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souhaitez, je prie Dieu qu’il veuille vous pardonner ce grand crime, aussi-bien qu’à mes ennemis qui en sont les instrumens ; & qu’assis au dernier jour sur son trône devant lequel vous & moi comparoîtrons bien-tôt, & où mon innocence, quoi qu’on puisse dire, sera ouvertement reconnue ; je le prie, dis-je, qu’alors il ne vous fasse pas rendre un compte rigoureux du traitement cruel & indigne que vous m’aurez fait.

» La derniere & la seule chose que je vous demande, est que je sois seule à porter tout le poids de votre indignation, & que ces pauvres & innocens gentilshommes qui, m’a-t-on dit, sont retenus à cause de moi dans une étroite prison, n’en reçoivent aucun mal. Si jamais j’ai trouvé grace devant vous ; si jamais le nom d’Anne de Boulen a été agréable à vos oreilles, ne me refusez pas cette demande, & je ne vous importunerai plus sur quoi que ce soit ; au contraire j’adresserai toujours mes ardentes prieres à Dieu, afin qu’il lui plaise vous maintenir en sa bonne garde & vous diriger en toutes vos actions. De ma triste prison à la Tour, le 6 de Mai. Votre très-fidelle & très-obéissante femme,

» Anne de Boulen ». (D. J.)

Placet, s. m. ustensile, petit siege bas ; rembourré, sans bras ni dossier.

PLACHMALL, (Métallurgie.) c’est ainsi qu’on nomme l’argent scorifié par le moyen du soufre dans le départ qui se fait par la voie seche, c’est-à-dire par la fonte.

PLACIA, (Géogr. anc.) Hérodote, l. I. écrit Πλακίη ; ville de Mysie, selon Pline, l. V. c. xxxij. c’étoit une petite colonie des Pélasgiens. Denis d’Halycarnasse, l. I. en nomme les habitans Placiani.

PLACIENE, la mere, (Inscript.) μήτηρ πλακιανὴ. La mere Placiene est Cybele, la mere des dieux, la mere par excellence ; elle étoit honorée en divers lieux de l’Orient d’où elle prit les différens noms de Berecynthe, de Sipylene, d’Idéene, de Dindymene, & c. Mais comme cette déesse étoit particulierement adorée à Placia, ville voisine & dépendante de Cyzique, c’est pour cette raison qu’on l’appelloir Placiene. Il reste un marbre dans ceux de la bibliotheque du roi, qui lui donne cette qualification. Voyez Placia, Géog. (D. J.)

PLACIER, s. m. (Comm.) le fermier des places d’un marché, celui qui loue les places aux harangeres, fruitieres & autres gens de marché. Le placier de la salle rend de sa ferme une certaine somme au domaine. Il est tenu de faire nettoyer le marché.

PLACITA, (Histoire de France.) espece de parlement ambulatoire que tenoient les premiers rois de la monarchie françoise ; c’est de-là qu’est venu le mot de plaid. (D. J.)

PLACITÉ, adj. (Jurisprud.) du latin placitum, signifioit dans l’origine plaît ou plaisir, volonté. Le seigneur convoquoit ses vassaux & sujets ad placitum suum, c’est-à-dire pour venir à son mandement, pour entendre sa volonté ; & comme dans cette convocation ou assise, on rendoit la justice, on a pris placitum pour plaid, ou assise de justice.

Nos rois des deux premieres races avoient leur placité général, ou grande assise, leur cour pléniere qu’ils tenoient avec les grands du royaume, laquelle assemblée sous la troisieme race a été appellée parlement.

