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& à les rendre fluides, sont bons pour dissiper ce venin.

Les phalanges écrasées & appliquées autour du poignet à l’entrée de l’accès d’une fievre intermittente, la guérissent quelquefois à cause de leur sel volatil qui entre par les pores, & qui dissout ou emporte par sa volatilité l’humeur qui causoit la fievre.

PHALANGIUM, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur liliacée, & composée de six pétales. Le pistil sort du milieu de cette fleur, & devient dans la suite un fruit arrondi & divisé en trois loges, qui renferme des semences anguleuses. Ajoutez aux caracteres de ce genre que la racine est fibreuse, ce qui fera distinguer aisément le phalangium de l’ornitogalum. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

PHALANGOSE, s. f. (Médec.) φαλάγγωσις ; nous dirions en françois, rangée d’un grand nombre de cils des paupieres, qui se portent au-dedans de l’œil & l’offensent ; selon Paul Eginete, la phalongose est un renversement du bord de la paupiere au-dedans de l’œil, sans aucune relaxation de cette paupiere ; ce vice de la paupiere est une espece de trichiase. Voyez ce mot.

PHALANNA, (Géog. anc.) 1°. ville de la Perrhébie. Lycophron écrit Phalanum : ville de l’île de Crete : Etienne le géographe dit que Phagiadès le péripatéticien étoit natif de cette ville. (D. J.)

PHALARIQUE, s. f. (Art milit. des anc.) phalarica ; c’étoit un dard d’une espece particuliere. Voici la description que Tite-Live en fait, l. XXI. Phalalarica erat Saguntinis missile telum, hastili oblongo, & ceterâ tereti, præterquam ad extremum, ubi ferrum extabat. Et sicut in pilo quadratum in stupa circumligabant, linebantque pice. Ferrum autem tres in longum habeat pedes, ut cum armis transfigere corpus posset. Sed id maximè, etiamsi hæsisset in scuto, nec penetrasset in corpus, pavorem faciebat : quod cum medium accensum mitteretur, conceptumque ipso motu multò majorem ignem ferret, arma omitti cogebat, nudumque militem ad insequentes ictus præbebat.

La phalarique étoit donc une longue lance, une espece de pertuisane, & il falloit qu’elle fût grosse, puisque Silius Italicus l’appelle trabs. Son fer avoit trois piés de longueur ; c’étoit une arme blanche, & une arme à feu. Dans le combat de Turnus, décrit par Virgile, Æneid. l. IX. v. 702. la phalarique ne paroît pas une arme à feu. Dans d’autres occasions, on enveloppoit le fer qui étoit quarré, d’étoupes poissées : on y mettoit le feu, & on le lançoit avec la balliste contre les tours de bois appellée fali, & contre les machines de guerre, quelquefois même contre des hommes, dont on perçoit le bouclier, la cuirasse, & le corps en même tems. Ce fut cette sorte particuliere d’armes dont se servirent les Sagontins dans la défense de leur ville, comme dit Tite-Live, que j’ai cité ci-dessus. (D. J.)

PHALARIS, s. m. (Botan.) genre de plante dont voici les caracteres, selon Ray. Il porte un gros épi composé d’un amas écailleux de gousses pleines de semences ; deux de ces gousses sont creuses, carinées, contenant une graine enveloppée de sa cosse. Le même botaniste établit huit especes de phalaris, dont la plus connue est à graines blanches ; c’est le gramen spicatum, semine miliaceo albo, de Tournefort. I. R. H. 518.

Mais le phalaris dans le système de Linnæus, renferme tous les phalaroïdes, & forme un genre distinct de plante qu’il caractérise ainsi. Le calice, qui ne contient qu’une fleur est large, obtus, applati, forme de deux pieces, dont chacune est applatie, obtuse en-dessus, avec des bords qui se rencontrent en lignes paralleles. La fleur est aussi à deux pieces, & plus petite que le calice. Les étamines sont trois filets capillaires, plus courts que le calice. Les bosset-

tes des étamines sont oblongues ; l’embryon du pistil est arrondi ; les stiles sont au nombre de deux, & très-déliés ; les stygmates sont chevelus ; la fleur sert d’une enveloppe serrée à la semence. Cette graine est unique, lisse, arrondie, mais pointue aux deux bouts. (D. J.)

