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pece de grès. Voyez Transact. Philosoph. . 369.

Les gravités spécifiques du sang humain, de ses résidences fibreuses, & celle du serum, ont été déterminées par le même auteur. Trans. Phil. n°. 361.

Les pesanteurs spécifiques des liqueurs ont toutes été déterminées lorsqu’elles avoient le même degré de chaleur, savoir quatre degrés au-dessus du thermometre de M. de Réaumur.

Il est bon d’observer que les gravités spécifiques des corps solides & des corps fluides, sont différentes en été & en hiver ; cependant afin qu’on soit plus à portée de juger par comparaison, si les espaces de la dilatation causée par un même degré de feu, sont entr’eux comme les dilatations des corps dilatés, ou en raison réciproque de leurs densités ; je crois qu’il ne seroit point hors de propos de mettre ici la table que le docteur Musschenbrock nous a donnée des pesanteurs spécifiques des différentes liqueurs en été & en hiver.

En été.
En hiver.
onc. gros, grains. onc. gros, grains.
Le mercure, 7. 1. 66. 0. 7. 14.
L’huile de vitriol, 0. 7. 59. 0. 7. 71.
L’esprit de vitriol, 0. 5. 33. 0. 5. 38.
L’esprit de nitre, 0. 6. 24. 0. 6. 44.
L’esprit de sel, 0. 5. 49. 0. 5. 55.
L’eau forte, 0. 6. 23. 0. 6. 35.
Le vinaigre, 0. 5. 25. 0. 5. 21.
Le vinaigre distillé, 0. 5. 11. 0. 5. 15.
L’esprit de vin, 0. 4. 32. 0. 4. 42.
Le lait, 0. 5. 20. 0. 5. 25.
L’eau de riviere, 0. 5. 10. 0. 5. 13.
L’eau de puits, 0. 5. 11. 0. 5. 14.
L’eau distillée, 0. 5. 8. 0. 5. 11.

Voyez là-dessus le fameux Boyle, dans son traité intitulé Medicina hydrostatica ; Musschenbroeck ; les élémens de Physique de M. Cotes, & la chimie de Boerhaave. (Le Chevalier de Jaucourt.)

Pesanteur, Poids, Gravité, (Synon.) la pesanteur est dans le corps une qualité qu’on sent & qu’on distingue par elle-même. Le poids est la mesure ou le degré de cette qualité, on ne le connoît que par comparaison. La gravité désigne une certaine mesure générale & indéfinie de pesanteur. Ce mot se prend en Physique pour la force que le vulgaire appelle pesanteur, & en vertu de laquelle les corps tendent vers la terre. Dans le système newtonien, gravité se dit quelquefois de la force par laquelle un corps quelconque tend vers un autre.

On se sert fréquemment du mot de gravité au figuré, lorsqu’il s’agit de mœurs & de manieres, & ce mot se prend en bonne part. Le poids se prend aussi au figuré en bonne part ; il s’applique à cette sorte de mérite qui naît de l’habileté jointe à un extérieur réservé, & qui procure à celui qui le possede du crédit & de l’autorité sur l’esprit des autres ; mais le mot pesanteur au figuré se prend en mauvaise part ; elle est alors une qualité opposée à celle qui provient de la pénétration & de la vivacité de l’esprit.

Rien n’est si propre à délivrer l’esprit de sa pesanteur naturelle que le commerce des femmes & de la cour ; la réputation donne plus de poids chez le commun du peuple que le vrai mérite : l’étude du cabinet rend savant, & la réflexion rend sage ; mais l’une & l’autre émoussent quelquefois la vivacité de l’esprit, & le font paroître pesant dans la conversation, quoiqu’il pense finement. (D. J.)

Pesanteur, (Médecine.) c’est un état de nonchalance qui vient d’une transpiration diminuée, ou qui se fait avec peine, ou bien de ce que l’on prend du froid, ainsi que l’on s’exprime communément. C’est pourquoi, comme cet état est fort souvent accompagné d’un écoulement du nez, des yeux, on

prend indifféremment les mots gravedo & coryza l’un pour l’autre. Voyez Corysa, Enchifrenement & Rhume.

