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Grece, & rendoient témoignage des grandes actions dont ils perpétuoient la mémoire.

La ville de Platée étoit ennemie des Thébains, & si dévouée aux Athéniens, que toutes les fois que les peuples de l’Attique s’assembloient dans Athènes pour la célébration des sacrifices ; le héraut ne manquoit pas de comprendre les Platéens dans les vœux qu’il faisoit pour la république.

Les Tbébains avoient deux fois détruit la ville de Platée. Archidamus, roi de Sparte, la cinquieme année de la guerre du Péloponnese, bloqua les Platéens & les força de se rendre à discrétion. Ils auroient eu bonne composition du vainqueur ; mais Thèbes unie avec Lacédémone, demanda qu’on exterminât ces malheureux, & le demanda si vivement qu’elle l’obtint.

Le traité d’Antalcidas dont parle Xénophon, liv. V. les rétablit ; ce bonheur ne dura pas, car trois ans avant la bataille de Leuctres, Thebes indignée du refus que firent les Platéens de se déclarer pour elle contre Lacédémone, les remit dans le déplorable état qu’ils avoient éprouvé déja par sa barbarie.

Dans le lieu même où les Grecs défirent Mardonius, on éleva un autel à Jupiter éleuthérien ou libérateur, & auprès de cet autel les Platéens célébroient tous les cinq ans des jeux appellés éleuthéria. On y donnoit de grands prix à ceux qui couroient armés, & qui devançoient leurs compagnons.

Quand les Platéens vouloient brûler leurs capitaines après leur mort ; ils faisoient marcher un joueur d’instrumens devant le corps, & ensuite des chariots, couverts de branches de lauriers & de myrtes, avec plusieurs chapeaux de fleurs. Etant arrivés proche du bucher, ils mettoient le corps dessus, & offroient du vin & du lait aux dieux. Ensuite le plus considérable d’entr’eux vêtu de pourpre, faisoit retirer les esclaves, & immoloit un taureau. Le sacrifice étant accompli, après avoir adoré Jupiter & Mercure, il convioit à souper les meres de ceux qui étoient morts à la guerre.

Les Platéens célébroient chaque année des sacrifices solemnels aux Grecs qui avoient perdu la vie en leur pays pour la défense commune. Le seizieme jour du mois qu’ils appelloient monastérion, ils faisoient une procession devant laquelle marchoit un trompette qui sonnoit l’alarme ; il étoit suivi de quelques chariots, chargés de myrte & de chapeaux de triomphe, avec un taureau noir ; les premiers de la ville portoient des vases à deux anses pleins de vin, & d’autres jeunes garçons de condition libre tenoient des huiles de senteur dans des phioles.

Le prevôt des Platéens à qui il n’étoit pas permis de toucher du fer, ni d’être vêtu que d’étoffe blanche toute l’année, venoit le dernier portant une saie de pourpre, & tenant en une main une buire & en l’autre une épée nue ; il marchoit en cet équipage par toute la ville jusqu’au cimetiere, où étoient les sépulchres de ceux qui avoient été tués à la bataille de Platée ; alors il puisoit de l’eau dans la fontaine de ce lieu, il en lavoit les colonnes & les statues qui étoient sur ces sépulcres, & les frottoit d’huiles de senteur. Ensuite il immoloit un taureau, & après quelques prieres faites à Jupiter & à Mercure ; il convioit au festin général, les ames des vaillans hommes morts, & disoit à haute voix sur leurs sépultures : je bois aux braves hommes qui ont perdu la vie en défendant la liberté de la Grece. (D. J.)

PLATE-FORME, s. f. (Archit.) maniere de terrasse d’où l’on découvre une belle vûe ; on appelle aussi plate-forme, la couverture d’une maison sans comble, & couverte en terrasse de pierre, de ciment, ou de plomb.

