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place sur l’âne où on fait les dents. Voyez Dresser & Ane.

Peigne, parmi les ouvriers qui travaillent de la navette, est une sorte de chassis long & étroit, divisé en une grande quantité de petites ouvertures. Ces ouvertures sont formées par des menus fils d’archal, ou par des petites lames de roseau fort minces, attachées à égale distance, & fort près les unes des autres, entre deux especes de tringles de bois, appellées les jumelles du rot.

Ces petits espaces ou ouvertures que forme la distance des fils de fer ou lames de roseau, sont appellées les dents ou broches du peigne : c’est dans ces ouvertures que les Tisserands & autres ouvriers qui se servent de ce peigne font passer les fils qui composent la chaîne des toiles, &c. & autres ouvrages de navette.

Les deux grosses dents ou morceaux de bois qui sont placés aux deux extrémités du peigne sont appellées les gardes.

Le peigne est enchâssé dans le bas de la partie mobile du métier appellé la chasse ou le battant ; & il doit être aussi long que la toile qu’on veut fabriquer doit avoir de largeur. Le peigne est aussi appellé un rot à cause de ces petits morceaux de roseau dont ils sont composés pour l’ordinaire. Voyez Chasse.

Peigne d’une futaille ; les Tonneliers nomment ainsi l’extrémité des douves, à commencer depuis le jable. On dit, remettre un peigne à une piece de vin, c’est-à-dire, enter une alonge à une douve qui s’est rompue à l’endroit du jable.

Peigne, preparer un, (Tabletier-peigner.) ce terme préparer un peigne signifie amorcer les dents avec le carrelet, c’est-à-dire, faire sur le peigne, après qu’il est mis en façon, la premiere ouverture de chaque dent, pour ensuite les achever avec l’estadiou.

Peigne, est un instrument de Vergettier, dont les dents de fer sont montées à quelque distance les unes des autres sur un fût de bois. Il sert à démêler les soies, le chiendent, &c.

PEIGNER, v. act. (Gram.) c’est en genéral démêler avec le peigne. Voyez l’article Peigne & les articles suivans.

Peigner le chanvre, terme de Corderie, qui signifie achever de nettoyer & affiner le chanvre en le passant sur les peignes. C’est la derniere façon qu’on donne au chanvre avant que de le filer. Voici comment se fait cette préparation. Le peigneur prend une poignée de chanvre par le milieu de sa longueur, & fait faire au petit bout de cette poignée un ou deux tours autour de sa main droite, de sorte que les pattes, & un tiers de la longueur pendent en bas : alors il serre fortement la main, & faisant décrire aux pattes du chanvre une ligne circulaire, il les fait tomber avec force sur les dents du peigne à dégrossir, & il tire à lui, ce qu’il répete en engageant le chanvre de plus en plus dans les dents du peigne, jusqu’à ce que ses mains soient prêtes à toucher aux dents.

Par cette opération le chanvre se nettoie des chenevottes & de la poussiere, il se démêle, se refend, s’affine, & celui qui étoit bouchonné ou rompu reste dans le peigne, de même qu’une partie des pattes : je dis une partie, car il en resteroit encore beaucoup, si l’on n’avoit soin de le moucher. Voyez Moucher le chanvre.

Le peigneur donne ensuite au côté de la pointe qui étoit entortillée autour de sa main la même préparation qu’il a donnée a la tête.

Ce n’est point assez que le peigneur ait préparé la tête & la queue du chanvre, il doit avoir grand soin que le milieu soit bien peigné pareillement.

A mesure que le peigneur a préparé des poignées de premier ou de second brin, il les met à côté de lui, & un autre ouvrier les prend, les engage peu-à-peu

dans les dents du grand peigne destiné à faire les peignons ; cet ouvrier a soin de mêler le court avec le long, & d’en rassembler suffisamment pour faire un peignon. Voyez l’article Corderie.

Peigner, Ajuster, (Jardinage.) se dit d’un œillet qui est épanoui ; quand il ne retourne pas bien ses feuilles, & qu’elles ne sont pas bien arrangées, on les met alors dans leur vraie place avec les doigts bien nets & sans sueur.

Peigner la laine, (Manufacture de lainage.) c’est la tirer ou la faire passer à-travers les dents d’une espece de grande carde que l’on nomme peigne, pour la disposer à être filée. Lorsque la laine a passé par le peigne, & qu’elle a été peignée, on l’appelle laine estaim ; & quand elle a été filée après avoir été peignée, on lui donne le nom de fil d’estaim. (D. J.)

Peigner, en terme de Vergettier, est une opération par laquelle ils démêlent, à l’aide d’un peigne, les soies, le chiendent & la bruyere, & en ôtent tous les petits brins qui sont inutiles dans leurs ouvrages.

PEIGNIER, s. m. (Arts méchaniq.) ouvrier qui fait des peignes. Les Peigniers font une communauté dans la ville de Paris,

Ils sont qualifiés par leurs statuts maîtres peigners, tabletiers, tourneurs & tailleurs d’images.

Ces statuts furent donnés, ou plutôt renouvellés en 1507, confirmés par Henri III. en 1578, par Henri IV. en 1600, & enfin par Louis XIV en 1691.

Suivant ces statuts, un maître ne peut avoir qu’un apprenti à la fois, à moins que ce ne soit un fils de maître auquel cas il peut en avoir deux.

L’apprentissage est de six ans.

Le fils de maître n’est point tenu de faire chef d’œuvre, ni même une expérience pour être reçu maître ; il n’a besoin que du témoignage des jurés. Tout autre aspirant est tenu au chef-d’œuvre.

L’apprenti étranger, c’est-à-dire, qui a fait son apprentissage dans quelqu’autre ville du royaume où il y a maîtrise, doit, pour être reçu maître à Paris, justifier de son apprentissage, & avoir servi encore trois ans chez les maîtres.

Enfin cette communauté est régie par des jurés, dont l’élection & les visites se font de même que dans les autres communautés.

PEIGNEUR, s. m. terme de Corderie, ouvrier qui nettoie & affine le chanvre en le passant par les peignes. Un bon peigneur peut préparer jusqu’à 80 livres de filasse par jour.

PEIGNOIR, s. m. (Lingerie.) espece de manteau de toile blanche & fine baptiste ou mousseline, que les femmes mettent sur leurs épaules le matin lorsqu’elles sont en deshabillé, & qu’on les peigne ; quelquefois les peignoirs sont ornés de dentelles. (D. J.)

PEIGNON, s. m. ou CEINTURE, terme de Corderie ; c’est un paquet de chanvre affiné & suffisamment gros pour faire un fil de la longueur de la filerie, & que les fileurs prennent autour d’eux, ou qu’ils attachent à une quenouille.

Un peignon doit peser à-peu-près une livre & demie ou deux livres, si c’est du premier brin : & deux livres & demie ou trois livres, si c’est du second brin. Cette différence vient de ce que le fil fait avec le second brin est toujours plus gros que celui qui est fait avec le premier brin de chanvre ; & qu’outre cela y a plus de déchet quand on file le second, que quand on file le premier brin. Voyez l’article de la Corderie.

PEIGNONS, terme de Lainage, sortes de laines d’une très-mauvaise qualité, qui ne sont proprement que les rebuts, ou plutôt ce qui reste des laines qui ont été peignées avant que d’être filées, pour faire la chaîne de certaines sortes d’étoffes. (D. J.)

PEILLES, s. f. terme de Papeterie, c’est un des