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muant sans interruption jusqu’à ce qu’il n’en parte plus aucune odeur de soufre, & jusqu’à ce que la matiere ait rougi dans toutes ses parties ; par ce moyen l’on aura une chaux d’antimoine que l’on mélera avec une livre & demie de flux noir, fait avec trois parties de tartre crud & une partie de nitre que l’on fera détonner avec un charbon allumé. On mettra la chaux d’antimoine avec le flux noir dans un creuset que l’on placera dans le fourneau de forge ; on fera fondre le mélange, & lorsque le tout sera fondu, on laissera refroidir le creuset, on le cassera, & l’on aura environ une livre de régule d’antimoine propre à faire l’alliage qui suit.

On prendra une livre du régule qui vient d’être décrit ; on y joindra une livre & demie de limaille de fer, bien lavée & séchée ensuite. On mêlera bien ces deux matieres après les avoir pulvérisées ; on les mettra dans un creuset que l’on en remplira à un pouce près ; on couvrira ce creuset avec un couvercle, & on le placera, soit dans un fourneau à vent, soit dans un fourneau de forge. Lorsque le mélange sera fondu, ce qui arrivera plus ou moins promptement, suivant la force du feu que l’on donnera ; on y joindra une livre de bismuth, & l’on poussera le feu pour que les substances mêlées entrent parfaitement en fusion ; alors on vuidera la matiere fondue dans un cône, & l’on aura un alliage d’une couleur blanche & brillante qui pesera environ trois livres. On joindra ces trois livres à un quintal d’étain ; on les fera fondre ensemble, & l’on aura un alliage d’étain solide, sonore, d’une couleur presque aussi belle que l’argent, en un mot qui ne le cédera point à l’étain sonnant d’Angleterre. (—)

La communauté des Potiers-d’étain est considérable, ils sont appellés par leurs lettres de maîtrise Potiers d’étain & Tailleurs d’armure sur étain ; ils ont droit de graver & armorier toutes les sortes d’ouvrages d’étain qu’ils fabriquent ou font fabriquer.

Pour être reçu maître par chef-d’œuvre, il faut avoir fait six ans d’apprentissage, servir les maîtres trois autres années après l’apprentissage en qualité de compagnon, & faire le chef-d’œuvre.

Le chef-d’œuvre consiste à faire ; savoir, par le Potier rond, un pot dont le corps doit être tout d’une piece ; pour celui qui veut être passé maître de forge, une jatte & un plat au marteau d’une rouelle ; par le menuisier (c’est-à-dire par celui qui veut se fixer aux menus ouvrages & pieces de rapport) une écritoire.

Les fils de maîtres sont exempts de tous droits, & ne sont point tenus de l’apprentissage, non plus que du chef-d’œuvre ; il leur suffit d’avoir travaillé pendant trois ans chez leur pere ou sous quelqu’autre maître de la communauté.

Les veuves peuvent faire travailler & tenir boutique, tant qu’elles sont en viduité.

Tout potier-d’étain est tenu d’avoir son poinçon ou marques particulieres pour appliquer sur ses ouvrages, & ces marques doivent être empreintes ou insculpées sur les tables ou rouelles d’essai qui sont dans la chambre du procureur du roi du châtelet, & dans celle de la communauté des maîtres Potiers d’étain.

Chaque maître a ses deux marques, l’une grande & l’autre petite ; la grande contient la premiere lettre de son nom de baptême & son nom de famille en toutes lettres ; & la petite ne contient que deux lettres, qui sont la premiere du nom & la premiere du surnom ; outres ces noms & lettres, chaque marque contient encore la devise du maître, qui est telle qu’il l’a voulu choisir.

Les ouvrages d’étain d’antimoine, d’étain plané, & d’étain sonnant, se marquent par-dessous l’ouvrage, & ceux d’étain commun par-dessus.

