Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Potestas habere porternam in omni curia penitus inhibeatur, sed unicus sit ingressus. Fleta. Chambers.

POTESTAS, (Hist. rom.) ce mot désigne le droit de jurisdiction sur les personnes, qui étoit déféré par le sénat au consul ou au préteur qu’on envoyoit gouverner les provinces. Il ne faut pas confondre ce pouvoir avec celui que l’on nommoit imperium, & que le peuple seul avoit droit de conférer. Voyez Imperium.

POTHERUS, (Géog. anc.) fleuve de l’île de Crete, entre Gnossus & Cortyne, selon Ortelius, qui cite Vitruve, liv. I.

POTICIENS les, (Antiq. rom.) Potitii, prêtres d’Hercule consacrés par Evandre. Le héros ayant retrouvé ses bœufs que Cacus lui avoit dérobés, fit en reconnoissance un sacrifice auquel il convia deux familles considérables, savoir les Poticiens & les Pinariens ; mais dans la suite des tems ce sacerdoce fut transféré à des esclaves publics. L’an 441 de la fondation de Rome, Appius Claudius ayant corrompu par argent les Poticiens, ils perdirent le sacerdoce qui avoit été affecté à leur famille par Evandre. (D. J.)

POTIDANIA, (Géog. anc.) ville de l’Etolie, selon Etienne le géographe. Thucydide, liv. III. pag. 238. la donne aux Etoliens, qui habitoient dans les terres. Tite-Live, liv. XXVIII. ch. viij. connoît aussi cette ville.

POTIDÉE, (Géog. anc.) Potidoea, ville de Macédoine, & l’une des cinq places que le Périple de Scylax met dans la péninsule de Pallene. Elle étoit bâtie précisément sur l’isthme qui joignoit Pallene à la Macédoine. Le roi Cassander l’accrut, ou la rétablit, & lui donna son nom (Cassandrie) ; ce qui fait que Tite-Live, liv. LXIV. ch. xj. dit qu’elle fut bâtie par Cassander, trois ans avant que Philippe de Macédoine parvint à la couronne. Timothée se rendit maître de la ville de Potidée ; & Philippe l’ayant conquise peu de jours après la prise de Pydne, la céda aux Olynthiens pour les attacher plus étroitement à ses intérêts. Elle étoit éloignée d’Olynthe de soixante stades, qui reviennent à trois de nos lieues. (D. J.)

POTIER, s. m. (terme général.) celui qui fait ou qui vend des pots & de la vaisselle. Si les pots & vaisselles sont d’étain, on l’appelle potier d’étain ; & potier de terre, s’il ne travaille qu’en vaisselle & poterie de terre.

Ces diverses sortes d’ouvrages donnent le nom à deux communautés de Paris ; l’une est la communauté des maîtres potiers d’étain, dont on va parler ; & l’autre celle des maîtres potiers de terre, dont on parlera ensuite.

Potier d’étain, (Métallurg. & arts méchan.) on a donné à la suite de l’article Étain le travail du potier d’étain ; mais comme le plan de l’Encyclopédie est de faire connoître autant qu’il est possible, les progrès qui ont été faits dans chaque art jusqu’à présent ; on a cru que le lecteur seroit bien-aise qu’on lui mît sous les yeux quelques remarques, qui n’ayant été communiquées au public que depuis la publication du sixieme volume, n’ont pu trouver place dans l’article ou l’on devoit naturellement chercher tout ce qui regarde l’étain.

M. de Justi, chimiste allemand, connu par plusieurs ouvrages utiles, a publié dans ses Œuvres chimiques, imprimées à Berlin, en langue allemande en 1760, quelques observations sur les différentes manieres d’allier l’étain, dont on va donner le précis dans cet article ; cela servira à compléter ce qui a été dit ailleurs sur cette matiere.

