribuent. Le sieur Derham ajoute que tandis que la prunelle s’ouvre ou se ferme, le ligament ciliaire, dilate ou comprime le crystallin, & l’approche ou l’éloigne de la rétine, selon que les objets sont plus ou moins éloignés. Voyez Ciliaire, &c.

La figure de la prunelle est variée merveilleusement dans les différens animaux, selon les différens usages qu’ils font de leurs yeux. Dans quelques-uns, dans l’homme par exemple, elle est ronde, forme très :