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qui retenant toujours leur qualité de venin, & n’entrant en aucune composition ordinaire, ne peuvent servir qu’à nuire, étant de leur nature pernicieux & mortels.

A l’égard de l’arsenic, du réalgal, de l’orpiment, & du sublimé, quoique ce soient des poisons dangereux, comme ils entrent dans plusieurs compositions nécessaires, pour empêcher qu’on n’en abuse, l’article 7 ordonne qu’il ne sera permis qu’aux marchands qui demeurent dans les villes, d’en vendre & d’en délivrer eux-mêmes seulement aux Médecins, Apothicaires, Chirurgiens, Orfévres, Teinturiers, Maréchaux, & autres personnes publiques, qui par leur profession sont obligés d’en employer, lesquels néanmoins en les prenant, écriront sur un registre du marchand, leur nom, qualité, & demeure, & la quantité qu’ils auront pris de ces minéraux.

Les personnes inconnues aux marchands, telles que les chirurgiens & maréchaux des bourgs, & villages, doivent apporter un certificat du juge des lieux, ou d’un notaire & deux témoins, ou du curé & de deux principaux habitans.

Ceux auxquels il est permis d’acheter de ces minéraux, doivent les mettre en lieu sur & en garder la clé, & écrire sur un registre l’emploi qu’ils en ont fait.

Les Médecins, Chirurgiens, Apothicaires, Epiciers-Droguistes, Orfévres, Teinturiers, Maréchaux, & tous autres, ne peuvent distribuer des minéraux en substance à quelque personne, ni sous quelque prétexte que ce soit, sous peine corporelle.

Ils doivent composer eux-mêmes, ou faire composer en leur présence par leurs garçons, les remedes où il doit entrer des minéraux.

Personne autre que les Médecins & Apothicaires, ne peut employer aucuns insectes venimeux, comme serpens, viperes, & autres semblables, même sous prétexte de s’en servir à des médicamens, ou à faire des expériences, à-moins qu’ils n’en ayent la permission par écrit.

Il est aussi défendu à toutes personnes autres que les médecins approuvés dans le lieu, aux professeurs de Chimie, & aux maîtres Apoticaires, d’avoir aucuns laboratoires, & d’y travailler à aucune préparation de drogues ou distillation, sous quelque prétexte que ce soit, sans en avoir la permission par lettres du grand sceau, & qu’après en avoir fait leur déclaration aux officiers de police.

Enfin, les distillateurs même & vendeurs d’eau-de-vie, ne peuvent faire aucune distillation que celle de l’eau-de-vie, sauf à être choisi entre eux le nombre qui sera jugé nécessaire pour la confection des eaux-fortes, dont l’usage est permis ; & ils ne peuvent y travailler qu’en observant les formalités dont il est parle dans l’article précédent.

Cette déclaration de 1682 a. comme on voit, pour objet non-seulement de punir ceux qui seroient convaincus de s’être servis de poison, pour attenter à la vie de quelqu’un, mais aussi d’ôter toutes les occasions de s’en pouvoir servir pour un pareil dessein. Voyez le traité de Linder, de venenis, & Zachias, la Rocheflavin, la biblioth. canon. Duperier. (A)

POISSER, v. neut. & quelquefois actif, (Gram.) Poisser, v. act. c’est enduire de poix : Poisser, v. n. c’est laisser aux mains une viscosité qui les attache ; on dit ce corps poisse.

Poisser, c’est chez les Vergettiers, coller les soies dés balets dans des trous qui ne percent pas d’outre en outre du bois, avec de la poix, de la poix de Bourgogne fondue.

POISSON, s. m. (Hist. nat. Icthiologie.) animal qui manque de piés, mais qui a des nageoires. Les poissons ont des ouies ou des poûmons ; ils restent ordinairement dans l’eau, & y nagent par le moyen

de leurs nageoires seules, ou en s’aidant aussi du mouvement des inflexions de leur corps. Il y a des poissons qui sortent quelquefois de l’eau pour se mettre à terre ; d’autres s’élevent en l’air, & volent en agitant leurs nageoires pectorales comme des aîles.

Les nageoires sont des membranes saillantes à l’extérieur du corps des poissons, & soutenues par des rayons durs ou cartilagineux. Les poissons different les uns des autres par le nombre, la situation, la figure, & les proportions de leurs nageoires ; car il y a des poissons qui n’en ont qu’une, y compris la queue ; & d’autre en ont deux, trois, quatre. cinq, six, sept, huit, neuf, ou dix, & même un plus grand nombre. Les nageoires sont placées de chaque côté du corps sur le dos & sous le ventre de la plupart des poissons ; il s’en trouve qui n’en ont que sur le dos ou seulement sous le ventre ; celles du dos & du ventre sont placées plus en-avant & plus en-arriere sur différens poissons. Les nageoires sont triangulaires, rondes, parallélogrammes, ou d’autres figures : elles sont plus ou moins grandes, relativement à la grandeur du poisson.

Le plan de la queue est vertical dans la plûpart des poissons, & horisontal dans quelques-uns ; il s’en trouve qui n’ont point de queue ; l’extrémité de cette partie est ronde ou en ligne droite, ou pointue, ou concave ; la queue est fourchue dans certains poissons, & faite en forme de faulx dans d’autres.

La tête des poisons est comprimée sur les côtés, applatie par le dessus & par le dessous, ou à peu-près cylindrique ; elle est lisse ou hérissée de piquans, plus étroite, plus large, ou à-peu-prés aussi large que le milieu du corps.

La plûpart des poissons ont la bouche placée au bout de la tête, & quelques-uns sur la face inférieure ; la direction de l’ouverture de la bouche est transversale dans la plûpart des poissons, & oblique dans d’autres ; la figure de cette ouverture est plus ou moins longue, à proportion de la largeur de la tête.

Le bec des poissons a différentes formes ; il est applati en-dessus & en-dessous, en quelque façon triangulaire, conique, ou terminé en pointe longue & a-peu-près cylindrique.

Les dents des poissons de différentes especes, sont placées ou seulement dans la gorge qui est dans ces animaux l’entrée de l’estomac ; ou seulement dans les mâchoires ; ou dans les mâchoires & sur la langue ; ou dans les mâchoires, sur la langue & sous le palais ; ou dans les mâchoires sur la langue, sous le palais, & dans la gorge seulement ; ou enfin dans les mâchoires sous le palais & dans la gorge. Il y a aussi de grandes différences dans la forme des dents des poissons ; elles sont pointues dans la plûpart : dans d’autres poissons, les dents ont le bout obtus & même terminé par une face plate ; il y en a qui sont coniques ou applaties sur les côtés, ou droites ou courbes, ou convexes seulement d’un côté, ou lisses, ou dentelées sur les côtés : les dents sont de grandeur égale ou inégale dans le même poisson.

Il y a peu de poissons qui aient de vraies levres.

Il se trouve de chaque côté un ou deux orifices de narines dans la plûpart des poissons, & il y en a qui n’ont point de narines. La figure de l’ouverture des narines est ronde, ovale, ou oblongue ; elles sont placées à égale distance du bec & de l’œil, ou plus près de l’une ou de l’autre de ces parties.

Dans la plûpart des poissons les yeux sont applatis ; il y en a aussi de convexes comme ceux des quadrupedes ; il s’en trouve d’arrondis & d’oblongs : dans le plus grand nombre des poissons les yeux sont situés sur les côtés de la tête, & dans d’autres sur la partie supérieure ; ils sont placés sort près ou fort loin l’un de l’autre ; ils paroissent plus ou moins grands, à proportion de la grandeur du corps ; les yeux sont