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l’air du visage, & de l’idée du perruquier : il faut suivre la forme de la tête. Si la forme de la tempe est plate, & que l’on veuille la perruque gonflée, on montera les longs plus haut en faisant la mesure. Si au contraire la tempe est forte & gonflée, on ne montera point les longs si haut, & par conséquent on tirera la perruque plus court. De même si la personne est grande, si elle a le visage maigre & le col long, on l’engagera davantage par les cheveux.

De la maniere de tresser, qu’on entendra mieux encore par les Planches que par ce que nous en allons dire. Pour tresser, il faut donc prendre les deux bâtons, celui où sont les six soies, & celui qui porte la pointe : on les mettra dans les trous de la table. Pour le tournant, il ne faut que trois soies. On prend le n°. premier, qui est le plus court ; on tresse fin & serré à cinq tours : on place son paquet dans la carde qui est devant soi : on en tire à-peu-près sept à huit cheveux de la main droite, & de la gauche on les reprend par la pointe ; on laisse excéder hors des doigts le moins que l’on peut de la tête ; on les passe avec la main derriere les soies, & l’on présente la tête par-devant entre la seconde & la troisieme soie ; puis on les passe par-dessus avec la main droite, & on les reprend entre le pouce & le premier doigt de la gauche. On les repasse là, entre la premiere & la seconde avec le pouce & le premier doigt de la droite ; on les passe par-dessous, & on les reprend de la gauche, en les repassant par la seconde & la troisieme. Après quoi l’on les passe par-dessus ; l’on les reprend des doigts de la gauche, & l’on les repasse entre la premiere & la seconde ; on les reprend des doigts de la droite, & on en repasse le bout entre la seconde & la troisieme. On les tire pour lors de la gauche, en lâchant doucement & en faisant couler la tête de la droite. On laisse passer la tête des cheveux le moins que l’on peut, & on la pousse jusqu’auprès du nœud que l’on a fait ; quand elle est au point que l’on veut, l’on reprend la frisure, que l’on repasse entre la derniere & la seconde soie, en observant de la passer par-devant. Ce dernier tour-ci ne sert qu’à la premiere passée de chaque rang & tournant que l’on veut commencer ; ensuite on retire une autre passe, & l’on travaille de même. Lorsque la passée est faite, elle doit former une m, dont il faut avoir soin de presser les jambes l’une contre l’autre, pour que tout soit égal & ne laisse point d’espace plus grand ou plus petit : vous tressez ainsi jusqu’au chiffre qui marque le 1 ; l’on reprend le 2, & l’on tresse jusqu’à 2 ; puis l’on reprend le 3, & l’on tresse jusqu’au chiffre 3 ; ensuite l’on reprend le 4, & l’on tresse jusqu’au 4, en montant imperceptiblement la garniture : l’on continue jusqu’au 5 ou 6, toujours en remontant de garniture, qui au lieu d’une m, ne forme qu’une n. Alors on prend la passe comme nous venons de dire ; on la passe deux fois en-dessus & une fois en dessous, & on la finit entre la seconde & la troisieme soie : elle en garnit davantage la tresse & la fait plus pressée. Il faut toujours augmenter de garniture jusqu’au dernier paquet, où les passes doivent se trouver d’une bonne pincée. Il faut avoir soin en mettant les paquets dans la carde, de placer un peigne dessus, pour que les cheveux ne viennent pas trop vite ; il faut aussi prendre garde que les paquets soient toujours bien égalisés. A la fin du rang il faut faire une passe d’arrêt, en repassant la tête entre la seconde & derniere jambe de l’m. Autrefois quand on faisoit des devans bien élevés & les tempes à-proportion, on tressoit aussi à bouts levés ; au lieu de passer la main gauche qui tient la passe, on la mettoit par-devant, en passant la tête de la passe entre la premiere & la seconde ; au lieu de passer par-dessus, on repasse par-dessous, & l’on fait le tour à l’ordinaire : ensuite on prend une autre passe que l’on met de l’autre côté, en passant de même par

dedans, & l’on continue le tour de même. Voilà ce qu’on appelle tresser à bouts levés. On tressoit aussi à demi-bouts levés, en faisant celui de devant comme nous venons de dire, & l’autre passe à l’ordinaire.

