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piés tous les jours avec de l’eau bien froide, où l’on ajoute un peu de vinaigre, changer chaque fois de chaussons, & ne point porter de bas de laine.

Piés & Jambes des oiseaux, (Ornith.) ce sont les instrumens du mouvement progressif des oiseaux sur terre & dans les eaux. Les jambes sont pliées dans tous les oiseaux, afin qu’ils puissent se percher, jucher, & se reposer plus facilement. Cette duplicature les aide encore à prendre l’essor pour voler, & se trouvant repliée contre les corps, elle ne porte point d’obstacle au vol. Dans certains oiseaux les jambes sont longues pour marcher & fouiller dans les marécages ; en d’autres, elles sont d’une longueur médiocre, & dans d’autres plus courtes ; & toujours convenables à leur caractere, & à leur maniere de vivre.

Elles sont placées tant-soit-peu hors du centre de gravité, mais davantage dans les oiseaux qui nagent, afin de mieux diriger & pousser le corps dans l’eau, de même que pour l’assister dans l’action de plonger. Les piés des oiseaux nageurs sont dans quelques-uns entiers, en d’autres fourchus avec des doigts garnis de nageoires.

Quoique les oiseaux ne marchent que sur deux piés, ils ne posent point sur le talon ; mais ils ont ordinairement un doigt derriere, de même que les animaux à piés fourchés ont deux ergots, sur lesquels néanmoins ils ne s’appuient point. Le doigt qui est derriere le pié aux oiseaux leur sert aussi davantage à se percher qu’à marcher. L’autruche qui ne vole & ne se perche jamais, n’a que deux doigts à chaque pié, encore ne pose-t-il que sur un seul ; & ce doigt ressemble parfaitement au pié de l’homme quand il est chaussé.

Les piés de l’onocrotale, que nous appellons pélican, & ceux du cormoran ont une structure & un usage bien extraordinaires. Ces oiseaux qui vont prendre le poisson dans les rivieres, ont les quatre doigts du pié joints ensemble par des peaux, & ces doigts sont tournés en-dedans, tout au-contraire de ceux des piés de tous les autres animaux, où les doigts des piés sont ordinairement en-dehors, pour rendre l’assiette des deux piés plus large & plus ferme. Or la structure est différente dans les deux oiseaux dont il s’agit ici, de sorte qu’ils peuvent nager avec un seul pié, tandis qu’ils ont l’autre employé à tenir le poissons qu’ils apportent au bord de l’eau. En effet, leurs longs doigts par de larges membranes qui composent comme un grand aviron, étant ainsi tournés en-dedans, font que cet aviron agit justement au milieu du corps, & les fait aller droit ; ce qu’un seul pié tourné en-dehors, ainsi qu’il est aux oies & aux canards, ne pourroit exécuter ; de même qu’un seul aviron, qui n’agit qu’à un des côtés d’une nacelle ne la sauroit faire aller droit.

Enfin c’est une chose remarquable de voir avec combien d’exactitude les jambes & les piés de tous les oiseaux aquatiques répondent à leur maniere de vivre. Car ou-bien les jambes sont longues & propres à marcher dans l’eau, en ce cas elles sont nues, & sans plumes à une bonne partie au-dessus des genoux ; ce qui les rend plus propres à ce dessein, ou-bien les doigts des piés sont tout-à-fait larges : dans ceux que les Anglois appellent mud-suckers (suceurs de boue), deux des doigts sont en quelque sorte joints ensemble, pour qu’ils n’enfoncent pas facilement, en marchant dans des lieux marécageux & pleins de fondrieres. Quant à ceux qui ont les piés entiers, ou dont les doigts sont joints par des membranes, si l’on en excepte quelques-uns, les jambes sont en général courtes, & les plus convenables pour nager. C’est une chose très-curieuse de voir avec quel artifice ces oiseaux retirent & serrent les doigts du pié, lorsqu’ils levent les jambes, & qu’ils se préparent à frapper l’eau ; & comment au contraire par

un artifice également grand, ils étendent & écartent les doigts des piés, lorsqu’ils les appuient sur l’eau, & qu’ils veulent s’avancer. (D. J.)