Il est permis aux maîtres potiers-d’étain de faire toutes sortes d’ouvrages de bon & fin étain sonnant, allié de fin cuivre, & d’étain de glace ; & d’en fabriquer d’autres avec de bon étain commun, allié de telle sorte, qu’il puisse venir à la rondeur de l’essai avec la blancheur requise, à l’exception des calices & des patènes qui ne doivent être que d’étain sonnant ; il leur est cependant défendu d’enjoliver aucuns de leurs ouvrages, avec l’or ou l’argent, s’ils ne sont destinés pour l’usage de l’église.

Il est défendu aux maîtres Potiers de travailler du marteau avant cinq heures du matin, ni après huit heures du soir ; ils ne doivent vendre ni avoir dans leurs boutiques aucuns ouvrages neufs, s’ils n’ont été faits à Paris ou par un maître de Paris, & il leur est défendu d’en vendre de vieux pour de neufs.

La communauté est composée de quatre jurés & gardes, préposés pour tenir la main à l’observation des statuts & ordonnances qui la concernent, pour vaquer aux affaires qui la regardent. Chacun de ces jurés doit rester deux ans en charge ; on fait l’élection des deux nouveaux le 26 Janvier à la pluralité des voix des maîtres assemblés pardevant le procureur du roi du châtelet ; autrefois cette élection se faisoit le 2 Janvier au lieu du 26.

Potier de terre, (Poterie de terre.) artisan qui travaille en vaisselle & autres ouvrages de terre. La communauté des maîtres Potiers de terre, est ancienne à Paris ; ils étoient érigés en corps de jurande, & avoient des statuts bien avant le régne de Charles VII. (D. J.)

POTIN, s. m. (Ouvrage de Fondeurs.) espece de cuivre ; il y a deux sortes de potin, l’un qui est composé de cuivre jaune & de quelque partie de cuivre rouge ; l’autre qui n’est composé que des lavures ou excrémens qui sortent de la fabrique du léton, auxquels on mêle du plomb ou de l’étain pour le rendre plus doux au travail. La proportion de ce mélange, est d’environ sept livres de plomb pour cent.

La premiere espece de potin, que l’on appelle ordinairement potin-jaune, peut s’employer dans des ouvrages considérables ; & en y mêlant de la rosette ou cuivre rouge, il sert fort bien dans la confection des mortiers, canons, & autres pieces d’artillerie.

De l’autre potin, on ne fait que des robinets de fontaines, des canelles pour les tonneaux, & des ustensiles grossiers de cuisine, sur-tout quelques especes de pots, d’où peut-être il a pris son nom. On en fond aussi des chandeliers & autres ouvrages d’église de peu de conséquence ; le dernier potin n’est point net, point ductile, & ne peut se dorer. On le nomme communément potin-gris, à cause de sa couleur terne & grisâtre ; quelquefois il est appellé arcot, & c’est le nom qu’il a chez les fondeurs. Le potin gris se vend pour l’ordinaire trois à quatre sols par livre moins que le jaune.

POTION, s. f. (Gram. & Méd.) remede qu’on administre sous forme liquide, & qui doit être bû à une ou plusieurs reprises. Il y a des potions de toute espece, de purgatives, d’émétiques, de cordiales, de pectorales, de céphaliques, de stomachiques, d’hystériques, de vulnéraires, de carminatives, &c.

POTIRON, s. m. melopepo, genre de plante qui differe des autres plantes cucurbitacées, par son fruit arrondi, charnu, strié, anguleux & divisé le plus souvent en cinq parties, qui renferme des semences applaties & attachées à un placenta spongieux. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Potiron, (Diete & Mat. méd.) la chair ou pulpe du potiron & ses semences, qui sont les seules parties usuelles de cette plante, ont la plus grande ressemblance avec les parties analogues du concombre, de la citrouille & de la courge. Voyez ces articles. (b)

POTITIENS & PINARIENS, s. m. (Hist. anc.)