Pour revenir au tournant, quand on a fait la passe d’arrêt comme nous l’avons dit, on laisse un espace de soie, & l’on recommence par les mêmes paquets par où l’on a fini, en faisant une passe d’arrêt comme on la doit pratiquer à tous les commencemens & fins de chaque rang. Il faut observer de rendre la garniture la même, en faisant aller en arriere ce que l’on a fait aller en devant, c’est-à-dire que les n°. II reviennent aux 10, ainsi des autres à-proportion. Le plus court se trouvera à la fin de la mesure, & les deux côtés seront égaux. Il faut faire un second tournant de même, en observant la même regle, & mettre à la fin de chaque paquet un fil rouge pour marquer tous les étages, ce qui sert beaucoup lorsqu’il est question de poser les rangs ; c’est-à-dire qu’il faut en poser deux dans la hoche du 6. La marque de fil indique où elles commencent & où elles finissent. Lorsqu’on pose les 2 du 6, indiqués par la mesure, on a les 3 sur le 5 dans la hoche du 5, le 4 dans la hoche du 4, le 5 sur le 3 dans celle du 3, le 6 dans celle du 2, & les 8 dans celle du I. Il faut que celui qui monte sache combien de rangs il a posé dans chaque hoche, & qu’il s’arrange en conséquence. Il faut poser les fils à la fin de chaque hoche, à l’autre côté du second tournant, en observant la même régularité & la même garniture qu’à celle du premier côté.

Ensuite il faut bien mettre les deux tournans en boucle devant soi, c’est-à-dire du même côté, & les ôter de dessus le métier ; remonter ensuite le métier avec les six soies, comme nous avons dit, pour commencer le corps de rangs, en le travaillant à six soies. On fait les deux côtés ensemble, & la garniture se trouve égale par le moyen de la mesure. Les premiers rangs commencés sur les six soies, il les faut prendre & aller jusqu’à 6, ainsi des autres, comme nous avons explique, en tournant. Après 3 ou 4 rangs il faut diminuer de garniture jusqu’à la fin, où elle doit être extrèmement legere, en observant de mettre un crin ou deux à chaque passée pour soutenir la tempe. Il faut observer que quand on a fini les grands corps de rangs (on les appelle ainsi, parce que depuis l’endroit où on les pose, ils doivent se rejoindre ensemble par derriere), on en fait plus ou moins aux tempes, selon que l’on veut que la frisure monte, & au-dessus on met un paquet préparé exprès qui ne frise pas beaucoup ; ce paquet s’appelle plaque : on la fait d’une tresse de suite, sans la travailler par rang.

Après les grands, il y a les petits, qu’on appelle ainsi, parce qu’ils ne croissent pas, & qu’ils ne font que la face ; on les termine par des paquets de plaque. Le premier petit rang a la mesure suivante : il commence au troisieme sur le 3, & finit sur le 5 ; quand on a fait jusqu’au 5, l’on prend les paquets de plaque que l’on travaille jusqu’à la raie, ainsi des autres.

Après avoir fait ce que nous venons de dire, c’est-à-dire les corps, on emploie les fournitures. L’on commence par les bords du front : nous avons dit comment on en prenoit la mesure, & qu’il falloit les tresser fin & serré ; à la fin du front on fait une petite étoile, c’est-à-dire cinq ou six passes : tressez ferme, serrez, & laissez de chaque côté un quart de vos trois soies ; nous marquerons en son tems où ces passes doivent se poser. Si la tempe de ladite mesure étoit sur le 2, il seroit à-propos de faire les devans par rang de la longueur du dernier rang d’en haut de la mesure : le 1 & le 2 faits, on mettra un crin à chaque passe ; mais comme la tempe de ces mesures n’est que sur le