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trémité terminée en gouttiere qu’on appelle le beron, verse la liqueur à-travers un panier qui y est suspendu dans le barlong E, destiné à la recevoir, où on la puise avec des seaux pour l’entonner dans des futailles.

Au-dessus de l’émoy est attaché à la face inférieure du mouton un plancher H composé de plusieurs solives de 6 pouces de gros, sur 6 à 7 piés de long : on appelle ce plancher le hec. Les solives sont doublées en-dessous par des planches de 2 pouces d’épaisseur qui y sont clouées à demeure, ensorte que le hec baisse quand on fait baisser le mouton pour comprimer le marc F placé au-dessous, & sur l’émoy du pressoir, où il est disposé par couches de trois à quatre pouces d’épaisseur, séparées par des brins de longue paille ou des toiles de crin, comme en Angleterre. Le marc ainsi disposé, a la forme d’une pyramide quarrée, tronquée, de 4 ou 5 piés de haut, sur 5 ou 6 de base.

Vers les extrémités les plus menues du mouton & de la brebis, est placée une vis verticale Bg, dont la partie inférieure après être entrée dans un trou pratiqué dans la brebis, y est fixée par deux clés e f, fig. 6, qui saisissent le collet cd, ensorte que la vis a seulement la liberté de tourner sans pouvoir sortir. On voit dans la même figure au milieu de la partie quarrée, les entailles ab destinées à recevoir les rais de la roue à chevilles B, au moyen de laquelle on manœuvre la vis.

La vis, qui est de bois de cormier ou alizier, entre dans l’écrou g, de bois d’orme ; toutes les autres pieces sont de bois de chêne. L’écrou qui est arrondi en dos d’âne par sa partie inférieure, repose sur le mouton, comme on voit fig. 1. 2. & 3. Le mouton est ou percé d’une mortaise ovale, ou terminé en fourchette, si on a pour le faire trouvé un arbre dont deux branches eussent la disposition convenable, mais dans l’un ou dans l’autre cas, il faut toujours que la face inférieure de l’écrou soit arrondie, pour qu’il puisse se prêter aux différentes inclinaisons du mouton, ce qui empêche la vis de rompre.

Manœuvre de ce pressoir. Après que le marc est établi sur l’émoi, tout étant dans l’état que représente la fig. premiere dans la vignette, on fera, au moyen de la roue B, tourner la vis du sens convenable pour élever l’extrémité D du mouton, ce qui fera baisser l’autre extrémité C, à laquelle le hec est suspendu, jusqu’à ce qu’il appuie sur le marc F. On continuera de tourner la vis du même sens, jusqu’à ce que son écrou g, qui doit être lié à l’extrémité D du mouton avec quelques cordages, l’ait élevé assez haut pour qu’il cesse de porter sur les clés X qui traversent les jumelles 8. 9. On ôtera ces clés, dont on voit l’élévation & le profil dans la fig. 7, & on les placera dans les mortaises 6. 7. des jumelles antérieures ; & au-dessus du mouton on en placera autant qu’on pourra en faire tenir. Alors on fera tourner la vis dans les sens opposé, & l’écrou descendant fera descendre l’extrémité D du mouton, ce qui comprimera fortement le marc compris entre le hec & l’émoi du pressoir. On relevera ensuite le mouton pour pouvoir placer quelques nouvelles clés sur son gros bout ; on le fera ensuite baisser pour faire une nouvelle serre, ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on ait entierement exprimé le jus que le marc contient. On relevera alors l’extrémité D du mouton, on déplacera les clés qui reposent sur son gros bout, que l’on replacera dans les mortaises des jumelles 8. 9 ; faisant de nouveau baisser l’extrémité D, le hec s’éloignera du marc F, que l’on ôtera de dessus l’émoi du pressoir.

