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y a encore beaucoup à faire, mais la considération de ce qui manque doit exciter à remplir ces vuides, & l’importance de l’objet offre de quoi dédommager amplement des difficultés.

PROBABLE, adj. (Gram.) ce qui peut se prouver, voyez Preuve, ce qui a de la vraissemblance, de la probabilité. Voyez l’article précédent.

PROBALINTHUS, (Géog. anc.) lieu de l’Attique, selon Pline, liv. IV. c. vij. & Strabon, l. VIII. pag. 383. & l. IX. p. 389. Etienne le géographe en fait un municipe de la tribu Pandionide ; c’étoit selon M. Spon, une ville maritime de cette même tribu, du côté de Marathon, & une des quatre plus anciennes villes de l’Attique ; ce qui étoit de ce lieu, ajoute-t-il, se nommoit aussi-bien probalisios que probalinthios, quoi que veuille prononcer là-dessus le savant Meursius, car les marbres nous en font foi.

Hors d’Athènes, dans une chapelle de S. George, proche du monastere Asomato, on voit l’inscription suivante : Ἑρμοκλῆς Ἑρμογένους Προϐαλίσιος, & à Salamine dans l’église Panagia d’Ampelaki, on lit celle-ci : Θεόφιλος Φιλιστίδου Προϐαλίσιος Διόκλεια Ἀρχιϐίου Σκαμϐωνίδου θυγάτηρ Φιλιστίδης Θεοφίλου Προϐαλίσιος ; c’est-à-dire Théophile, fils de Philistides de Probalinthus ; Diocleia, fille d’Archebius de Scambonide ; Philistides, fils de Théophile de Probalinthus. (D. J.)

PROBANTE, adj. (Jurisprud.) se dit d’une piece qui prouve quelque chose : on dit d’une obligation qu’elle est en forme probante & authentique, quand elle est sur papier ou parchemin timbré & signé des notaires. Voyez Forme. (A)

PROBAR-MISSOUR, (Mythol.) c’est le nom d’une divinité adorée par les habitans de Camboya, dans les Indes orientales, qui le regardent comme le créateur du ciel & de la terre ; cependant ils croient que ce dieu a reçu la faculté de créer d’un autre dieu appellé Pra-lokussar, qui en avoit reçu la permission d’un troisieme dieu, nommé Pra-Issur.

PROBATIA, (Géog. anc.) riviere de Béotie. Elle venoit de Lébadia, selon Théophraste, Hist. des plant. liv. IV. qui ajoute qu’on y cueilloit les meilleurs roseaux. (D. J.)

PROBATION, s. f. (Jurisprud.) est l’épreuve que l’on fait des dispositions de ceux qui postulent pour être admis dans quelque ordre religieux.

Le tems de probation est le tems du noviciat. Voyez Couvent, Monastere, Novice, Profession, Religieux, Religieuses, Vœux. (A)

PROBATIONNER, (Hist. ecclés.) dans la discipline des Presbytériens, est une personne à qui le presbytériat a accordé la permission de prêcher ; ce qui se fait ordinairement un an avant l’ordination. Voyez Presbytériat.

Une personne qui étudie en théologie n’est admise à la qualité de probationner qu’après avoir passé par plusieurs épreuves : la premiere est secrette & se fait par-devant un presbytérien ; la seconde est publique & se fait dans une assemblée en présence d’un presbytérien.

Les épreuves particulieres sont une homelie & l’exposition ; c’est-à-dire on donne au presbytérien une thèse sur un sujet de théologie, & le candidat répond à toutes les objections qu’on lui propose contre ce sujet.

Les épreuves publiques sont un sermon à la portée du peuple, & un exercice & addition ; c’est-à-dire on traite un texte pendant une demi-heure suivant les regles de la logique & de la critique, & pendant une autre demi-heure d’une maniere pratique.

Si le candidat sort de cette épreuve à la satisfaction du presbytérien, il signe sa confession de foi, reconnoit le gouvernement presbytérien, &c. ensuite on lui donne permission de prêcher.

