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septieme & huitieme numero, mais elles ne servent que dans des cas extraordinaires. Une tête à monter a la forme d’une tête réelle. Voyez les Pl.

Depuis que l’on porte des perruques à bourse, & que l’on fait des montures à oreilles, on a inventé des têtes à tempes, afin que les perruques serrassent mieux sur le front, sur les tempes & sur l’oreille : le bord du front en est très-mince. Depuis le dessus de l’oreille jusqu’au sommet, le bois grossit imperceptiblement toujours en montant ; d’où il arrive que le devant du rebord étant plus serré, prend mieux, serre davantage, & remplit même les tempes les plus creuses. Voyez les Pl.

Il y a encore des têtes creuses. Elles sont moins lourdes, & fatiguent moins la frisure qui se fait sur les genoux ; mais elles donnent plus de peine à celui qui monte. Comme elles sont extrèmement légeres, pour peu que le point arrête, il faut retenir la tête en poussant l’aiguille. Voyez les Pl.

Enfin, il y a des têtes brisées qui s’ouvrent en deux depuis le menton jusqu’au derriere de la tête. Elles servent à monter de petites & de grosses perruques. Pour ces dernieres, on met dans l’entre-deux des planches faites pour cet usage, plus ou moins épaisses, suivant l’ampleur que l’on veut donner à l’ouvrage. Voyez les Pl.

Il faut un métier. Il est composé d’une barre de bois qui peut avoir 2 piés ou 2 piés & de long sur 4 pouces de large & 2 de haut, très-plate en-dessous, & d’un bois un peu lourd pour qu’elle soit plus à plomb sur les genoux. Elle doit être percée aux deux bouts : on met dans ces deux trous un bâton rond de la longueur de 15 à 16 pouces sur 4 ou 4 pouces & de diametre. Les deux trous doivent avoir à-peu-près un pouce d’ouverture, & la grosseur des bâtons doit être proportionnée par le bas à cette ouverture pour qu’ils puissent y entrer. Nous dirons ailleurs à quoi servent ces métiers. On peut pratiquer des trous sur les tables, & y placer les bâtons. Cela est plus solide. Voyez les Pl.

Le perruquier a besoin d’une marmite ou chaudiere. Ce vaisseau doit être fait en poire, plus large par le bas que par le haut. Cette forme empêche les cheveux de remonter lorsqu’ils sont sur les moules. Sa grandeur ordinaire est d’un seau & demi, & il peut contenir 2 livres ou 2 livres & demie de cheveux frisé, sur des moules qui ne soient ni trop gros ni trop petits. Voyez les Pl.

Il lui faut aussi une étuve. Il y en a de rondes & de quarrées. Ceux qui ont du terrein peuvent les faire en maçonnerie comme les fourneaux. Celles que l’on commande aux Menuisiers sont quarrées & de bois de chêne. C’est une espece de coffre de 3 piés & à 4 piés de haut, sur 2 à 2 piés & . On place ordinairement en-dedans une croix de fer. Si l’étuve a 4 piés, il faut que la croix soit posée à la hauteur de 3 piés ou environ, & couverte d’une grille de gros fil de fer, dont les trous soient un peu écartés. Sous la grille, l’on met une poële proportionnée à la grandeur de l’étuve, pleine de charbons bien couverts, & disposés de maniere qu’en se consumant ils ne forment point de cavité. Voyez les Pl.

Les étuves rondes se trouvent chez les Boisseliers. Elles sont du même bois que les seaux. Au défaut des unes & des autres, on peut se servir d’un tonneau bien sec.

