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jaune, la fait paroître toute couverte d’or, d’émeraudes, & de rubis.

Fischer a représenté cette tour dans son essai d’architecture historique.

Les Tartares forcerent les Chinois de la bâtir il y a près de 700 ans, pour servir de trophée à la conquête qu’ils firent de ce royaume, & qu’ils ont reconquis au commencement du siecle dernier. Daviler. (D. J.)

Porcelaine, (Maréchal.) poil de cheval dont le fond est blanc, mêlé de taches irrégulieres & jaspé, pour ainsi dire, principalement d’un noir malteint, qui a un œil bleu ardoisé.

PORCHAITON, c’est un sanglier qui est gras.

PORCELET, voyez Cloporte.

PORCELET DE SAINT ANTOINE, (Mat. méd.) voyez Cloporte.

PORCHE, s. m. (Architect.) disposition de colonnes isolées, ordinairement couronnées d’un fronton, qui forme un lieu couvert devant un temple ou un palais ; on l’appelle tétrastyle, quand il a quatre colonnes de front ; exastyle, lorsqu’il y en a six ; octostyle, huit ; décastyle, dix, &c.

Porche ceintré, porche dont le plan est sur une ligne courbe. Tel est le porche du palais Massinei, du dessein de Baltazar de Sienne, à Rome.

Porche circulaire, porche dont le plan est en rond, c’est-à-dire, a la forme d’un cercle. Il y a un porche de cette espece devant l’église de notre-Dame de la Paix, restaurée par Pierre de Cortone à Rome.

Porche fermé, espece de vestibule devant une église avec des grilles de fer. C’est ainsi que sont les porches de saint Pierre de Rome, & de saint Germain l’Auxerrois à Paris.

Porche ou tambour ; c’est en dedans de la porte d’une église, une cage de menuiserie, couverte d’un plafond, qui sert, & pour empêcher la vue des passans, & afin de garantir du vent par une double porte. Dans l’église de la Sorbonne à Paris, pour ne citer que celui-là, est un porche de cette façon.

Il y a de ces porches qui sont ceintrés par leurs encoignures, comme, par exemple, ceux de la sainte-Chapelle, & des peres Chartreux à Paris.

Les porches des temples ont été inventés pour mettre à couvert du soleil ou de la pluie, ceux qui ne pouvoient pas entrer dans l’église ; les Latins l’ont appellé atrium, & l’ont toujours regardé comme faisant une partie du temple, pour laquelle on devoit avoir de la vénération. Baronius a remarqué que Constance n’osa pas faire enterrer Constantin son pere dans l’église, & qu’il se contenta de le faire inhumer dans le porche, in atrio ; & au rapport de Balzamon, sur le second canon des apôtres, on encensoit les porches comme les églises. On plaçoit dans les porches des puits, des fontaines, des cuves pleines d’eau, où l’on se lavoit avant que d’entrer dans l’église. C’étoit en cet endroit qu’on mettoit les pénitens du premier ordre, qu’on appelloit pleureurs : ils étoient-là, dit Tertullien, pour commencer à réparer le scandale qu’ils avoient donné au public, & à demander des prieres à ceux qui entroient dans l’église. On y plaidoit autrefois les causes : mais les conciles & les peres se récrierent contre cet usage qui fut aboli. Au reste ceux qui voudront être instruits de cette matiere, peuvent lire le traité que M. Thiers en a composé. (D. J.)

PORCHER, s. m. (Econom. rust.) gardeur de cochons.

PORCIEN, (Géog. mod.) petite principauté de France, en Champagne, dont le chef-lieu s’appelle Château-Porcien. Le pays de Château-Porcien est nommé dans les capitulaires pagus Porticensis, & s’étendoit autrefois jusqu’à la riviere de Meuse. (D. J.)

