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di novo ristampato, corretto, & agiuntovi la vita del autore, è la continuazione del corriero.

On lui attribue presqu’universellement le divorzzio celeste compris dans ce recueil ; & je ne sache que Girolamo Brussoni & M. de la Monnoie qui soutiennent le contraire.

Cet ouvrage plein de feu, d’esprit & d’imagination, fut imprimé in Villa-franca en 1643, in-douze ; il devoit être divisé en trois livres, dont il n’y a eu que le premier de la main de Pallavicino. On y suppose que Jesus-Christ, poussé à bout par les dissolutions de l’église romaine son épouse, avec plusieurs papes, & particulierement avec Urbain VIII. se résout à faire divorce avec elle ; que le Pere éternel envoie S. Paul sur terre pour y faire les informations nécessaires ; que cet apôtre se transporte à Lucques, à Parme, à Florence, à Venise & à Rome, où il est épouvanté des débordemens horribles qu’il y voit commettre ; que découvert à Rome par un possédé qu’on exorcisoit, & par conséquent obligé de s’enfuir, il oublie son épée, dont le pape s’empare, avec menaces d’en exterminer tous ses ennemis (& voilà le trait imputé par tant d’auteurs au furieux Jules II. assez ingénieusement employé) ; enfin, que sur ses informations le Pere éternel accorde le divorce demandé par Jesus-Christ.

Le second livre devoit traiter des bâtards de l’église romaine, & le troisieme du concours des autres églises pour les secondes noces de Jesus-Christ. On a depuis rempli ce dessein, en ajoutant deux nouveaux volumes au premier, & en les faisant imprimer tous trois à Genève en 1679. On assure que c’est Gregorio Leti qui a fait cette continuation.

Le premier de ces livres a été traduit en diverses langues : il y en a deux traductions françoises ; l’une dont on ignore l’auteur, & qui est intitulée le Céleste divorce, ou la séparation de Jesus-Christ d’avec l’église romaine son épouse, à cause de ses dissolutions, a été imprimée en 1644, in-douze : l’autre qui est de la façon de M. Brodeau d’Oiseville, conseiller au parlement de Metz, est intitulée le Divorce céleste, causé par les désordres & les dissolutions de l’épouse romaine, & dédié à la simplicité des chrétiens scrupuleux, avec la vie de l’auteur, & imprimée à Cologne, ou plûtôt à Amsterdam chez Roger & de Lorme, & 1696, in-douze. La traduction angloise est intitulée, Christ divorced, from the church of Rome, because of her lewdnesss, & imprimée à Londres en 1679, in-8°.

L’Anima di Ferrante Pallavicino, qu’on a mise aussi dans ce recueil, est un petit ouvrage qui fut fait à l’occasion de sa mort, & où la cour de Rome est encore moins ménagée que dans ses écrits ; il fut imprimé in Villa-franca en 1643 in-douze, sous le nom de Giorgio Fallardi ; mais on l’attribue à Jean François Loredano.

On en promettoit six parties, dont on en destinoit une contre les Jésuites, mais on n’en a donné que deux alors, encore la derniere n’a-t-elle presque aucun rapport avec le Pallavicino. Fort long-tems après, quelqu’un s’avisa d’y ajouter les quatre autres parties que l’auteur avoit promises.

La troisieme est intitulée l’infamia de’Giesuiti ; la quatrieme, l’atheismo di Roma ; la cinquieme, il Fravio delle stelle altiere regnanti nel Vaticano ; & la sixieme, l’ignoranza superba. Elles ont été imprimées, conjointement avec les deux premieres, in Colonia, appresso Lodovico Feivaldo, en 1675, en deux volumes in-douze.

Le corriero sualigiato, ou courrier dévalisé de Pallavicino ; & sa buccinata per le api barberini, ou la trompette pour rassembler les abeilles barberines, furent les causes de sa perte : c’est un malheur qu’un homme qui avoit beaucoup d’esprit, en ait fait un si mauvais usage. Plongé dans la volupté, & avide

de gloire, le feu de sa jeunesse le précipita dans toutes sortes de fautes ; il composa des ouvrages indignes de sa naissance & de sa profession, & prouva de plus par sa conduite cette grande vérité.

