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de longueur, & une ligne & demie de diametre. Il y avoit sur l’extrémité du coccyx une autre sorte de piquans un peu relevés en haut ; leur extrémité sembloit avoir été coupée, & le reste étoit creux, comme un tuyau de plume ; ils étoient blancs, transparens & rayés de petites cannelures sur leur longueur ; ils avoient deux lignes & demie de diametre, & trois pouces de long.

Il y avoit cinq doigts à chaque pié, mais l’un des doigts des piés de devant ne paroissoit au-dehors que comme un ergot. La jambe & le pié, excepté la plante, étoient garnis de poils & de piquans ; le museau ressembloit à celui du lievre, la levre supérieure étant fendue ; chaque mâchoire avoit deux longues dents incisives, comme celles du castor. La langue étoit garnie par-dessous à son extrémité de plusieurs petits corps durs en forme de dents. Les oreilles ressembloient à celles de l’homme ; elles étoient légerement couvertes de poil. Mém. de l’acad. royale des Sciences, tom. III. part. ij. On trouve ce porc-épic en Afrique, à Sumatra & à Java.

Le porc-épic de la nouvelle Espagne est de la grandeur d’un chien de moyenne taille ; ses piquans sont menus & longs de trois pouces, il n’y en a point sur le ventre, sur les jambes, ni sur le bout de la queue ; ces parties sont seulement couvertes de poils noirs : il y a aussi des poils entre les piquans excepté sur la tête.

Le porc-épic de la baie d’Hudson est de la grandeur du castor ; il a la tête alongée comme celle du lievre, le nez plat, les oreilles & les jambes très-courtes, & la queue de longueur médiocre. Cet animal est couvert de poils de couleur brune, obscur ; il y en a dont la pointe est de couleur blanche sale : tous les poils de la partie supérieure de la tête, du corps & de la queue cachent des piquans longs de trois pouces au plus, noirs à la pointe, & blancs dans le reste de leur étendue ; on trouve ce porc-épic dans l’Amérique septentrionale.

Le porc-épic d’Amérique est long d’environ un pié depuis le derriere de la tête jusqu’à la queue ; il a la tête & les oreilles petites, le museau alongé, les yeux ronds, la queue plus longue que le corps : les piés n’ont que quatre doigts. Cet animal est couvert de piquans longs de trois ou quatre pouces au plus : il n’y a point de piquans sur les piés ni la queue. On trouve ce porc-épic en Amérique.

Le grand porc-épic d’Amérique ne differe du précédent qu’en ce qu’il est plus grand.

Le porc-épic des Indes orientales a la tête grosse, la levre supérieure fendue comme celle du lievre, les yeux grands, les oreilles petites & rondes & le corps gros & court. Les piés de derriere sont plus longs que ceux de devant, & il y a cinq doigts à chaque pié ; la queue est très-longue & garnie de piquans, comme tout le reste du corps. Reg. anim. par M. Brisson.

Porc-épic de mer, voyez Poisson armé.

Porc-épic, ordre du, (Hist. de France.) c’est le nom d’un ordre de chevalerie, appellé autrement l’ordre du camail. Il fut institué par Louis duc d’Orléans, fils de Charles V. à la cérémonie du baptême de son fils Charles, l’an 1394. Il étoit composé de 25 chevaliers, y compris le prince qui en étoit le chef. Leur habillement consistoit en un manteau de velours violet, le chaperon & le mantelet d’hermine, & une chaîne d’or pour collier, de laquelle pendoit sur l’estomac un porc-épic de même, avec cette dévise, cominus & eminus, de loin & de près. Cet ordre fut aussi nommé l’ordre du camail, parce que le duc d’Orléans donnoit avec le collier une bague d’or garnie d’un camaieu, ou pierre d’agate, sur laquelle étoit gravée la figure d’un porc-épic. L’on prétend qu’il prit la figure de cet animal, pour la devise de

son ordre, afin de montrer à Jean duc de Bourgogne, qu’il ne manquoit ni de courage, ni d’armes pour se défendre. Cet honneur s’accordoit quelquefois à des femmes ; car dans une création de chevaliers du 8 Mars 1438, le duc d’Orléans le donna à mademoiselle de Murat, & à la femme du sieur Poton de Saintrailles. Louis XII. le conféra encore à son avénement à la couronne, après quoi il fut aboli. Trévoux. (D. J.)

Porc sauvage, voyez Sanglier.

Porc ou Cochon, (Métallurgie.) dans l’art de la fonderie, on donne ce nom à plusieurs substances différentes. 1°. On appelle porc les scories qui, dans la premiere fonte des mines retiennent encore une portion du minerai qui n’est point entré en fusion ; ce qui vient communément de ce que le feu n’a pas été assez fort, ni soutenu assez également, ou de ce que l’on n’a point rendu le mêlange assez fusible en y joignant des fondans convenables.

2°. On appelle ainsi dans la fonte & dans la liquation du cuivre les scories qui contiennent encore une portion de ce métal.

3°. On appelle porc ou cochon l’effet que fait sur la grande coupelle l’argent, lorsqu’il souleve le test ou la cendrée, & va se fourrer au-dessous.

4°. Enfin on appelle ainsi le réservoir où va se rendre le minerai pulvérisé qui a passé par le lavoir.

Porc, s. m. (Chaircuiterie & Commerce.) les Chaircuitiers font à Paris le commerce de la chair de porc fraîche & cuite, & de toutes les marchandises & issues qu’on peut tirer de cet animal. Il fournit aussi plusieurs choses pour le négoce & les manufactures ; savoir, les jambons qui font partie du commerce des épiciers, le poil ou soie qui se vend par les merciers-quincailliers, le saindoux & la graisse dont on se sert dans les manufactures pour l’ensimage des étoffes de laine. (D. J.)

Porc troyen, (Hist. anc.) c’étoit un cochon rôti entier, & farci en de dans de saucisses, d’oiseaux, de volailles & autres choses. On l’appelloit troyen, par allusion au cheval de Troye.

PORCA, (Géog. mod.) royaume des Indes, sur la côte de Malabar. Il est borné au nord par le royaume de Cochin, au midi par celui de Calicoulan, & à l’occident par la mer. Les habitans sont idolâtres, & vivent de la pêche qu’ils font pendant l’hiver. La capitale de cet état porte le même nom, & appartient présentement aux Hollandois ; c’est une conquête qu’ils ont faite sur le Portugal. Long. 49. 2. lat. 9. 15. (D. J.)

PORCELAINE, s. f. (Conchyliolog.) en latin porcellana ou concha venerea, en anglois the porcelain-shell. Genre de coquille univalve, avec une bouche d’une ouverture longue & étroite, garnie de dents des deux côtés. La forme de cette coquille est ronde, oblongue, quelquefois bossue, quelquefois terminée par des mammelons.

On conçoit bien d’où vient l’origine du nom concha venerea, donné par les Latins à cette coquille, surtout quand on sait quelle partie du beau sexe ils nommoient porculus ou porcellus, en faisant allusion à celle de Vénus ; & d’ailleurs on connoît la forme de la bouche de la porcelaine ; cependant le nom de concha venerea, coquille de Vénus, donné à la porcelaine, est propre à produire de la confusion, parce qu’il y a une autre coquille d’un genre différent, & de la famille des bivalves, qu’on appelle aussi coquille de Vénus.

On nomme encore ce testacée le pucelage ; c’est le cauris des îles de Maldives & de la Guinée, où il sert de monnoie. Enfin, quelques-uns l’appellent la colique, parce qu’on a imaginé qu’en en prenant en poudre après l’avoir calciné, il guérissoit cette maladie ;