Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/890

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fort différentes ; & certainement, quant à la variété, beauté, régularité & ordre de leur arrangement, les écailles des poissons ont beaucoup de ressemblance avec les plumes qui sont sur le corps & sur les aîles des teignes & des papillons.

On ne croit pas que ces écailles tombent toutes les années, ni qu’elles soient les mêmes pendant toute la vie du poisson ; mais il se fait tous les ans une addition d’une nouvelle écaille, qui vient au-dessous de la précédente, & s’étend de tous côtés au-delà du tranchant de celle-là, à-proportion de l’accroissement du poisson, à-peu-prés de la même maniere que le bois des arbres s’élargit annuellement, par l’addition d’un nouveau cercle auprès de l’écorce ; & comme on peut connoître l’âge d’un arbre par le nombre des anneaux dont le tronc est composé, ainsi dans les poissons, le nombre des plaques qui composent leurs écailles, nous marque l’âge. Il est également probable, que comme il y a un tems de l’année où les arbres cessent de croître ou d’avoir une addition nouvelle à leur masse, la même chose doit arriver aux écailles des poissons ; & qu’enfin dans un autre tems de l’année, il se fait une nouvelle addition ou accroisement. Les plumes des oiseaux & les poils des animaux terrestres, nous font voir quelque chose de semblable.

M. Leenwenhock tira plusieurs écailles d’une carpe extraordinairement grosse ; elle avoit 42 pouces & demi de long & 33 & un quart de large au milieu, mesure de Rhynlande ; les écailles étoient aussi épaisses qu’une rixdale : il les fit macérer dans l’eau chaude pour pouvoir les couper plus aisément, & il en coupa une obliquement, en commençant par la très-petite écaille, qui avoit été formée la premiere, & qui étoit près du centre ; il découvrit clairement avec son microscope quarante petites lames ou écailles, collées les unes sur les autres, d’où il conclut que le poisson étoit âgé de 40 ans.

On croit communément que l’anguille n’a point d’écailles ; mais si on la nettoie bien, & qu’on lui ôte toute la boue, on verra au microscope, que sa peau est toute couverte de très-petites écailles, rangées avec beaucoup d’ordre, & fort joliment ; il semble donc qu’on a droit de penser qu’il y a peu de poissons qui soient sans écailles, excepté ceux à coquilles.

La maniere de préparer les écailles, est de les tirer proprement avec une paire de pinces, de les bien laver, & de les placer sur un papier uni ; entre les feuilles d’un livre, pour les applatir en les séchant, & empêcher qu’elles ne se rident ; il faut ensuite les mettre entre vos talcs dans les glissoirs, & les garder pour l’observation ; mais le serpent, la vipere, les lézards, &c. présentent une nouvelle variété d’écailles différente de celles des poissons, quoique les Physiciens n’aient pas encore daigné les examiner. (D. J.)

Poissons, les, (Astronom.) constellation qui est le douzieme signe du zodiaque. Voyez Signe & Constellation.

Les poissons ont, dans le catalogue de Ptolomée, trente-huit étoiles, trente-trois dans celui de Ticho, & dans le catalogue britanique. (O)

Poisson volant, en Astronomie, c’est une petite constellation de l’hémisphere méridionale, inconnue aux anciens, & qui n’est pas visible dans nos contrées septentrionales. Voyez Constellation. (O)

Poisson austral, (Astronomie.) constellation de l’hémisphere méridional ; on ne peut la voir à notre latitude. Voyez Constellation.

Poisson de mer, (Commerce.) on en fait un grand commerce, & on tire de plusieurs diverses marchandises & drogues.

Les poissons salés, comme saumon, morue, ha-

reng, sardine, anchois, maquereau, &c. composent

le commerce de salines.

Le poisson mariné est du poisson de mer frais, roti sur le gril, ensuite frit dans de l’huile d’olive, & mis dans des barrils, avec une sauce composée de nouvelle huile d’olive, d’un peu de vinaigre, du sel, du poivre & des feuilles de laurier ; les meilleurs poissons marinés sont le thon & l’esturgeon.

Les poissons secs sont des poissons qui ont été salés & dessechés, soit par l’ardeur du soleil, soit par le feu ; tels sont la morue que l’on nomme merluche, le stockfish, le harang sor, & la sardine sorette.

Les poissons que l’on appelle en France poissons royaux, sont les dauphins, les esturgeons, les saumons, & les truites ; on les nomme royaux parce qu’ils appartiennent au roi quand ils se trouvent échoués sur les bords de la mer.

Les poissons à lard sont les baleines, les marsouins, les thons, les souffleurs, les veaux de mer, & autres poissons gras ; lorsqu’il s’en rencontre d’échoués sur les greves de la mer, ils sont partagés comme épaves, ainsi que les autres effets echoués. (D. J.)

Poisson de somme, (Commer. de poisson.) dans ce commerce on appelle poisson de somme, le poisson qu’on assomme, & qu’après avoir empaillé, & mis dans un panier d’osier, on transporte sur des chevaux ou sur des fourgons & charettes.

Poisson, huile de, (Comm.) l’huile de poisson, n’est autre chose que de la graisse ou du lard de poisson fondu, ou que l’on a tiré du poisson, soit en le pressant, soit par le feu ; & c’est de la baleine dont on en tire le plus. (D. J.)

Poisson, (Critiq. sacrée.) Moïse met les poissons au nombre des reptiles ; l’Histoire naturelle n’étoit pas encore cultivée chez les Juifs dans le tems du regne de ce législateur. Comme il y a des poissons qui ont des écailles sans nageoires, & d’autres qui n’ont ni nageoires ni écailles, Moise fonda sur cette différence sa distinction des poissons purs & immondes. Il mit ceux qui n’ont ni nageoires ni écailles au rang des poissons impurs, & défendit d’en manger, ne permettant l’usage que des poissons qui ont des nageoires & des écailles.

L’Ecriture désigne quelquefois figurément les hommes sous le nom de poissons ; les poissons de vos rivieres tiendront à vos écailles, dit Ezéchiel xxix. 4. c’est-à-dire la perte de vos sujets sera inséparable de la vôtre.

La porte des poissons, Sophon. j. 2. étoit une porte de Jérusalem, ainsi nommée parce que c’étoit par-là qu’on apportoit le poisson dans la ville.

Poissons, (Mythol.) la mythologie envisage ce signe du zodiaque d’une autre maniere que l’Astronomie ; ce n’est point une constellation composée d’un grand nombre d’étoiles ; ce n’est point ce signe du zodiaque, lorsque le soleil y entre dans le mois de Février, mais c’est Vénus & Cupidon qui se jetterent dans l’Euphrate, & se métamorphoserent en poissons, pour se dérober à la fureur du frere d’Osiris. (D. J.)

Poissons, les, (Littérature.) plusieurs de ces animaux furent l’objet d’un culte superstitieux, chez les Egyptiens, chez les Syriens, & dans quelques contrées de la Lydie. En certaines villes d’Egypte, les uns plaçoient sur leurs autels des tortues, & d’autres des monstres marins auxquels ils offroient de l’encens.

Poisson, (Blason.) on le distingue diversement en blason. Les dauphins sont toujours courbés, les bars ou barbeaux adosses, les chabots péris en pal. Quand ils sont en fasce, on les représente nageant, & on n’exprime point leur assiete, mais seulement lorsqu’ils sont en pal ou en bande.

Poisson, s. m. (Mesure de liqueur.) c’est l’une des