E che a’voli troppo alti e repentini,
Sogliono i precipizzi esser vicini.

Valla (Laurent), l’un des plus savans hommes de son tems, avoit précédé de deux siecles Pallavicino, car il naquit à Plaisance en 1415, & fut l’un de ceux qui s’opposerent le plus heureusement à la barbarie dont Rome avoit été infectée par les Goths. Il contribua beaucoup à renouveller en Italie la beauté de la langue latine, & mourut à Rome en 1458, âgé de 43 ans. Ses traductions de Thucydide, d’Hérodote & d’Homere, prouvent qu’il n’étoit pas profondément versé dans la langue grecque ; mais ses six livres des élégances de la langue latine, sont fort estimés.

Le pape Grégoire X. étoit natif de Plaisance. Il tint environ 5 ans le siége pontifical, & mourut à Arrezo en 1276. C’est lui qui ordonna le premier qu’après la mort du pape les cardinaux seroient renfermés dans un conclave, & n’en sortiroient point qu’ils n’eussent élu un souverain pontife, afin de ne pas laisser le siége aussi long-tems vacant qu’il l’avoit été après la mort de son prédécesseur. (Le chevalier de Jaucourt.)

Plaisance, (Géog. mod.) baie & port de l’Amérique septentrionale, sur la côte méridionale de l’île de Terre-neuve. La baie a 18 lieues de profondeur ; le port, un des plus beaux de l’Amérique, peut contenir plus de cent vaisseaux à couvert de tous les vents. La France l’a cédé à l’Angleterre par le traité d’Utrecht. Long. 325. 40′. Latit. 47. 42′. (D. J.)

Plaisance, maison de plaisance de Pline, (Archit. anc.) La maison de plaisance de Pline le jeune, dont Scamozzi nous a donné les desseins, offroit un séjour des plus délicieux de l’Italie. Elle étoit située à 17 milles de Rome, sur la voie Laurentine ; elle avoit son entrée du côté du nord ; sa droite vers l’est, étoit embellie par de magnifiques jardins ; à sa gauche, vers l’ouest, étoient les jardins potagers, & ce qui est nécessaire au ménage ; du côté du sud elle avoit vûe sur la mer, qui baignoit le pié de ses murailles.

L’entrée avoit un grand perron en dehors, dont la couverture du palier étoit soutenue par plusieurs colonnes : l’on entroit d’abord dans une grande sale, à chaque côté de laquelle il y avoit une cour ornée d’un superbe portique rond à colonnes, entre lesquelles il y avoit des fenêtres de pierre transparentes ; autour du portique étoit un chemin libre, avec une entrée & une sortie de quatre côtés.

Les quatre angles de cette cour étoient occupés les uns par des escaliers, & les autres par des cabinets. De cette cour on entroit dans un sallon à chaque côté duquel il y avoit deux chambres & un escalier vis-à-vis de l’entrée ; il y en avoit une seconde par où l’on se rendoit dans une vaste cour entourée de logemens à droite & à gauche, avec un passage pour aller dans les jardins.

A l’autre bout de cette cour, vers le sud, on trouvoit un vestibule à chaque côté duquel il y avoit deux chambres dont la vûe étoit sur la mer ; & au derriere du vestibule, une grande salle saillante en dehors sur la mer, qui la baignoit par trois côtés. (D. J.)

PLAISANT, adj. PLAISANTERIE, s. f. (Grammaire & Morale.) c’est une maniere de s’amuser si dangereuse, que le plus sûr est de s’en abstenir. La religion, les matieres d’état, les grands hommes, les affaires graves des particuliers, en un mot tout ce qui est digne de respect ou de pitié, doit être privilégié de la plaisanterie. Son succès dans les cotteries dépend moins de la finesse d’esprit de l’auteur qui les emploie, que de l’attention qu’il porte à ne ridiculiser que les hommes ou les choses qui ne sont pas du