Chacune des deux grandes pieces de bois, la brebis & le mouton, font la fonction de leviers du second genre ; mais pour calculer la force de cette machine, il suffit de considérer seulement le mouton

comme un levier du second genre, & connoitre sa longueur, que j’appelle a, mesurée depuis le centre de la vis jusqu’à l’endroit où s’appliquent les clés qui lui servent de point d’appui ; 2°. la distance de ce même point d’appui au centre du hec, que j’appelle b ; la circonférence de la roue B que j’appelle c ; la distance d’un filet de la vis au filet le plus prochain, que je nomme d, & le rapport de la compression des hommes sur les chevilles de la roue B à la compression de l’hec sur le marc, sera égal à celui de bd à ac.

Pressoir, (Vinaigrier.) machine propre à exprimer les liqueurs. Les Vinaigriers se servent d’une presse ou pressoir pour pressurer les lies de vin, & en tirer un reste de liqueur qu’ils versent sur les rapés dont ils composent leur vinaigre ; ou qu’ils font distiller pour en faire de l’eau-de-vie. Voyez Presse.

Par l’article 37 des statuts des maîtres Vinaigriers, il est défendu aux Cabaretiers & Marchands de vin d’avoir dans leurs caves ou celliers des pressoirs à faire du vinaigre.

PRESSURAGE, s. m. (Gramm.) c’est l’action de pressurer. Je fais le pressurage de ma vendange. C’est la liqueur obtenue sous le pressoir. Le vin de pressurage n’est pas le plus estimé. C’est le droit qu’on paie au seigneur pour la bannalité du pressoir.

PRESSURER, v. act. (Gramm.) c’est exprimer la liqueur ou le suc d’une substance quelle qu’elle soit, par le moyen du pressoir.

PRESTANT, s. m. (Jeu d’orgue.) Ce jeu est un de ceux qu’on appelle des mutations ; il sonne l’octave au-dessus du huit piés & du clavecin, & la double octave au-dessus du bourdon de seize piés, de l’unisson, du quatre piés. Voyez la table du rapport & de l’étendue des jeux de l’orgue, & la fig. 34. Planche d’orgue, qui représente un tuyau du prestant. Ce jeu est d’étain & ouvert ; son plus grand tuyau qui sonne l’ut, a quatre piés de longueur. C’est sur le prestant que se fait la partition, voyez Partition ; & c’est sur lui qu’on accorde tous les autres jeux. Voyez Accord.

Prestation, (Jurisprud.) signifie l’action de fournir quelque chose, on entend aussi quelquefois par ce terme la chose même que l’on fournit ; par exemple, on appelle prestation annuelle, une redevance payable tous les ans, soit en argent, grains, volailles & autres denrées, même en voitures & autres devoirs. Voyez Cens, Redevance, Rente

PRESTE-JEAN, & par corruption PRÊTRE-JEAN, (Hist. mod.) on appelle ainsi l’empereur des Abissins, parce qu’autrefois les princes de ce pays étoient effectivement prêtres, & que le mot jean en leur langue veut dire roi.

Ce sont les François qui les premiers les ont fait connoître en Europe sous ce nom, à cause qu’ils ont les premiers trafiqué avec leurs sujets. Son empire étoit autrefois de grande étendue, maintenant il est limité à six royaumes, chacun de la grandeur du Portugal.

Ce nom de prêtre-jean est tout-à-fait inconnu en Ethiopie, & il vient de ce que ceux d’une province où ce prince réside souvent, quand ils veulent lui demander quelque chose, crient jean coi, c’est à-dire mon roi. Son véritable titre est celui de grand-negus.

Il y a un prêtre jean d’Asie, dont parle Marc Paolo, vénitien, en ses voyages. Il commande dans la province de Cangingue, entre la Chine & les royaumes de Sifan & de Thibet ; c’est un royaume dont les Chinois font grand cas, pour être bien policé, & rempli de belles villes bien fortifiées, quoiqu’ils méprisent fort tous les royaumes étrangers.

Quelques-uns ont dit qu’il étoit ainsi nommé d’un prêtre Nestorien, dont parle Albericus, & qui monta sur le trône vers l’an 1145. D’autres disent, que c’est