Les différentes substances métalliques avec lesquelles communément les potiers-d’étain allient ce métal sont, soit du plomb, soit du cuivre, soit du laiton, ou cuivre jaune, soit du tombac, soit du fer, soit du zinc, soit du bismuth, soit enfin du régule

d’antimoine. Quelquefois ils font entrer un ou plusieurs de ces métaux & de ces demi-métaux dans leur alliage, & chaque potier-d’étain fait souvent un grand mystere de son alliage qu’il croit ordinairement beaucoup meilleur que celui de son voisin. M. de Justi a donc cru devoir examiner les effets que ces différentes substances peuvent produire lorsqu’elles sont jointes avec l’étain.

1°. Le plomb devroit être entierement exclus des alliages d’étain ; en effet, quoiqu’il rende les vaisseaux d’étain à meilleur marché & plus faciles à travailler, le plomb est cause que l’étain noircit beaucoup plus promptement à l’air. Mais ce qui est encore plus essentiel, c’est que le plomb doit être regardé comme un véritable poison ; tous les sels & tous les acides agissent sur lui, & le font passer avec les alimens dans l’estomac, où il peut faire de très grands ravages, voyez l’article Plomb. M. de Justi rapporte un fait dont il a été témoin, & qui prouve bien le danger qu’il y a à se servir de vaisseaux d’étain allié avec du plomb ; il dit qu’en Saxe toute une famille fut attaquée d’une maladie très-longue & très-particuliere, & à laquelle les Médecins ne connurent rien pendant fort long-tems, jusqu’à ce qu’à la fin, on découvrit que cette maladie venoit d’avoir mangé du beurre qui avoit été conservé dans un vaisseau d’étain allié avec du plomb.

2°. Le cuivre, soit pur, soit jauni par le zinc, comme il est dans le laiton & le tombac, rend l’étain sonnant, & lui donne de la consistance, si l’on en met deux ou trois livres sur un quintal d’étain, qui devient par-là assez semblable à de l’argent ; mais on a suffisamment prouvé que l’usage des vaisseaux de cuivre dans un ménage ne peut être que très-dangereux. Voyez l’article Cuivre.

3°. L’alliage de l’étain avec le zinc n’est point non plus exempt de danger ; ce demi-métal doit être nuisible pour la santé, vû que M. de Justi dit qu’il renferme une substance arsénicale que ses expériences lui ont fait découvrir ; quelques grains de fleurs de zinc pris intérieurement suffisent pour faire un très grand ravage dans le corps humain ; d’ailleurs le zinc se dissout avec une très-grande facilité, dans tous les acides & même dans tous les vinaigres. Enfin, le zinc étant très-volatil, se dégage & se dissipe à chaque fois qu’on fait fondre l’étain avec lequel il a été allié.

Cela posé, les substances que l’on pourra sans danger, faire entrer dans l’alliage de l’étain sont ; 1°. le fer, qui, comme on sait, n’a point une qualité nuisible à l’homme, & qui au contraire dans de certains cas est un très-bon remede. Ainsi, quoique ce métal soit attaquable par les sels, il ne pourra produire aucun mal. 2°. Le régule d’antimoine ; on peut en sureté l’allier avec l’étain, vu que les sels qui entrent dans les alimens ne le dissolvent point. 3°. Le bismuth, quoique l’usage intérieur de ce demi-métal ne soit point entierement exempt de danger, on n’a pourtant point à redouter ses mauvais effets dans l’alliage de l’étain, vu qu’il ne se dissout que très-difficilement dans les acides les plus forts.

De ces réflexions, M. de Justi conclud que c’est le fer, le régule d’antimoine, & le bismuth que l’on peut faire entrer impunément dans les alliages de l’étain : voici son procédé.

On prendra du régule d’antimoine ; la méthode pour l’obtenir à meilleur marché, sera de prendre une livre & demie d’antimoine crud, que l’on réduira en une poudre très-fine, on la mêlera avec une livre de charbon pulvérisé ; on mettra ce mélange dans un plat de terre non vernissé, & garni à l’extérieur d’un enduit de terre grasse ; on arrangera le mélange de maniere qu’il n’ait guere qu’un pouce d’épaisseur. On fera ainsi calciner le mélange en re-