Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

remplie de plumes, qui n’étoit ni si grosse que le ballon, ni si petite que la trigonale, mais fort serrée & fort dure. La quatrieme sorte de balle, nommée harpastum, étoit fort petite ; on la poussoit en l’air, & on tâchoit de l’arracher à celui qui l’avoit attrapée ; mais nous entrerons dans de plu, grands détails au mot Sphéristique.

Ce que nous appellons le jeu de paume, est fort différent de tout cela.

Pasquier rapporte que l’an 1424 vint à Paris une fille nommée Margot, qui jouoit au jeu de paume de l’avant & de l’arriere-main, mieux qu’aucun homme, ce qui étoit d’autant plus étonnant, qu’alors on jouoit seulement de la main nue, ou avec un gant double. Dans la suite quelques-uns mirent à leur mains des cordes & tendons pour renvoyer la bale avec plus de force, & de là on imagina la raquette. Le nom de paume, ajoute-t-il, a été donné à ce jeu, parce que, dans ce tems-là, son exercice consistoit à recevoir & à renvoyer la balle de la paume de la main. (D. J.)

Paume, le jeu de, ce jeu est fort ancien ; & si l’on on croit quelques auteurs, Galien l’ordonnoit à ceux qui étoiont d’un tempérament fort replet, comme un remede pour dissiper la superfluité des humeurs qui les rend pesans & sujets à l’apoplexie : quelques-uns disent que c’étoit le jeu de la pelotte, mais comme cette pelotte n’étoit autre chose qu’une balle, on croit qu’ils se sont trompés.

Quoi qu’il en soit, on peut dire que le jeu de la paume est un exercice fort agréable & très-utile pour la santé.

Ce jeu se compte par quinzaines en augmentant toujours ainsi le nombre, en disant, par exemple, trente, quarante-cinq, puis un jeu qui vaut soixante. On ne sait point positivement la raison de cela. Il y en a qui l’attribuent à quelques astronomes, qui sachant bien qu’un signe physique, qui est la sixieme partie d’un cercle, se divise en soixante degrés, ont cru à cette imitation devoir compter ainsi les coups du jeu de paume ; mais comme cette raison souffre quelques difficultés, on ne s’y arrêtera point comme à une chose certaine.

Le jeu de la paume, proprement parlant, est un jeu où l’on pousse & repousse plusieurs fois une balle avec certaines regles.

Pour commencer une partie à la paume, ou tourne d’abord une raquette pour voir à qui sera dans le jeu, celui qui n’y est pas doit servir la balle sur le toit en la poussant de de-là avec la raquette, & le premier coup s’appelle une dame ; voyez Dame : le reste se joue à l’ordinaire.

Si l’on n’est pas convenu de ce qu’on joue, il faut le dire au premier jeu ; celui qui gagne la premiere partie garde les gages. Les parties se jouent en quatre jeux, & si l’on vient trois à trois, on est à deux de jeu. Voyez A deux de jeu. On peut jouer aussi en six jeux si l’on veut, mais alors il n’y a point d’à deux de jeu, si ce n’est du consentement des joueurs.

Il faut aussi, avant de commencer à jouer, tendre la corde à telle hauteur qu’on puisse voir le pié du dessus du mur, du côté où est l’adversaire ; & le long de cette corde est un filet attaché, dans lequel les balles donnent souvent.

S’il arrive par hasard qu’en jouant, la balle demeure entre le filet & la corde, & qu’elle donne dans le poteau qui tient cette corde, le coup ne vaut rien.

Il n’est pas permis en poursuivant une bale d’élever la corde.

Ceux qui jouent à la paume ont ordinairement deux marqueurs. Ce sont proprement des valets de jeux de paume qui marquent les chasses. Ces marqueurs marquent au second bond, & à l’endroit où touche ce

bond. Ils doivent encore avertir les joueurs tout haut qu’il y a chasse, & dire chasse, ou deux chasses si elles y sont, & à tant de carreaux, & à tel carreau la balle la gagne. Voyez ces mots à leur article.

Si les joueurs disent chasse morte, elle demeure telle, si les marqueurs ne leur répondent qu’il n’y en a une ; d’où l’on voit que le principal emploi des marqueurs est de dire au juste l’état du jeu de part & d’autre, & de rapporter fidelement les sentimens des spectateurs lorsqu’il survient quelque contestation. Ces voix se doivent recueillir tant pour l’un que pour l’autre joueur, sans prendre parti pour aucun, à peine de perdre leur salaire & d’être chassés du jeu.

Les joueurs de leur côté se doivent rapporter à la bonne foi des spectateurs, lorsqu’il se présente quelque coup douteux dans leur jeu, puisqu’il n’y a point d’autres juges qui les puissent juger : ils s’en rapporteront même aux marqueurs, s’il n’y a qu’eux qui les puissent juger, lesquels diront leur sentiment sans craindre qu’on leur en veuille du mal.

On joue, pour l’ordinaire, partie, revanche & le tout, & l’on ne peut laisser cette derniere partie que pour bonne raison, comme à cause de la nuit, ou autre semblable.

Pour lors celui qui perd doit laisser des frais, & une partie de l’argent qu’on joue pour le tout, & l’autre pour la moitié.

Si c’est en deux parties liées qu’on joue, on ne peut les quitter non plus que les parties n’y consentent ; & en ce cas, chacun doit donner de l’argent pour le tout, & choisir un jour pour l’achever.

La chasse se marque partout où la bale a fait son second bond dans quelqu’endroit du jeu où elle tombe.

Tout joueur qui touche une bale, de quelque maniere que ce soit, perd un quinze.

Si, par inadvertance ou par oubli les marqueurs disoient une chasse pour une autre, ou donneroient celle d’un joueur à l’autre, cela ne peut point préjudicier aux joueurs, parce que la premiere chasse doit toujours se jouer devant l’autre.

Quand on a mal servi on recommence, à moins qu’on ne joue qui fault & boit.

Qui met sur l’ais de volée en servant, ou sur les cloux qui le tiennent, gagne quinze, de même lorsqu’il met dans la lune. Voyez Lune & Volée.

On perd quinze pour dire pour rien trop tard. Voyez Pour rien. Celui qui sert ne peut pas le dire ; qui fait trois chasses rend tout son coup faux : depuis le service une balle sortie hors les murailles, & qui y rentreroit après qu’on auroit joué dessus, le coup ne vaudroit rien.

Un joueur qui a quarante & sait deux chasses, ne perd point son avantage, mais il doit gagner au moins la derniere de ces chasses pour avoir le jeu.

Si l’autre joueur avoit pour lors trente, & qu’il gagnât la premiere chasse, ils n’auroient aucun avantage l’un sur l’autre ; & l’autre qui gagneroit la derniere n’auroit qu’avantage. On ne perd rien pour se tromper en comptant moins de ce qu’on a fait, quinze, trente ou même un jeu, supposé que la partie ne fût point finie, car on perdroit ce dont on se méprendroit à la fin de la partie, si l’on laissoit jouer après cette méprise.

Paume, jeu de la longue ; ce jeu se nomme ainsi parce qu’on y joue dans une grande place qui n’est point fermée. Cette place est une grande rue, large, spacieuse & fort longue : il y a des villes où ces jeux sont dans des grands patis, ou de longues allées d’arbres. Au reste, il n’importe ou ces jeux soient, pourvu que le terrain en soit uni, ou bien pavé, parce que lorsqu’il faut courir à la balle, il seroit dangereux de faire un faux pas, si le sol étoit inégal. On joue plusieurs à ce jeu, comme trois,