PESARO, (Géog. mod.) en latin Pisaurum, ville d’Italie, capitale d’une seigneurie de même nom, & la plus grande du duché d’Urbin. Elle est riante, fertile, produisant des olives, des figues exquises & toutes les commodités de la vie. Son évêché est suffragant d’Urbin. Sa position est agréable, sur une hauteur, à l’embouchure de la Foglia, dans la mer Adriatique, au-dessous de plusieurs côteaux, à 7 lieues. N. E. d’Urbin, 50 N. E. de Rome. Long. 30 35. latit. 43. 56.

Cette ville que l’on croit colonie romaine, fut détruite par Totila, & rétablie quelque tems après par Belisaire, plus belle qu’elle n’étoit auparavant. On peut lire sur les antiquités de Pesaro l’ouvrage intitulé Marmora Pisaurensia, imprimé dans cette ville en 1738, in-folio.

Jean-François Albani naquit à Pesaro, devint cardinal ; & étant âgé de 51 ans, il succéda en 1700 à Innocent XI. il prit alors le nom de Clément XI. & fut sacré évêque après son exaltation, ce qu’on n’avoit pas vû depuis Clément VIII.

Dans la guerre, entre Louis XIV. & l’empereur. il se détermina suivant les évenemens de la fortune. L’empereur, dit le poëte historien du siecle de Louis XIV, força Clement XI. en 1708 à reconnoîre l’archiduc pour roi d’Espagne. Ce pape, dont on disoit qu’il ressembloit à S. Pierre, parce qu’il affirmoit, nioit, se repentoit & pleuroit, avoit toujours reconnu Philippe V. à l’exemple de son prédécesseur ; & il étoit attache à la maison de Bourbon. L’empereur l’en punit, en déclarant dépendans de l’empire beaucoup de fiefs qui relevoient jusqu’alors des papes, & sur-tout Parme & Plaisance, en ravageant quelques terres ecclésiastiques, en se saisissant de la ville de Commacchio.

Autrefois un pape eût excommunié tout empereur qui lui auroit disputé le droit le plus léger, & cette excommunication eut fait tomber l’empereur du trône. Mais la puissance des clés étant réduite au point où elle doit l’être, Clément XI. animé par la France, avoit osé un moment se servir de la puissance du glaive. Il arma, & s’en repentit bien-tôt. Il vit que les Romains, sous un gouvernement tout sacerdotal, n’étoient pas faits pour manier l’épée. Il desarma, il laissa Commacchio en dépôt à l’empereur ; il consentit à écrire à l’archiduc, à notre tres cher fils roi catholique en Espagne.

Une flotte angloise dans la Méditerranée & les troupes allemandes sur ses terres le forcerent bientôt d’écrire à notre très-cher fils roi des Espagnes. Ce suffrage du pape, qui n’étoit rien dans l’empire d’Allemagne, pouvoit quelque chose sur le peuple espagnol, à qui on avoit fait accroire que l’archiduc étoit indigne de régner, parce qu’il étoit protégé par des hérétiques qui s’étoient emparés de Gibraltar.

Le même Clément XI. avoit admiré le livre du P. Quesnel, prêtre de l’Oratoire, mais il le condamna sans peine, quand Louis XIV. l’en sollicita, donna la bulle Vineam Domini, & la constitution Unigenitus. Les censures suivirent ses éloges, & l’Angleterre n’avoit point armé de flotte dans la Méditerranée pour soutenir les Jansénistes.

Au reste, ce pape aimoit les savans, & l’étoit lui-même, quoique la France ne regarde point ses œuvres comme un trésor de grand prix. Il mourut le 19 Mars 1721, à 72 ans, & eut pour successeur Innocent XIII. le huitieme pape de la famille Conti.

Pesaro est aussi la patrie de quelques gens de lettres, & entre autres de Mainus (Jason), un des premiers jurisconsultes de son siecle. Après avoir perdu dans sa jeunesse son bien & ses livres au jeu, il prit le