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bœufs qui sont morts naturellement. On les accuse aussi de voler les tombeaux des Malabares, où l’on est dans l’usage d’enterrer une partie de leurs richesses.

POULICHE, ou POULINE, cavale nouvellement née. Il se dit des cavales jusqu’à trois ans.

POULICHIS, ou PULCHIS, s. m. (Hist. mod.) c’est une classe d’hommes qui chez les Malabares est regardée comme indigne de participer aux avantages de l’humanité. Il ne leur est point permis de bâtir des maisons sur la terre ni dans les champs, les forêts sont leur unique habitation, & ils forment sur les branches des arbres des especes de niches dans lesquelles ils demeurent comme des oiseaux. Lorsqu’ils rencontrent quelqu’un, ils se mettent à hurler comme des chiens, & ils se sauvent de peur d’offenser ceux d’une tribu supérieure, & sur-tout les naïres ou soldats, qui ne manqueroient pas de les tuer pour oser respirer le même air qu’eux. Les poulichis n’ont point le droit de labourer, de semer ou de planter ailleurs que dans des endroits écartés & sauvages. Ils sont obligés de voler pendant la nuit de quoi ensemencer leurs terres, & on les tue sans miséricorde lorsqu’on les attrape sur le fait. Lorsqu’ils ont besoin de nourriture, ils se mettent à heurler comme des bêtes féroces aux environs de leur bois, jusqu’à ce que quelques indiens charitables viennent leur donner un peu de riz, de cocos ou des fruits, qu’ils placent à vingt pas du malheureux qu’ils veulent secourir ; il attend qu’ils soient partis pour s’en saisir, & il se sauve ensuite dans les bois. Ces hommes infortunés n’ont d’autre culte que celui qui leur vient en fantaisie ; un arbre ou quelques branches arrangées leur servent de temple, ils adorent pendant la journée un serpent, un chien, ou le premier animal qui se présente à eux le matin. Cependant on dit qu’ils n’admettent qu’un Dieu suprème, & ils croient la métempsycose ou la transmigration des ames.

POULIE, s. f. (Méch.) est une des cinq principales machines dont on traite dans la Statique. Elle consiste en une petite roue, qui est creusée dans sa circonférence, & qui tourne autour d’un clou ou axe placé à son centre ; on s’en sert pour élever des poids par le moyen d’une corde, qu’on place & qu’on fait glisser dans la rainure de la circonférence. Voyez Puissances, Méchaniques, Machine, Levier, Forces mouvantes &c. les latins l’appellent trocles.

L’axe sur lequel la poulie tourne, se nomme goujon ou boulon ; & la piece fixe de bois ou de fer dans lequel on le met, l’écharpe ou la chape.

Théorie de la poulie O. Si une puissance P, Planche méchan. fig. 49. soutient un poids 2 par le moyen d’une poulie simple AB, de maniere que la direction du poids & celle de la puissance soient tangentes de la circonférence de la poulie, le poids sera égal à la puissance. Donc lorsque la direction de la puissance & du poids sont tangentes de la circonférence, la poulie simple n’aide point la puissance & ne lui nuit pas non plus, mais seulement en change la direction.

Par conséquent l’usage de la poulie est principalement de changer une direction verticale en horizontale, ou une direction qui devroit être de bas en haut, en une direction de haut en bas ; & réciproquement.

C’est aussi principalement par-là, qu’elle est avantageuse. En effet, supposons que plusieurs hommes veuillent élever à une grande hauteur un des gros poids EFG, fig. 49. n. 2. par le moyen d’une corde AB, en tirant cette corde de haut en bas. Si la corde vient à se rompre, la tête des ouvriers qui se trouveront dessous, sera dans un très-grand danger. Mais si par le moyen de la poulie B, la direction verticale AB est changée en horisontale, il n’y a plus

rien à craindre de la rupture de la corde. La poulie B est appellée dans ce cas poulie de renvoi, parce qu’elle sert à faire agir la puissance dans un sens différent de celui du poids.

Le changement de direction occasionné par la poulie, a encore cet autre avantage, que si une puissance a plus de force dans une direction que dans un autre, elle peut agir par le moyen de la poulie dans la direction favorable.

Par exemple, un cheval ne peut tirer verticalement, mais tire avec beaucoup de force dans le sens horisontal. Ainsi, en changeant la direction verticale en horisontale, on peut faire élever un poids à un cheval par le moyen d’une poulie.

De même on se sert avec avantage de la poulie pour élever différens poids, par exemple, des seaux remplis d’eau, car quoique la force qu’on emploie pour elever le poids, ne soit qu’égale au poids, cependant elle est appliquée d’une maniere très-avantageuse, parce que la pesanteur du corps de la personne qui tire, aide & favorise le mouvement des bras.

Lorsque les deux puissances P & 2 agissent suivant des directions paralleles, c’est-à-dire, lorsque la corde embrasse la moitié de la circonférence de la poulie, alors l’appui C est chargé par une force égale à la somme des deux puissances. Il n’en est pas de même lorsque les puissances P & 2 ne sont point paralleles, car alors la charge de l’appui C est moindre que la somme de ces puissances ; mais ces puissances pour être en équilibre doivent toujours être égales.

M. Varignon démontre les propriétés de la poulie de la maniere suivante. Il suppose que les directions de la puissance & du poids soient prolongées jusqu’à ce qu’elles se rencontrent, après quoi il réduit par le principe de la composition des forces, ces deux puissances en une seule ; or pour qu’il y ait équilibre, il faut que cette derniere puissance soit soutenue par le point d’appui C, c’est-à-dire que sa direction passe par C. De-là il est aisé de conclure que les puissances P & 2 doivent être égales pour faire équilibre, & que la charge de l’appui C, qui n’est autre chose que la puissance ou force qui résulte des deux puissances P & 2, n’est jamais plus grande que leur somme. Si les puissances P & 2 sont paralleles, alors M. Varignon considere le point de concours comme infiniment éloigné, ce qui ne fait que simplifier les démonstrations. Voyez Appui, Levier, &c.

On peut regarder la poulie comme l’assemblage d’une infinité de leviers fixes autour du même point C, & dont les bras sont égaux ; & c’est cette égalité de bras qui fait que la puissance n’est jamais plus grande que le poids. Il est inutile d’avertir ici que nous faisons abstraction du poids & du frottement des cordes ; car on conçoit aisément que moyennant ce poids & ce frottement, il faudra plus de 100 livres d’effort pour enlever un poids de 100 livres.

La poulie est principalement utile quand il y en a plusieurs réunies ensemble. Cette réunion forme ce que Vitruve & plusieurs autres après lui, appellent polyspaston, & ce qu’on appelle en françois moufle. L’avantage de cette machine est de tenir peu de place, de pouvoir se remuer aisément, & de faire élever un très-grand poids à une force très-médiocre.

L’effet des poulies multiples est fondé sur les théorèmes suivans. 1°. Si une puissance E, fig. 50. soutient un poids attaché au centre d’une poulie AB, elle sera la moitié de ce poids ; on suppose que la corde est attachée en D, ou soutenue de quelque maniere que ce soit. 2°. Si une puissance appliquée en B, fig. 50. soutient un poids F, par le moyen de plusieurs poulies, de maniere que toutes les cordes AB, HI, GF, EL, CD, soient paralleles l’une