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produite & conservée avec un soin extrème dans des vaisseaux nouvellement construits pour s’ouvrir, & la décharger lorsqu’elle est parvenue à sa maturité ; 2°. qu’il y a un pistil, un vaisseau séminal ou utérus dans le centre de la fleur propre à recevoir les petits grains de cette poussiere à mesure qu’ils tombent d’eux-mêmes, ou qu’ils sont tirés de leurs cellules ; 3°. l’expérience fondée sur quantité d’observations prouve que de-là dépend la fertilité de la semence ; car si l’on coupe les vaisseaux farineux ou étamines avant qu’ils soient ouverts & qu’ils aient épanché leur poussiere, la semence devient stérile & incapable de rien produire.

Cette poussiere farineuse doit donc être regardée comme la semence mâle des plantes, & chaque petit grain de semence contient peut-être une petite plante de l’espece de celle où il se trouve. On ne sauroit observer sans surprise les précautions que la nature prend pour empêcher que cette poussiere ne se dissipe inutilement, & pour l’aider à entrer dans le pistil, vaisseau séminal ou utérus qu’elle lui a préparé. La tulipe, par exemple, qui est toujours droite, a son pistil plus court que les étamines afin que la poussiere puisse y tomber directement ; mais dans le martagon qui panche en-bas, le pistil est plus long que ses vaisseaux, & il est enflé à son extrémité pour saisir la poussiere qui pend sur lui à mesure qu’elle s’épanche.

C’est un plaisir d’examiner la variété des poussieres d’especes différentes de végétaux. Dans celles de la mauve, chaque petit grain paroît être une balle opaque avec des pointes qui en sortent de tous côtés. La poussiere du tournesol paroît composée de petits corps plats & circulaires, affilés tout-au-tour des côtés, transparens au milieu, & ayant quelque ressemblance avec la fleur qui les produit. La poussiere de la tulipe ressemble à la semence des concombres & des melons. La poussiere du pavot paroît comme de l’orge, avec un sillon semblable qui s’étend d’un bout à l’autre ; celle du lis approche de celle de la tulipe.

Je ne veux point prévenir le plaisir des curieux, ou les arrêter par la description d’un plus grand nombre de ces poussieres que chaque fleur les met à portée d’examiner par eux-mêmes ; je leur conseillerai seulement de ne pas négliger les vaisseaux qui contiennent cette poussiere, car ils y trouveront des beautés qui les dédommageront de leurs peines.

Ramassez la poussiere farineuse au milieu d’un jour sec & serein, lorsque toute la rosée est dissipée ; ayez soin de ne pas l’écraser ou trop presser ; mais secouez la doucement avec un petit pinceau de poil fort doux, sur un morceau de papier blanc bien net. Prenez ensuite un simple talc avec vos pincettes ; & ayant soufflé dessus, vous l’appliquerez immédiatement après à la poussiere ; l’humidité de votre bouche l’attachera au talc. S’il vous paroît qu’il s’y soit attaché une trop grande quantité de poussiere, ôtez-en ; s’il n’y en a pas assez, soufflez de nouveau sur votre talc, & touchez-en la poussiere comme auparavant ; placez-le dans le trou d’un glissoir, & appliquez-le au microscope pour voir si les petits grains sont placés à votre fantaisie : & lorsque vous les trouverez bien, vous les couvrirez doucement d’un autre talc que vous arrêterez avec l’anneau de cuivre ; mais prenez garde que vos talcs ne pressent pas trop la farine, car vous détruiriez sa véritable figure, & vous en verriez les grains tout autres qu’ils ne sont.

Une collection des poussieres les plus remarquables ainsi conservées, servira d’amusement à ceux qui veulent étudier la nature ; c’est à eux que je recommande d’examiner avec soin les petites cellules qui contiennent cette poussiere, les pistils & autres parties de la génération des fleurs. Ils peuvent commencer par la scrophulaire à fleur blanche, ou par la mauve

commune. Comme toutes les autres fleurs ont des organes pour la même destination, quoique d’une figure & construction différente, on aura de quoi s’occuper.