PHALARNA, ou plutôt PHALASARNA, (Géog. anc.) comme lit Cataubon dans Strabon, liv. X. p. 479. Décéarque parle de Phalasarna en ces termes : on dit qu’il y a dans l’ile de Crete une ville nommée Phalasarna, située à l’occident de cette île ; qu’elle a un port qu’on peut fermer, & un temple de Diane Dietynne. On croit que c’est présentement le bourg Concarini.

PHALERE, Phalerum, (Géog. anc.) ancien port & ville de l’Attique, nommé auparavant Phanos, selon Suidas. C’étoit le port de la ville d’Athenes ; il étoit extrèmement habité avant que Thémistocle eût entrepris de fortifier le Pyrée, & d’y transporter la marine.

C’est au Phalere qu’on avoit mis les autels des dieux inconnus, dont a parlé S. Paul. « En passant, dit cet apôtre, & en contemplant vos dévotions, j’ai trouvé même un autel, où il y avoit cette inscription, au dieu inconnu : Je vous annonce donc celui que vous honorez sans le connoître ».

L’inscription n’étoit pas telle que S. Paul la rapportoit, au dieu inconnu ; car il y avoit, aux dieux de l’Asie, de l’Europe & de l’Afrique, dieux inconnus & étrangers ; mais comme l’apôtre n’avoit pas besoin de plusieurs divinités inconnues, & qu’il ne lui falloit qu’un dieu inconnu, il s’est servi du singulier au lieu du plurier.

Pausanias, Philostrate & Suidas se servent du nombre plurier, quand ils parlent de l’inscription de cet autel, & Diogéne Laërce attribue à Epiménide d’avoir fait bâtir des autels sans nom ; or c’est à Epimenide qu’on attribue ordinairement l’autel des dieux inconnus ; mais il ne laisse pas d’être vrai que Théophilacte, Isidore de Péluse, Æcumenius & Chrysostome, se sont servi du singulier en parlant de cet autel. Meursius assure que les habitans d’Athènes s’étant convertis à l’Evangile, consacrerent au dieu inconnu, le temple ou l’autel d’Epiménide avoit été élevé.

On voit encore à la distance d’un mille de Phalere sur le rivage, le lieu où étoit jadis la forteresse de Munichia, dont il est si souvent parlé dans l’histoire ancienne, tant par la beauté de son temple de Diane, qu’à cause que les gens qu’on maltraitoit au Pyrée & à Phalere, y trouvoient un sûr asyle.

Le Phalere se nomme aujourd’hui Porto, & est à cinq quarts de lieues d’Athènes, mais sans avoir un seul habitant. Wheler dit qu’il y reste seulement quelques vestiges des murailles qui fermoient autrefois ce port. Il est aujourd’hui plein de sable, tout à découvert tant au vent du sud en été, qu’au vent d’aval en hiver ; & les vaisseaux qui y mouillent sont forcés de se tenir au large, parce qu’il n’y a pas de fond ; ensorte que les Athéniens eurent raison d’abandonner ce port, pour retirer leurs vaisseaux dans le Pyrée.

Cependant on est toujours tenté d’y débarquer, quand on se rappelle que le poëte Musée, qui inventa la sphere, y a sa sépulture depuis trois mille ans ; & plus encore, quand on songe que c’est dans ce lieu que vit le jour un des plus grands hommes qu’Athènes ait jamais produit ; je parle de Démétrius de Phalere, philosophe péripatéticien, homme d’état, savant & plein de modération. Il s’éleva par son mérite, devint archonte d’Athenes, & gouverna cette république pendant dix ans avec un pouvoir absolu, dont il n’abusa jamais.

On ne sait pas précisément l’année qu’il naquit,