PORCIFERA, (Géog. anc.) fleuve d’Italie, dans

la Ligurie, selon Pline, l. III. c. v. C’est aujourd’hui selon le P. Hardouin, la petite riviere de Bisagua, ou Bisague, qui mouille la ville de Gènes du côté de l’orient, & s’y jette dans la mer Méditerranée. Léander & Mazin disent cependant que c’est le Porzevera, qui est la riviere Porcifera des anciens. Le Porzevera coule au voisinage de Gènes, mais à quelque distance de cette ville du côté du couchant.

PORCUNNA, (Géog. mod.) petite ville d’Espagne, au royaume de Cordoue, dans le voisinage de Castro-Rio, & de Valna, à quatre lieues de Guadalquivir : c’est une commanderie de l’ordre de Calatrava. Elle étoit connue anciennement sous les noms d’Obulco, Obulcula, & Municipium pontificense ; & elle fut célebre dans l’histoire romaine, parce que Jules César y vint de Rome dans vingt-sept jours, pour n’être pas prévenu par les fils du grand Pompée qui étoient en Espagne. Cette ville a changé de nom, & on lui a donné avec le tems celui de Porcunna, en mémoire, comme on croit, d’une truie, qui y fit trente petits d’une ventrée, événement dont on perpétua le souvenir, en faisant dresser une statue de cette bête, avec l’inscription suivante :

C. Cornelius, C. F. C. N. Gal. Cæso. Aed. Flamen. II. Vir. Municipii Pontif. C. Corn. Cæso. F. Sacerdos, Gens. Municipii, Scrofam cum porcis xxx. impensa ipsorum D. D. Long. 13. 46. latit. 37. 40.

PORDOSÉLENE, (Géog. anc.) île d’Asie, dans le détroit qui se trouve entre l’île de Lesbos, & le continent de la Mysie, selon Hésiche, cité par Cellarius, Géogr. ant. l. III. c. iij. le périple de Scylax, pag. 34. fait aussi mention de cette île, & dit qu’il y avoit une ville de même nom. Dans la suite on changea ce nom obscene en un nom plus honnête: on appella cette île Porosélene, comme nous l’apprend Strabon, l. XIII. p. 619. Pline, l. V. c. xxxj. écrit aussi Porosélene, & donne une ville à cette île comme Scylax. (D. J.)

PORE, s. m. (Physique.) on donne ce nom aux petits intervalles qui se trouvent entre les particules de la matiere dont les corps sont composés ; intervalles qui sont vuides ou remplis d’un fluide invisible. Voy. Corps & Matiere.

Le mot pore vient du grec πόρος, ouverture ou conduit, par où une chose peut passer.

M. Muschenbroeck, dans son essai de Physique, c. ij. est entré dans un assez grand détail sur l’existence & la nature des pores : nous allons extraire ici une partie de ce qu’il a dit.

Tous les corps qui sont venus jusqu’à présent à notre connoissance, & qui sont de telle grandeur que nous puissions les manier, se trouvent avoir des pores.

1°. Les microscopes nous feront voir cela d’une maniere évidente. Que l’on mette un morceau de feuille d’or bien mince & bien battu sur un verre ou plaque de verre de Moscovie, sur laquelle on a coûtume d’exposer les objets : ce morceau étant considéré à l’opposite de la lumiere à l’aide d’un microscope, qui grossisse beaucoup les objets, on remarquera qu’il est rempli d’un grand nombre de pores. On peut découvrir la même chose dans l’argent, dans le cuivre, dans le plomb, & dans l’étain réduits en lames fort minces.

On peut encore remarquer plus facilement ces pores dans toute sorte de bois & dans les végétaux, & voir en même tems la grande différence qui se trouve entre eux. Les peaux des corps des animaux ont aussi un grand nombre de pores, mais qui sont beaucoup plus petits que ceux des végétaux.

2°. Si nous remarquons que de gros corps soient pénétrés par d’autres corps beaucoup plus subtils, il faut nécessairement que ces derniers s’y insinuent à-travers les pores. La lumiere est un corps, elle péne-