En Normandie, on appelle placités ou articles placités certains articles arrêtés par le parlement les chambres assemblées le 6 Avril 1666 contenant plusieurs usages de la province, lesquels articles furent envoyés au roi, avec priere à S. M. de trouver agréable qu’ils fussent lus & publiés, tant en l’audience de la cour, qu’en toutes les jurisdictions du ressort. (A)

PLACTIQUE, adj. (Astrolog.) il se dit d’un aspect

qui n’est pas dans le juste degré. Nous ne nous étendrons pas davantage sur ces mots, parce qu’ils sont vuides de sens, que la science à laquelle ils appartiennent est chimérique, que les auteurs qui en ont traité ne meritent pas d’être lus, & qu’il seroit à souhaiter qu’on laissât sortir de la langue toutes les expressions qui appartiennent à un système d’erreurs reconnues.

PLAFOND, s. m. (Archit.) c’est la partie supérieure d’un appartement, qu’on garnit ordinairement de plâtre, & qu’on peint quelquefois : les plafonds sont faits pour cacher les poutres & les solives.

Comme la plûpart des plafonds antiques étoient de bois, ainsi que les nôtres : il n’en reste point de vestiges ; & l’on n’en peut juger que par les écrits de Vitruve & des autres auteurs qui ont fait la description des édifices de l’antiquité. Ils nous apprennent que les plafonds des palais étoient de bois précieux, & d’ouvrages de marqueterie fort riches par la diversité des bois de couleurs, de l’ivoire & des nacres de perle, & par les compartimens qui les composoient. Il y en avoit qui étoient ornés de lames de bronze, ou faits tout entiers de cette matiere. Tel étoit le plafond du portique du panthéon, qui ne subsiste plus.

Ces sortes de plafonds conviennent fort aux loges, sallons & grandes pieces, où la hauteur du plancher donne assez d’éloignement pour les voir d’une distance raisonnable, parce que dans les petites pieces dépendantes des grandes, il faut le moins de relief qu’il se peut. Il y faut observer des proportions qui consistent dans la division des compartimens, dont les quadres doivent répondre aux vuides des murs, comme aux fenêtres & aux portes, ce que les poutres reglent assez facilement. Or dans les grandes pieces, il faut de grandes parties, & particulierement une qui marque le milieu, & qui soit différente des autres par sa figure. Par exemple, elle doit être ronde ou octogone pour les pieces quarrées, & ovales pour les rondes.

Les renforcemens peuvent être ornés de roses tombant en pendentifs, qui ne doivent pas excéder l’arasement des poutres principales. Les corniches ou entablemens doivent être tellement proportionnés, que leur profil qui est ordinairement fort riche, ait la même hauteur que si l’ordre étoit au-dessous, au cas qu’il n’y fût pas ; parce qu’on est sûr que la corniche ne sera ni trop puissante, ni trop foible, lorsqu’elle sera élevée à la hauteur de l’ordre qu’elle doit couronner.

Les frises peuvent recevoir de grands ornemens en cet endroit, pourvu qu’ils soient convenables aux lieux & aux personnes ; ce que Scamozzi a pratiqué fort-à-propos dans les salles de la procuratie de S. Marc, où il a mis les portraits des hommes illustres qui ont rendu de grands services à la république.

Outre les plafonds garnis de plâtre, il y en a de pierre qui sont nuds, & d’autres qu’on enrichit de peintures : nous ferons un article à part de ces derniers plafonds, & nous ne dirons ici qu’un mot des plafonds de pierre.

On appelle plafond de pierre le dessous d’un plancher fait de dalles de pierre dure, ou de pierre de hauteur d’appareil. Ces plafonds sont ou simples, comme celui du porche de l’église de l’Assomption, rue saint Honoré à Paris ; ou avec compartimens & sculptures, comme au portail du Louvre.

Façon de faire les plafonds en blanc en bourre. Quand vous aurez latté votre plafond, vous y mettrez une couche d’environ trois à quatre lignes d’épaisseur. Cette couche est composée d’une bonne terre blanche, un peu grasse & graveleuse, & on met douze boisseaux de cette terre, trois boisseaux de chaux-vive, trois livres de bourre grise de Tanneur.

Seconde couche : en faire avec de la bourre ou tonture d’étoffes ; l’on met trois livres de cette bourre