Plate-forme de fondation, (Archit. hydraul.) pieces de bois plates, arrétées avec des chevilles de

fer sur un pilotage, pour asseoir la mâçonnerie dessus, ou posées sur des racinaux dans le fond d’un réservoir, pour y élever un mur de douve. On construit ainsi une plate-forme sur un pilotage ; on enfonce, le plus qu’il est possible, des pieux de bon bois de chêne rond, ou d’aulne, ou d’orme ; on remplit tout le vuide avec des charbons, & par-dessus les pieux on met d’espace en espace des poutres de huit à neuf pouces, que l’on cloue sur la tête des pieux coupés d’égale hauteur. Ayant attaché sur ces poutres de grosses planches de cinq pouces d’épaisseur, on a une espece de plancher qui est ce qu’on appelle la plate-forme. Daviler. (D. J.)

Plate-forme, en terme de guerre, est une élévation de terre où l’on place le canon pour tirer sur l’ennemi. Voyez Rempart, Batterie.

La plate-forme est aussi un lieu préparé avec des madriers ou des planches de bois, pour recevoir & placer le canon que l’on veut mettre en batterie, soit sur des remparts, soit à un siége.

Pour faire une plate-forme, on commence à bien égaliser le terrein qu’elle doit occuper. Ensuite on place les gistes, qui sont cinq pieces de bois qu’on range dans l’espace fixé pour la plate forme, de maniere qu’ils puissent porter & soutentir les planches ou madriers qui la composent. On arrête les gistes dans les endroits, où on les place par des piquets que l’on enfonce à côté de part & d’autre. On couvre les gistes des madriers qui sont taillés, de maniere que la plate forme étant achevée a sept piés & demi de largeur à l’endroit où elle touche le parapet ou l’épaulement de la batterie, 13 piés à son extrémité, & 18 ou 20 piés de longueur.

Le premier de ces madriers, c’est-à-dire celui qui touche le pié du parapet a 9 à 10 pouces de largeur & autant d’épaisseur, on le nomme heurtoir, parce que lorsqu’on tire le canon les roues de l’affut viennent d’abord heurter ou frapper contre ; d’où ensuite elles se reculent par l’effort que la poudre imprime au canon vers la culasse. Pour que ce recul soit moins considérable, on éleve un peu plus la plate forme sur le derriere que sur le devant.

On construit aussi quelquefois les plate formes, sans se servir de gistes. Pour cela, après que le terrein est préparé, on pose d’abord le heurtoir au pié de l’épaulement, puis les madriers dans l’ordre qu’on vient de dire, observant toujours que la plate-forme soit plus élevée à son extrémité qu’auprès du parapet.

Les mortiers ont aussi des plate-formes comme le canon ; elles doivent être encore plus solides, c’est-à-dire construites avec plus de soin, pour qu’elles ne s’affaissent point dans le service du mortier. M. Bélidor prétend que pour tirer long-tems sans être obligé de rétablir les plates formes, il faut pour leur construction en tirer trois madriers de huit pouces de largeur sur six de longueur. Il faut en placer un qui réponde au milieu de la plate forme, & les deux autres de maniere qu’ils déterminent sa largeur à droite & à gauche, tous à-peu-près perpendiculaires à l’épaulement de la batterie. Sur ces madriers, on en pose d’autres de travers ou parallelement à l’épaulement ; il faut que leur superficie soit bien unie & qu’aucun ne se trouve plus élevé que l’autre. (Q)

Plate-formes de comble, (Charpenterie.) pieces de bois plates, assemblées par des entretoises ; ensorte qu’elles forment deux cours, ou deux rangs, dont celui de devant reçoit dans ses pas entaillés par embrevement les chevrons d’un mur, & qui portent sur l’épaisseur des murs. Quand ces plate-formes sont étroites, comme dans les médiocres murs, on les nomme sablieres. (D. J.)

Plate-forme, (Horlogerie.) plaque ronde, remplie de cercles, dans lesquels sont divisés les nombres dont on peut avoir besoin dans l’Horlogerie :