PROBATIQUE, adj. (Gram.) il se dit de la piscine près de laquelle Jesus-Christ fit la guérison du paralytique.

PROBITÉ, s. f. (Morale.) la probité est un attachement à toutes les vertus civiles. Il en coûte plus qu’on ne pense pour s’acquitter envers les hommes de tout ce qu’on leur doit ; les passions en murmurent, l’humeur s’y oppose, la nature y répugne, l’amour-propre s’en alarme ; à regarder tous les devoirs de la société civile sans une espece de frayeur, c’est marquer qu’on ne s’est jamais mis en peine de les observer comme il faut ; ce n’est que sous les auspices de la religion que les droits les plus sacrés de la société peuvent être en assurance & qu’ils sont respectés. Un homme qui a secoué le joug de la religion, ne trouve nulle part de motif assez puissant pour le rendre fidele aux devoirs de la probité. Qu’est-ce qui lui tiendra lieu de religion ? L’intérêt, sans doute, car c’est le grand mobile de la conduite des gens du monde ; peut-être un intérêt d’honneur, mais toujours un intérêt humain, qui n’a ni Dieu pour objet, ni l’autre vie pour fin. On a beau vanter sa probité, si elle n’est pour-ainsi-dire étayée de la religion, les droits de la société courent alors un grand risque. Je conviens que mon intérêt peut me réduire à garder certains dehors qui en imposent, parce qu’en ne les gardant pas je risquerois bien plus qu’il ne m’en coûteroit à les garder ; probité par conséquent toute défectueuse & peu durable, que celle à qui la religion ne prête pas son appui. Car si c’est précisément l’intérêt qui me conduit, que risquerai-je en mille rencontres, si j’ai l’autorité, à brusquer l’un, à tromper l’autre, à supplanter celui-ci, à décrier celui-là, à détruire en un mot tout ce qui me nuit, tout ce qui me choque ? que gagnerai-je à me contraindre pour des gens que je crains peu, de qui je n’attends rien ? que me reviendra-t-il de mille sacrifices inconnus, dont les hommes mêmes ne sont pas les témoins : cependant pour quelques occasions éclatantes, où j’autorise la probité que j’attends par celle que j’exerce ; combien d’autres occasions aussi importantes, où j’ai à souffrir devant les hommes par la violence que je me fais ? Combien d’autres occasions où intérêt pour intérêt, celui d’écouter ma passion est pour moi au-dessus de celui d’écouter ma raison. Le plaisir de satisfaire une passion qui nous tyrannise avec force & avec vivacité, & qui a l’amour-propre dans ses intérêts, est communément ce que nous regardons comme le plus capable de contribuer à notre satisfaction & à notre bonheur. Les passions étant très-souvent opposées à la vertu & incompatibles avec elle, il faut, pour contrebalancer leur effet, mettre un nouveau poids dans la balance de la vertu, & ce poids ne peut être mis que par la religion. J’ai un droit bien fondé, que les hommes me rendent ce qu’ils me doivent ; & pour les y engager, il faut aussi que je leur rende tout ce que je leur dois. Voilà le grand principe de la morale, de ces hommes qui prétendent que la religion n’a aucune influence sur les mœurs ; mais parce que j’ai un autre intérêt présent bien plus fort, qui est une passion furieuse de m’enrichir, de me satisfaire, de m’aggrandir, ce sera là, au risque de tout ce qui pourra arriver, le mobile de ma conduite. Toutes les voies honorables, régulieres, honnêtes, qui ne m’éloigneront point de mon but, seront de mon goût, je les respecterai, j’aurai soin de faire sonner bien haut ma probité, ma sincérité, ma sagesse ; & toutes les sourdes intrigues qui m’en abrégeront le chemin, seront mises en usage ; n’est-ce pas ainsi que raisonne, que pense, que se conduit tout homme passionné, qui n’est pas retenu par le frein de la religion ? Combien d’autres occasions où tous les intérêts de l’homme, dans le système de l’incrédulité, conspirent à tenter un cœur par