Je n’ajoute qu’une observation, c’est que les petits grains qui composent la poussiere farineuse des étamines, ne sont pas gros ou petits à proportion de la grandeur des plantes qui les produisent ; mais ils ont souvent des proportions directement contraires, comme nous le voyons dans la poussiere de la petite mauve rampante, dont les globules sont plus gros que ceux du tournesol gigantesque. (D. J.)

Poussiere, (Critique sacrée.) ce mot dans l’Ecriture est pris figurément & proverbialement. Il désigne l’homme, la multitude, le tombeau. Je vais bien-tôt mourir, dit Job, nunc in pulverem dormiam. Qui pourra compter la multitude des enfans de Jacob, pulverem Jacob ? Nomb. xxiij. 10.

La poussiere des piés de Dieu, dans Nahum, j. 3. signifie la quantité de troupes qui devoient attaquer les Assyriens ; leur multitude feroit des nuages de poussiere qui s’éleveroient jusqu’au ciel.

Le Sauveur dit à ses disciples, secouez la poussiere de vos piés en sortant de la ville ou de la maison de ceux qui ne voudront ni vous écouter, ni vous recevoir, Matt. x. 4. & Marc, vj. 11. c’étoit une expression proverbiale qui signifioit de n’avoir plus de commerce avec de telles gens, parce qu’il n’y a rien de bon à gagner avec les méchans.

Jetter de la poussiere en l’air, étoit chez les Juifs un signal de colere & d’emportement. On lit dans les Act. xxij. 23. que quelques-uns d’eux furieux contre S. Paul, se mirent à crier, à secouer leurs habits & à jetter de la poussiere en l’air, pour indiquer qu’il falloit le mettre en pieces.

Jetter de la poussiere sur sa tête, étoit une marque de deuil & d’affliction, comme celle de se rouler dans la poussiere. (D. J.)

POUSSIF, adj. (Maréchal.) on appelle ainsi un cheval qui a la pousse. Voyez Pousse.

Poussif outré est celui qui a ce mal excessivement fort.

POUSSIN, s. m. (Econ. rustiq.) petit de la poule. On a donné le nom de poussiniere à la cage sous laquelle on enferme les poussins.

POUSSINIERE, s. f. (Econ. rust.) cage à enfermer les poulets nouvellement éclos. On dit l’étoile poussiniere, c’est la constellation des pléïades.

POUSSOIR, s. m. (terme d’Horlogerie.) c’est le pendant d’une montre à répétition. Il est composé d’un cylindre d’or ou d’argent, CC, voyez nos Pl. de l’Horlogerie, au bout duquel est un petit bouton B, plus large, qu’on pousse pour faire sonner la montre ; d’un petit anneau aaa, ajusté au bouton par le moyen d’une vis ou d’une goupille, & d’une piece d’acier Eff, qui agit sur la cremaillere, & la fait avancer lorsqu’on pousse la montre. Elle est ajustée de la maniere suivante. Une partie EE de cette piece, formée comme une tige, entre à force dans un trou percé dans le cylindre dont nous venons de parler, & y est fixée au moyen de deux goupilles d’acier. L’autre FF, est une espece de demi-cylindre dont le rayon est égal à celui du cylindre d’or ou d’argent, contre lequel il s’applique. Au bout de ce demi-cylindre est une petite éminence m reservée, afin que le poussoir ne puisse point sortir du canon de la boîte dans lequel il est entré. La plaque du poussoir, voyez Plaque, l’empêche de tourner & de sortir du canon ci-dessus, en partageant le trou de ce canon, & formant à son extrémité un demi-cercle, au-travers duquel le demi-cylindre ne peut se mouvoir qu’avec un jeu convenable.

Poussoir, en terme de Piqueur en tabatiere, se dit d’un outil de fer étroit & creux, monté sur une poi-