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tandis qu’il travailloit à son livre des enchantemens, un de ces sauveurs fut mordu par une vipere, & qu’il mourut ne pouvant se guérir lui-même.

A tant d’exemples anciens & modernes, si l’on ajoute l’autorité de Celse & celle de Démocrate, poëte & médecin antérieur à Celse même, on comprendra sans doute que les Psylles n’étoient que des imposteurs. Celse prétend qu’ils n’avoient aucune science ni vertu qui fût affectée à leur nation, & Démocrate soutient, comme en étant bien instruit, que malgré leur prétendu privilége, ils ne laissoient pas d’éprouver la dent des viperes ; c’étoient des sots, ils n’avoient qu’à l’arracher.

Tout ce que l’on peut conclure, en supposant la vérité du fait établi par ceux qui rapportent que les Psylles faisoient des guérisons, c’est qu’ils y parvenoient non par aucun art qui leur fut particulier, mais par le moyen de la suction ; & même les Grecs, selon le sentiment de Bochart, ne leur donnoient le nom de Psylles, que parce qu’ils suçoient le venin. On s’imaginera peut être qu’ils risquoient leur vie dans cette opération, mais on sera bien-tôt détrompé, si l’on fait réflexion que le venin des animaux n’est funeste qu’autant qu’il se communique à la masse du sang par quelque ulcere ou par leur morsure.

Mais après que les anciens ont eu transmis de siecle en siecle les prodiges opérés par les Psylles, les modernes n’ont osé les examiner, tant est puissant l’attrait du merveilleux. Que le faux se présente à lui revêtu de ce caractere, l’homme le saisit aussi-tôt, & ne l’abandonne jamais ; comment l’abandonneroit-il ? Il faudroit qu’il entrât dans quelque recherche, & l’amour du merveilleux en écarte jusqu’à l’idée : la discussion est triste & pénible ; la fable facile à recevoir, est plus agréable à l’imagination ; la Fontaine l’a dit fort joliment. (D. J.)

PSYLLIUM, (Botan.) des quatre especes de psyll um que compte Tournefort, nous décrirons le psyllium vivace, psyllium majus supinum, I. R. H. 128.

Sa racine est longue, ligneuse, dure & fibreuse ; elle pousse des tiges sarmenteuses, rameuses, rampantes, chargées de feuilles oblongues, étroites, pointues, velues, d’un verd blanchâtre, qui forment une touffe d’un aspect agréable sur le gazon.

Ses sommités portent de petites têtes ou épics courts, auxquels sont attachées de petites fleurs lanugineuses d’un jaune pâle ; chacune de ses fleurs est un tuyau évasé par le haut, & découpé en quatre parties, disposées en croix.

Lorsque cette fleur est passée, il paroît en sa place un fruit ou une capsule membraneuse à deux loges, qui renferme quelques semences menues, oblongues, noirâtres, lisses, douces au toucher, luisantes & ressemblantes à des puces, tant pour la figure, que pour la couleur : ce qui a fait donner à ce genre de plante, le nom d’herbe aux puces, & en anglois de même the flewort.

L’espece que nous venons de décrire, se trouve fréquemment aux environs de Montpellier, & dans les pays chauds, aux lieux incultes, sablonneux, & le long de la riviere. On la cultive dans les jardins ; elle fleurit en Juillet & Août ; on recueille sa semence en automne ; il faut la choisir récente, bien nourrie, & douce au toucher. Elle sert en médecine ; on en tire un mucilage avec l’eau de rose, de pourpier, de plantain, qu’on employe pour adoucir l’inflammation des yeux, les excoriations du palais, de la luette, & de toute autre partie ; c’est un mucilage rafraîchissant & adoucissant. (D. J.)

PSYRA, (Géog. anc.) 1°. nom d’une île de Grece, voisine de celle de Chio, dont elle étoit éloignée de 50 stades, selon Etienne le géographe, qui lui donne 40 stades de circuit. Cicéron ad Atticum, l’ap-

pelle Psyria ; & son nom moderne, selon Ortelius,

est Psara.

2°. Isle sur la côte de la Doride, dans le golfe Céramique, selon Pline, l. V. c. xxxj. Homere, Odyss. l. III. v. 171. en parle, & la nomme Psyria. (D. J.)

PSYTTALIA, (Géog. anc.) petite île du golfe Saronique, selon Etienne le géographe, qui la met près de celle de Salamine, dont elle étoit éloignée de cent vingt stades. Cette île étoit deserte & pleine de rochers ; quelques-uns l’avoient appellée le port de Pyrée. Elle étoit tellement située, que les vents y poussoient quelquefois les vaisseaux qui vouloient entrer dans le port d’Athènes ; ce qui les exposoit à se perdre. Il ne faut que lire Eschyle, pour se persuader combien cette île étoit dangereuse pour les vaisseaux qui cherchoient à entrer dans le port de Pirée. Voici la description qu’il en donne, Persis, vers. 447.

Insula quædam est è regione Salaminis
Parva, statio carinis malefida, quam chorus gaudens
Pan incolit, super littore maris.

M. Spon, page 399, dans sa liste de l’Attique, ajoute : je ne mets pas l’île de Psyttalée entre les peuples de l’Attique, parce que, selon le témoignage de Strabon, c’étoit une île deserte : supposé même qu’elle ait été habitée en certains tems, elle étoit plutôt de la dépendance de l’île de Salamine, dont elle est voisine, que du ressort de l’Attique.

P T

PTARMIQUE, s. f. Ptarmica, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur radiée : le disque de cette fleur est composé de plusieurs fleurons, & la couronne est formée par des demi-fleurons ; les fleurons & les demi-fleurons sont posés sur des embryons, & soutenus par un calice à plusieurs feuilles, disposées en écailles : les embryons deviennent dans la suite des semences minces. Ajoutez aux caracteres de ce genre que les feuilles sont ou dentelées ou divisées en grandes pieces, & qu’elles n’ont pas de découpures comme celles de la mille-feuille. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

M. de Tournefort compte treize especes de ce genre de plante ; la plus commune, ptarmica vu garis, folio longo, serrato, flore albo, I. R. H. 496. est haute d’une coudée, & quelquefois de deux & de trois coudées ; sa racine est plongée obliquement en terre ; elle est comme genouillée, garnie de grosses & longues fibres, d’une saveur âcre & brûlante. Sa tige est unique, cylindrique, lisse, fistuleuse, grêle, assez ferme ; ses feuilles sont alternes ou plutôt sans ordre, semblables pour la forme & la grandeur à celle de l’olivier, mais crenelées tout-autour de dents aiguës & rudes ; leur couleur est d’un verd brun, leur saveur est brûlante, cependant bien moins vive que celle de la pyrethre.

Le haut de la tige est un peu anguleux, velu, & partagé en plusieurs rameaux, qui portent en leurs sommets des fleurs disposées comme en parasol, blanches, radiées, deux ou trois fois plus grandes que celles de la mille feuille vulgaire, d’une odeur qui en approche, mais plus foible.

Le disque de ces fleurs est formé de plusieurs fleurons entassés, & partagés en cinq segmens pointus ; leur couronne est composée de demi-fleurons découpés en trois, portés sur des embryons, & contenus dans un calice écailleux, plus court que celui de la mille-feuille. Ces embryons se changent en de petites graines.

Cette plante vient naturellement dans les prairies, & les marais, elle fleurit au mois de Juillet. Ses feuilles, & sur-tout sa racine ne sont d’usage étant séches, que pour exciter l’éternuement ; c’est de-là que lui vient le nom d’herbe à éternuer. (D. J.)