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Si l’on met en vibration dans le même tems un pendule & un balancier joint à son ressort, l’expérience fait voir qu’au bout de 90 secondes, le dernier aura perdu tout son mouvement, au lieu que l’autre le conservera pendant dix heures & plus. Ainsi les restitutions du mouvement sur le pendule, sont à celles qu’exige le balancier aidé du ressort, à-peu-près comme un à 400.

Plusieurs causes concourent à cette supériorité du pendule sur le balancier : les particules du ressort éprouvant un frottement les unes sur les autres, quand il reprend sa premiere figure ; la force qu’il devroit communiquer au balancier en est d’autant plus diminuée ; mais ce qui contribue encore plus à la perfection du pendule, c’est la suspension. Voyez Suspension.

L’expérience a montré qu’un long pendule donne plus de régularité qu’un court, en parcourant les mêmes espaces ; en voici les raisons.

1°. Sa lentille descendant par un plan moins incliné, peut être beaucoup plus pesante, parce que son mouvement est moins difficile à restituer, & parce qu’il s’en perd une moindre quantité ; le nombre des oscillations dans un tems quelconque, n’étant pas si considérable, & l’air n’étant point frappé avec autant de rapidité dans chacune d’elles.

2°. Pour des solides de figures semblables, les surfaces n’étant point comme les masses, mais comme les quarrés de leurs racines cubiques, les résistances de l’air deviennent d’autant moins puissantes sur les lentilles fort pesantes.

3°. Ces vibrations plus lentes rendent le rouage plus simple, plus constamment le même, & moins sujet à l’usure. On remarque que dans le, pendules à secondes, par exemple, les trous des pivots ne s’usent presque jamais.

4°. Par toutes les raisons précédentes, la force motrice d’un long pendule peut être beaucoup moins considérable à l’égard du poids vibrant ; & les inégalités de cette force influent beaucoup moins sur la justesse des vibrations. Enfin, les longs pendules peuvent décrire des arcs beaucoup plus petits, qui, comme il est démontré, article Cycloide, approchent davantage des arcs cycloidaux.

Pendule à 15 jours a ressort & à sonnerie. La figure qu’on voit dans nos Pl. d’Horlog. représente une pendule de cette espece dont on a ôté la grande platine ; on y voit la disposition des roues du mouvement & de la sonnerie, comme dans tous les mouvemens ; c’est toujours la même théorie ; on entendra facilement de quelle maniere elles agissent les unes sur les autres ; la seule différence essentielle entre cette pendule, & la pendule à secondes, dont nous venons de parler, c’est qu’au lieu de poulie il y a ici un barillet R, denté à sa circonférence ; S est la seconde roue ; T la troisieme, ou la roue à longue tige ; V la roue de champ, & X la roue de rencontre. On voit dans une autre fig. la maniere dont la roue de champ agit sur la roue de rencontre, & dont celle ci agit sur les palettes de la verge. De l’autre côté, on voit le rouage de sonnerie, qui est composé de cinq roues, en comptant le barillet Q, denté aussi ; à sa circonférence P, est la seconde roue, O la troisieme, ou la roue de chevilles, M, la roue d’étoquiau, N, la roue du volant, & 4 le pignon du volant. La fig. suiv. représente cette pendule vûe du côté où sont les aiguilles ; le cadran étant ôté, on voit le détentillon D C 6, dont le bras 6 est levé toutes les demi-heures, pour faire sonner la pendule, au moyen des deux chevilles opposées qui sont sur la roue de minutes B. La figure 15. représente la détente qu’on voit en place dans le profil de la figure 9. les parties FD, sont représentées par les parties p ; la fonction de la partie E, est mieux représentée en E dans la figure 7.

on la voit qui s’appuie sur le détentillon ; au moyen de quoi, celui-ci s’éleve à toutes les demi-heures. Pour entendre bien comment toutes ces pieces agissent pour faire sonner la pendule, voyez l’article Sonnerie

A, fig. 7. est la tige du marteau qui a un ressort qui tend toujours à la faire tourner dans le sens contraire à celui où elle tourne quand les chevilles de la troisieme roue agissent sur l’espece de palette qu’elle a en Y. On voit en haut de cette figure 7. le marteau dont la queue entre quarrément sur cette tige : 7. & 8. sont les rochets qui entrent à quarré sur les arbres de barillet, & qui sont retonus par les cliquets. Voyez l’article Encliquetage. Les figures 13, 12, & 10, représentent le chaperon, le remontoir, & la potence AD, qui contient la verge des palettes CA, & dans la partie A de laquelle roule le pivot d’en haut de la roue de rencontre. B, est la contre potence qui reçoit le pivot d’en bas de cette roue.

Pendules à quarts. Les hommes étant toûjours portés à imiter, ce n’est qu’avec effort qu’ils sortent des routes ordinaires. Ainsi la sonnerie des heures dans les premieres horloges ayant été faite avec un rouage particulier, quand on voulut leur faire sonner les quarts, on n’imagina rien de mieux que de faire aussi un rouage pour la sonnerie des quarts, quoique ce fût employer beaucoup d’ouvrage à produire peu d’effet ; ce qui est directement contraire à la saine méchanique, qui veut que la complication des machines soit toûjours proportionnelle à celle des effets qu’elles produisent : plusieurs horlogers sentant ce défaut des pendules à quarts ont voulu y rémédier, en les faisant sonner l’heure & les quarts par un seul rouage, mais jusqu’à-present il y en a peu qui aient réussi, leurs pendules pour la plûpart étant fort compliquées ; il n’y a guere que quelques habiles horlogers & mon pere qui en aient fait avec cette simplicité qui est, si cela se peut dire, la véritable élégance dans les machines.

La fig. 28. représente la disposition des rouages du mouvement, de la sonnerie des heures & de celle des quarts d’une pendule à quarts ordinaire ; le mouvement ne différant en rien essentiellement de la pendule à quinze jours que nous venons de décrire. Quant au nombre des roues du mouvement, les voici :

Barillet, 84 14


2e roue, 84 7


3e roue, 78 6


roue de champ, 66 6


roue de rencontre, 33 2


verge des palettes.
pendule,

Par ces nombres, on voit que la troisieme roue ou la roue à longue tige, faisant un tour par heure, le nombre des vibrations du pendule, dans le même tems, sera de 9438, & par conséquent que la longueur de ce pendule sera de cinq pouces trois lignes, ou à-peu-près ; un pendule de cette longueur donnant par heure 9450 vibrations. Or par les nombres des premiers mobiles, il est clair que la roue à longue tige fait soixante-douze tours pour un du barillet, & le ressort faisant six tours dans le barillet, il s’ensuit que le ressort, avant d’être au bas, fera faire à