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aucune membrane commune dont la moëlle soit couverte dans les os, dont les cavités sont pleines d’une substance osseuse & spongieuse, ou osseuse & filamenteuse, ce qui ne seroit point surprenant ; car il est évident qu’alors la moëlle n’est pas ramassée dans une seule cavité, mais qu’elle se trouve distribuée dans plusieurs cellules.

Le même auteur décrit encore dans l’endroit que nous venons de citer, une portion de l’os de la cuisse d’un enfant. Il parut dans la cavité de cet os, divisé avec une scie, une membrane mince comme une toile d’araignée, qui enveloppoit la moëlle, & qui étoit parsemée de petites arteres. Il est donc évident qu’il y a dans la cavité intérieure des os une membrane mince, telle que le périoste interne. Ce dont il est permis de douter, c’est si cette membrane appartient à la moëlle, ou si elle tapisse l’os en qualité du périoste interne, ou si elle est destinée à l’un & à l’autre emploi.

Si nous examinons avec attention ce que Clopton Havers dit dans son ostéologie nouvelle, de la structure de la moëlle, il nous paroîtroit fort vraisemblable que la membrane en question en est distinguée ; car cet auteur avance que la moëlle entiere est contenue sous une membrane mince & transparente, qui est en quelques endroits d’une couleur rougeâtre, comme s’il y avoit de petits vaisseaux sanguins, qui n’appartenoient point du tout à la membrane qui servoit d’enveloppe, & qu’il avoit séparée.

On lit dans cet auteur, immédiatement après ce que nous venons de citer, que la membrane dont il s’agit, non-seulement est attachée à l’os par des petites veines, mais s’insinue même dans les pores obliques, dont la surface interne des os est percée. A s’en tenir à cette description, on prononcera sans balancer, que la membrance mince que nous examinons ici, est adhérente à la surface interne des os, & que des vaisseaux forment sous elle une nouvelle membrane qui couvre la moëlle ; & conséquemment que le périoste interne est distingué de la moëlle à laquelle il est contigu.

L’usage de ce périoste interne sera non-seulement de distribuer des vaisseaux artériels dans les vésicules médullaires, & de recevoir à leur retour des vésicules médullaires les vaisseaux veineux ; mais encore de faciliter l’accroissement & la nutrition des os par le moyen de ces vaisseaux qui entrent dans leur substance & en sortent.

Il y a telle maladie des os, qui suffiroit peut être par les phénomenes qu’on y remarque, pour achever de confirmer tout ce que nous venons de dire du périoste interne. Ruysch, thesaur. 10. n. 179. donne la description & la figure d’un cubitus carié & corrodé, dans la cavité duquel il y avoit un tuyau osseux, entierement séparé de la substance extérieure de cet os, & mobile en tous sens. Il est assez vraissemblable que la partie intérieure de l’os, à la nutrition de laquelle sert principalement le périoste interne, ayant été affectée avec ce périoste même, la partie intérieure & tubuleuse de l’os s’est séparée de sa partie extérieure. De-là naissent des inflammations dans le périoste interne, maladies qui passeront à l’os qui est contigu, de même qu’à la moëlle qui est subjacente ; mais c’en est assez sur cette matiere. (D. J.)

PÉRIPATÉTICIENNE Philosophie, ou Philosophie d’Aristote, ou Aristotélisme, (Hist. de la Philosoph.) Nous avons traité fort au long du Péripatéticisme, ou de la philosophie d’Aristote à l’article Aristotélisme ; il nous en reste cependant des choses intéressantes à dire, que nous avons réservées pour cet article, qui servira de complément à celui du premier volume de cet ouvrage.

De la vie d’Aristote. Nous n’avons rien à ajouter à ce qui en a été dit à l’article Aristotélisme. Con-

sultez cet endroit sur la naissance, l’éducation, les études, le séjour de ce philosophe à la cour de Philippe & à celle d’Alexandre, sur son attachement & sa reconnoissance pour Platon son maître, sur sa vie dans Athènes, sur l’ouverture de son école, sur sa maniere de philosopher, sur sa retraite à Chalcis, sur sa mort, sur ses ouvrages, sur les différentes parties de sa philosophie en général. Mais pour nous conformer à la méthode que nous avons suivie dans tous nos articles de Philosophie, nous allons donner ici les principaux axiomes de chacune des parties de sa doctrine considérées plus attentivement.

De la logique d’Aristote. 1. La logique a pour objet ou le vraissemblable, ou le vrai ; ou, pour dire la même chose en des termes différens, ou la vérité probable, ou la vérité constante & certaine ; le vraissemblable ou la vérité probable appartient à la dialectique, la vérité constante & certaine à l’analyse. Les démonstrations de l’analyse sont certaines ; celles de la dialectique ne sont que vraissemblables.

2. La vérité se démontre, & pour cet effet on se sert du syllogisme, & le syllogisme est ou démonstratif & analytique ; ou topique & dialectique. Le syllogisme est composé de propositions ; les propositions sont composées de termes simples.

3. Un terme est ou homonyme, ou synonyme, ou paronyme ; homonyme, lorsqu’il comprend plusieurs choses diverses sous un nom commun ; synonyme, lorsqu’il n’y a point de différence entre le nom de la chose & sa définition ; paronyme, lorsque les choses qu’il exprime, les mêmes en elles, different par la terminaison & le cas.

4. On peut réduire sous dix classes les termes univoques ; on les appelle prédicamens ou catégories.

5. Et ces dix classes d’êtres peuvent se rapporter ou à la substance qui est par elle-même, ou à l’accident qui a besoin d’un sujet pour être.

6. La substance est ou premiere proprement dite, qui ne peut être le prédicat d’une autre, ni lui adhérer ; ou seconde, subsistante dans la premiere comme les genres & les especes.

7. Il y a neuf classes d’accidens, la quantité, la relation, la qualité, l’action, la passion, le tems, la situation, l’habitude.

8. La quantité est ou contenue ou discrete ; elle n’a point de contraire ; elle n’admet ni le plus ni le moins, & elle dénomme les choses, en les faisant égales ou inégales.

9. La relation est le rapport de toute la nature d’une chose à une autre ; elle admet le plus & le moins ; c’est elle qui entraîne une chose par une autre, qui fait suivre la premiere d’une précédente, & celle-ci d’une seconde, & qui les joint.

10. La qualité se dit de ce que la chose est, & l’on en distingue de quatre sortes, la disposition naturelle & l’habitude, la puissance & l’impuissance naturelles, la passibilité & la passion, la forme & la figure ; elle admet intensité & rémission, & c’est elle qui fait que les choses sont dites semblables ou dissemblables.

11. L’action & la passion ; la passion, de celui qui souffre ; l’action, de celui qui fait, marque le mouvement, admet des contraires, intensité & rémission.

12. Le tems & le lieu, la situation & l’habitude indiquent les circonstances de la chose désignées par ces mots.

13. Après ces prédicamens, il faut considérer les termes qui ne se réduisent point à ce système de classes, comme les opposés ; & l’opposition est ou relative, ou contraire, ou privative, ou contradictoire ; la priorité, la simultanéité, le mouvement, l’avoir.

14. L’énonciation ou la proposition est composée de termes ou mots ; il faut la rapporter à la doctrine de l’interprétation.