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tinées que pour quelques fleurons qui contiennent six, huit ou dix coups. On appelle coup chaque partie où la marche de retour, qui est une de celles du pié gauche, demeure levée, tandis que l’ouvrier passera six ou huit coups de navette du côté droit. Le dessein est-il disposé pour le retour ? l’ouvrier ayant achevé la quantité de marches à gauche, au lieu de recommencer par la premiere, revient sur ses pas : pour-lors le dessein étant sur huit marches en contient quinze, quoiqu’il y ait deux fois le mouvement de huit marches, parce que la premiere marche & la derniere n’étant foulées qu’une fois dans le course, tandis que chacune des autres l’est deux fois, ces deux marches n’en doivent composer qu’une, ce qui est un peu difficile à comprendre. Par exemple, en supposant huit marches de retour, vous passez huit coups ; quand vous avez passé la huitieme marche, vous revenez sur vos pas par la septieme jusqu’à la premiere, ce qui ne fait que sept coups pour finir le course, & huit pour le commencement, faisant en tout quinze coups. Il en est de même quant à la façon de passer les fils dans les ligatures pour les péruviennes dont le dessein est à pointe, & dont par conséquent le remettage doit être en zig-zag ainsi qu’il a été démontré dans ce mémoire. Pour cette opération, si le dessein est disposé pour quarante ligatures complettes, il en faut quarante-une, savoir trente-neuf de vingt mailles chacune, & deux de dix qui sont la premiere & la derniere ; conséquemment la premiere & la derniere ne contenant que dix mailles ou ligatures n’en sauroient valoir qu’une. La chose est bien sensible, & pour la faire comprendre, il faut donner un exemple moins étendu ou plus petit en volume de lisses ou ligatures. Veut-on remettre cinq lisses pour faire pointe de vingt mailles chacune ? il faudra que la premiere & la derniere lisse ne contiennent que dix mailles, & ces cinq lisses n’en composeront que quatre : en voici la raison. Le premier fil étant passé sur la premiere lisse, le cinquieme fil, après avoir passé les autres, se trouve sur la cinquieme : or, en retournant sur ses pas, la quatrieme lisse se trouve avoir deux fils, tandis que la cinquieme n’en a qu’un, la troisieme de même, la seconde également, & la premiere en finissant s’en trouve deux ; mais en revenant par contre au remettage, comme on a commencé, la seconde s’en trouve deux, la troisieme de même ainsi que la quatrieme, tandis que la premiere par laquelle on a commencé n’en a qu’un : les points désignés ci-dessous indiqueront cette façon de faire le remettage & les lisses.

Chaque point étant une maille, il est visible que la premiere lisse n’a eu que six mailles de prises ainsi que la cinquieme, tandis que les trois autres en ont douze chacune, ce qui fait que la premiere & la cinquieme ne contiennent pas plus de fils que chacune des trois autres : il est donc d’une nécessité indispensable de bien faire attention, dans cette façon de remettre les métiers, que la premiere & la derniere lisse ne contiennent non-seulement que la moitié des mailles des autres, mais encore que ces mailles soient placées à une distance juste pour que les fils ne soient pas gênés.

Mais, dira-t-on, pour éviter cet embarras de demi-lisses, il n’est besoin que de passer deux fils sur la premiere & deux sur la derniere, afin que toutes les lisses soient égales : à quoi on répond que chaque lisse ne contenant qu’un fil seul dans les étoffes où le

remettage est tel, deux fils qui se trouveroient ensemble marqueroient trop en comparaison des autres. Par exemple, dans la péruvienne, chaque maille de la ligature contenant quatre fils doubles, si on passoit sur deux boucles ensemble quatre fils à chacune, il se trouveroit huit fils doubles ensemble ; & si, par la disposition du dessein, cette premiere ou derniere lisse se trouvoit faire une découpure dans l’étoffe, il arriveroit que cette découpure seroit le double plus large que celles qui se trouveroient faites par les autres lisses, ce qui seroit une défectuosité marquée & qui gâteroit la forme du dessein.

On peut faire la péruvienne avec le corps sans ligatures ; mais comme les desseins pour cette étoffe sont très-petits, la dépense pour monter ces étoffes est diminuée des trois quarts au-moins par la suppression des arcades, des aiguilles, & de seize cens maillons de verre, ce qui fait un objet de plus de 80 livres, tandis qu’avec les ligatures à peine en coûtera-t-il 12 livres : voilà l’objet.

PESADE, s. f. terme de Manége, c’est le premier mouvement du cheval, lorsqu’il leve les piés de devant sans remuer ceux de derriere. C’est la premiere leçon qu’on donne aux chevaux pour manier à courbettes, & autres airs relevés. (D. J.)

Pesage ou Poizage, s. m. (Jurisprud.) droit domanial que le roi perçoit en quelques endroits sur les marchandises qui se pesent sous les halles. Voyez Poids-le-roi. (A)

PESANT, LOURD, (Synon.) voyez l’article Pesanteur.

Le mot de lourd regarde plus proprement ce qui charge le corps : celui de pesant a un rapport plus particulier à ce qui charge l’esprit. Il faut de la force pour porter l’un, de la supériorité de génie pour soutenir l’autre.

L’homme foible trouve lourd ce que le robuste trouve léger ; l’administration de toutes les affaires d’un état est un fardeau bien pesant pour un seul : mais on dit une lourde faute, pour signifier une grande imprudence, une faute qui ne pourroit être faite par un habile homme. (D. J.)

Pesant, Pesanteur, (Critiq. sacrée.) Ces mots au figuré signifient poids aggravant ; la pesanteur de la main de Dieu, dans l’Ecriture, est un terme métaphorique, qui marque la rigueur de ses châtimens. Un joug pesant, désigne l’esclavage sous un maître dur. Alligant onera gravia ; Matt. xxiij. 4. les Pharisiens attachent des fardeaux insupportables ; ces fardeaux étoient les fardeaux rigoureux de la loi, joints à ceux de leurs traditions. Populus gravis, marque un grand. Je te louërai, Seigneur, au milieu d’un peuple nombreux ; Ps. iv. 18. Muscæ gravissimæ ; Exod. viij. 24. une multitude de mouches très-incommodes. Væ populo gravi ; Is. j. 4. malheur au peuple chargé d’iniquités. Dormiebat sopore gravi ; Jon. j. 15. Jonas dormoit d’un profond sommeil. (D. J.)

Pesant, (Maréchallerie.) Un cheval pesant est celui qui marche grossierement, & court sans aucune légéreté.

Pesant ou Plomb, terme de Tailleurs, &c. & autres ouvriers qui travaillent en couture. C’est un morceau de fer ou de plomb couvert d’étoffe, qu’ils posent sur l’ouvrage qu’ils travaillent afin de l’assujettir. On l’appelle plus ordinairement un plomb, à cause de la matiere principale dont il est fait.

PESANTEUR, s. f. (Phys.) est cette propriété en vertu de laquelle tous les corps que nous connoissons tombent & s’approchent du centre de la terre, lorsqu’ils ne sont pas soutenus. Il est certain que cette propriété a une cause, & on auroit tort de croire qu’un corps qui tombe, ne tombe point par une autre raison que parce qu’il n’est pas soutenu. Car, qu’on