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génération, sans conception, sans accroissement, sans diminution, sans changement.

31. Le monde n’est point infini, & il n’y a hors de lui nul corps infini ; car le corps infini est impossible.

32. Il n’y a qu’un monde. S’il y en avoit plusieurs poussés les uns contre les autres, ils se déplaceroient.

33. Le monde est éternel ; il ne peut ni s’accroître ni diminuer.

34. Le monde ou le ciel se meut circulairement par sa nature ; ce mouvement toutefois n’est pas uniforme & le même dans toute son étendue. Il y a des orbes qui en croisent d’autres ; le premier mobile a des contraires ; de-là les causes des vicissitudes, de générations & de corruptions dans les choses sublunaires.

35. Le ciel est sphérique.

36. Le premier mobile se meut uniformément ; il n’a ni commencement, ni milieu, ni fin. Le premier mobile & le premier moteur sont éternels, & ne souffrent aucune altération.

37. Les astres de même nature que le corps ambiant qui les soutient, sont seulement plus denses. Ce sont les causes de la lumiere & de la chaleur. Ils frottent l’air & l’embrasent. C’est sur-tout ce qui a lieu dans la sphere du soleil.

38. Les étoiles fixes ne se meuvent point d’elles-mêmes ; elles suivent la loi de leurs orbes.

39. Le mouvement du premier mobile est le plus rapide. Entre les planetes qui lui sont soumises, celles-là se meuvent le plus vîte qui en sont les moins éloignées, & réciproquement.

40. Les étoiles sont rondes. La lune l’est aussi.

41. La terre est au centre du ciel. Elle est ronde, & immobile dans le milieu qui la soutient. Elle forme un orbe ou globe avec l’eau.

42. L’élement est un corps simple, dans lesquels les corps composés sont divisibles ; & il existe en eux ou en acte ou en puissance.

43. La gravité & la légereté sont les causes motrices des élémens. Le grave est ce qui est porté vers le centre ; le léger ce qui tend vers le ciel.

44. Il y a deux élemens contraires ; la terre qui est grave absolument ; le feu qui est naturellement leger. L’air & l’eau sont d’une nature moyenne entre la terre & le feu, & participent de la nature de ces extrêmes contraires.

45. La génération & la corruption se succédent sans fin. Elle est ou simple, ou accidentelle. Elle a pour cause le premier moteur & la matiere premiere de tout.

46. Etre engendré est un, être altéré, un autre. Dans l’altération, le sujet reste entier, mais les qualités changent. Tout passe dans la génération. L’augmentation ou la diminution est un changement dans la quantité ; le mouvement local, un changement d’espace.

47. L’accroissement suppose nutrition. Il y a nutrition lorsque la substance d’un corps passe dans la substance d’un autre. Un corps animé augmente, si sa quantité s’accroît.

48. L’action & la passion sont mutuelles dans le contact physique. Il a lieu entre des choses en partie dissemblables de forme, en partie semblables de nature ; les unes & les autres tendant à s’assimiler le patient.

49. Les qualités tactiles, objets des sens, naissent des principes & de la différence des élemens qui différentient les corps. Ces qualités sont par paires au nombre de sept ; le froid & le chaud ; l’humide & le sec ; le grave & le léger ; le dur & le mol ; le visqueux & l’aride ; le rude & le doux ; le grossier & le tenu.

50. Entre ces qualités premieres, il y en a deux d’actives, le chaud & le froid ; deux de passives, l’humide & le sec ; le chaud rassemble les homogenes ; le froid dissipe les hétérogenes. On retient difficilement l’humide, le sec facilement.

51. Le feu naît du chaud & de l’aride ; l’air du chaud & de l’humide ; l’eau du froid & de l’humide ; la terre du froid & du sec.

52. Les élemens sont tous convertibles les uns dans les autres, non par génération, mais par altération.

53. Les corps mixtes sont composés ou mélangés de tous les élemens.

54. Il y a trois causes des mixtes ; la matiere qui peut être ou ne pas être telle chose ; la forme, cause de l’essence ; & le mouvement du ciel, cause efficiente universelle.

55. Entre les mixtes, il y en a de parfaits ; il y en a d’imparfaits ; entre les premiers, il faut compter les météores, comme les cometes, la voie lactée, la pluie, la neige, la grêle, les vents, &c.

56. La putréfaction s’oppose à la génération des mixtes parfaits. Tout est sujet à putréfaction, excepté le feu.

57. Les animaux naissent de la putréfaction aidée de la chaleur naturelle.

Principes de la Psychologie d’Aristote. 1. L’ame ne se meut point d’elle-même ; car tout ce qui se meut est mu par un autre.

2. L’ame est la premiere entélechie du corps organique naturelle ; elle a la vie en puissance. La premiere entélechie est le principe de l’opération ; la leconde est l’acte ou l’opération même. Voyez sur ce mot obscur entélechie, l’article Léibnitianisme.

3. L’ame a trois facultés ; la nutritive, la sensitive & la rationelle. La premiere contient les autres en puissance.

4. La nutritive est celle par qui la vie est à toute choses ; ses actes sont la génération & le développement.

5. La sensitive est celle qui les fait sentir. La sensation est en général un changement occasionne dans l’organe par la présence d’un objet apperçu. Le sens ne se meut point de lui-même.

6. Les sens extérieurs sont la vue, l’ouie, l’odorat, le goût, le toucher.

7. Ils sont tous affectés par des especes sensibles abstraites de la matiere, comme la cire reçoit l’impression du cachet.

8. Chaque sens apperçoit les différences de ses objets propres, aveugle sur les objets d’un autre sens. Il y a donc quelqu’autre sens commun & interne, qui saisit le tout, & juge sur le rapport des sens externes.

9. Le sens differe de l’intellect. Tous les animaux ont des sens. Peu ont de l’intellect.

10. La fantaisie ou l’imagination differe du sens & de l’intellect ; quoique sans exercice préliminaire des sens, il n’y ait point d’imagination, comme sans imagination, il n’y a point de pensée.

11. La pensée est un acte de l’intellect qui montre science, opinion & prudence.

12. L’imagination est un mouvement animal, dirigé par le sens en action, en conséquence duquel l’animal est agité, concevant des choses tantôt vraies, tantôt fausses.

13. La mémoire nait de l’imagination. Elle est le magasin de réserve des choses passées ; elle appartient en partie à l’imagination, en partie à l’entendement ; à l’entendement par accident, en elle-même à l’imagination. Elles ont leur principe dans la même faculté de l’ame.

14. La mémoire qui naît de l’impression sur le sens, occasionnée par quelque objet, cesse si trop d’humi-