Pié, (Hist. nat. des insectes.) c’est la troisieme partie de la jambe d’un insecte.

L’on y remarque ordinairement quelques articulations qui sont ou rondes, ou de la figure d’un cœur renversé, & dont la pointe est en haut. Les uns en ont deux, & d’autres en ont jusqu’à cinq. A l’antérieure de ces articulations, quelques uns ont deux pointes crochues, à l’aide desquelles ils s’attachent aux choses les plus polies. Entre ces pointes, d’autres ont encore une plante de pié qui leur sert à s’accrocher dans les endroits où les pointes seroient inutiles. Elle produit le même effet que le morceau de cuir mouillé, que les enfans appliquent sur une pierre, & qui s’y attache si fort, qu’ils peuvent lever la pierre en l’air, sans qu’elle se détache.

Griendelius attribue la cause de cette adhésion à la courbure de leurs ongles ; & Bonnani aux coussinets qu’ils ont à l’extrémité de leurs piés, parce que quoique les poux & les puces aient aux piés des ongles crochus, ils ne laissent pas, lorsqu’on les a posés sur une glace de miroir, de glisser en bas dès qu’on le dresse, ce que ne sont pas ceux qui ont de pareils coussinets. D’autres enfin prétendent que les insectes qui peuvent monter le long des corps les plus polis, le font par le moyen d’une humeur glutineuse, qu’ils expriment des coussinets qu’ils ont aux pattes.

Il y a des insectes qui ont une espece de palette aux genoux, avec laquelle ils peuvent s’accrocher aux corps auxquels ils veulent se tenir. Cette palette se trouve à la premiere paire de jambe. Les mâles de plusieurs especes de scarabées aquatiques en ont ; mais M. Lyonnet n’en a jamais vu aux femelles ; son observation feroit donc soupçonner que cette palette n’est donnée aux mâles, qu’afin de pouvoir mieux se tenir aux femelles lorsqu’ils s’accouplent ; du moins ne manquent-ils pas alors d’en faire cet usage.

Le scarabée aquatique a en-dedans de la palette du genou un muscle qu’il peut retirer. Quand il a appliqué cette palette contre quelque corps, elle s’y joint très-étroitement ; c’est par ce moyen que cet insecte s’attache fortement à sa femelle, à sa proie, ou à tel autre corps que bon lui semble.

Les insectes qui ont des piés n’en ont pas tous le même nombre, qui varie extrèmement, suivant l’espece ; ils sont communément situés sous le ventre.

Quelques-uns des insectes qui manquent de piés, ont, en divers endroits de leur corps, de petites pointes qui y suppléent ; ils s’en servent pour s’acrocher & se tenir fermes aux corps solides. L’on trouve par exemple, dans la fiente des chevaux, un ver de la longueur de huit ou dix lignes, & dont le corps est à-peu-près de la figure d’un noyau de cerise ; cet insecte a six anneaux, par le moyen desquels il s’alonge & se racourcit ; le tour de chacun de ces anneaux est garni de petites pointes aiguës ; de sorte que quand le ver les redresse, il peut les planter dans les entrailles des chevaux, & s’y tenir si ferme, que l’expulsion des excrémens a de la peine à l’entraîner malgré lui. (D. J.)

Pié, (Critique sacrée.) les piés dans le style de l’Ecriture se prennent au sens naturel & au figuré, de differentes manieres ; 1°. au sens naturel, la sunamite se jetta aux piés d’Elisée ; c’étoit encore une marque de respect des femmes à l’egard des hommes, que de toucher les piés.

2°. Au sens figuré pour la chaussure, pes tuus non est subtritus. Deut. viij. 4. les souliers que vous avez à vos piés ne sont point usés.

3°. Pour les parties que la pudeur ne permet pas de nommer. In die illâ tradet Dominus novacula, ca-