Les cheveux s’étagent à différens degrés, depuis 1 jusqu’à 24 tout au plus. Pour les mesurer, on se sert d’une regle d’environ 2 piés, divisée par pouces & par lignes. Le premier degré peut avoir 2 pouces & . Depuis le premier degré jusqu’au septieme degré, on peut augmenter chaque étage d’un demi pouce, depuis le septieme degré jusqu’au douzieme, de 8 lignes ; depuis le douzieme degré jusqu’au sei-

zieme, depuis 8 jusqu’à 11 lignes ; du seizieme an

dix-huitieme, les étages ont 12 lignes de plus ; depuis le dix-huitieme jusqu’au vingtieme, 14 lignes ; depuis le vingtieme jusqu’au vingt-quatrieme, 18 lignes ; enfin, pour le vingt-quatrieme étage, il faut que les cheveux aient 3 quarts d’aune de long, & c’est la derniere longueur qu’on puisse donner aux perruques. Voilà tous les outils. Voyons à-présent la maniere d’employer les cheveux.

Si l’on se propose un ouvrage en cheveux grisaille, il faut avoir soin de séparer les veines de gris sale qui pourroient se trouver dans les coupes dont on veut faire la tire ; car il est assez ordinaire que dans une coupe il y ait trois ou quatre nuances différentes. On les examinera par la pointe, & l’on ôtera ceux qui sont jaunes, ou d’une autre couleur.

On fait cette opération sur toutes les coupes depuis la plus longue jusqu’à la plus courte ; on prend une meche de chacune ; l’on en forme un paquet à-peu-près de la grosseur d’un pouce ; & lorsque les paquets sont faits, on les noue avec du fil de penne (ce fil est ce qui reste attaché aux ensuples, lorsqu’une piece de toile est finie) ; on les étête, c’est-à-dire que l’on ôte la bourre qui se trouve à la tête des cheveux : pour cet effet, l’ouvrier tient le paquet du côté de la pointe par le milieu, & il en laisse hors de sa main environ la longueur de trois doigts ; il les peigne avec un peigne fort, & dont les dents soient un peu larges, jusqu’à ce que la bourre ou le duvet soit entierement tombé ; ce qui arrive lorsque le peigne passe aisément à travers. Il a soin d’égaliser les cheveux le plus qu’il lui est possible.

Pendant ce travail il doit avoir le seran attaché bien ferme sur la table.

Lorsque les paquets sont étêtés, il faut dégraisser les cheveux. Cela se fait ordinairement avec du gruau. On en met un ou deux litrons sur un tablier de cuir que l’on a sur les genoux ; on dénoue le paquet ; on le tient à-peu-près par le milieu ; on l’étale du côté de la tête, & l’on répand une poignée de gruau entre les cheveux que l’on frotte entre les mains, comme une blanchisseuse frotte du linge fin. Après qu’on a opéré sur la tête des cheveux, on le retourne, & en fait autant du côté de la pointe. Après quoi on sépare le gruau le plus qu’il est possible en mêlant les cheveux & en les passant plusieurs fois dans le seran. Pour les bien mêler on tient le paquet par le milieu. Comme dans les paquets il se trouve des cheveux courts & des cheveux longs, on prend de la tête le moins qu’on peut, afin que les cheveux courts qui se trouvent parmi les longs ne puissent pas sortir du paquet. On jette la tête des cheveux dans le seran ; on serre le reste du paquet librement de la main gauche, & avec le premier doigt de la main droite on les tourne en-dedans, & on les peigne avec le seran ; ce qui sert beaucoup à faire sortir le gruau. Après ce travail l’on renoue les paquets que l’on serre bien, & le dégraissage est fini.

Cela fait, il faut tirer les paquets par la tête les uns après les autres. Pour cet effet on a deux petites cardes à côté du seran. On étend les paquets en long sur une de ces cardes, & l’on met la pareille sur les paquets ; ou, au défaut d’une seconde carde, l’on se sert d’une vergette sur laquelle on pose un poids suffisant, pour qu’en tirant les cheveux ils viennent doucement ; il faut observer de les tirer bien droit, & de mêler les cours & les longs le mieux que l’on peut.

Quand tous les paquets du triage seront tous bien tirés, il faut avoir deux cardes à tirer à plat. L’on prend une de ces cardes, l’on y place un gros fil double, plié en doubles écartés de deux doigts, le long des rangées des dents de la carde, en observant que ce fil passe plus du côté de l’anneau que de l’autre côté. L’on prend ensuite les paquets séparément les