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notaires, procureurs & huissiers des justices royales, ont été obligés de racheter la paulette ; en 1745 on a fait la même chose pour les grands-maîtres & officiers des maîtrises, pour les élections & greniers à sel Voyez Loiseau, en son Traité des Offices, & Brillon, au mot Annuel. (A)

PAULIAGUET, (Géog. mod.) petite ville, ou plutôt bourg de France, dans la haute Auvergne, au diocèse de Saint-Flour.

PAULIANISTES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) Paulianistæ, nom que l’on donna dans le troisieme siecle de l’Eglise, aux hérétiques sectateurs de Paul de Samosate, élu évêque d’Antioche en 262.

Cet hérésiarque nioit avec Sabellius la distinction des Personnes dans la Sainte-Trinité, & soutenoit avec Artemon, que le Verbe étoit descendu en Jesus-Christ, & qu’après avoir opéré par lui ce qu’il s’étoit proposé, il étoit remonté vers son Pere. Il distinguoit en Jesus-Christ deux Personnes ; savoir, le Verbe, Fils de Dieu, & le Christ, qu’il soutenoit n’avoir point été avant Marie ; mais avoir reçu le nom de Fils de Dieu pour récompense de ses œuvres saintes. De ces principes il concluoit que dans l’Eucharistie le sang de Jesus-Christ étoit corruptible. Il altéroit essentiellement la forme du baptême, ne le conférant point au nom du Pere & du Fils, &c. & ses disciples en usoient de même. Aussi le concile de Nicée les distinguant des autres hérétiques qui ne corrompoient pas la forme de ce sacrement, ordonna que ceux qui de l’hérésie des Paulianistes rentreroient dans l’Eglise seroient rebaptises.

Paul de Samosate fut d’abord condamné dans un concile tenu à Antioche même en 264, par S. Denis d’Alexandrie ; & il abjura son hérésie de peur d’être déposé : mais y étant retombé peu après, il fut de nouveau condamné & déposé par un nouveau concile qui s’assembla à Antioche en 270. Les Paulianistes subsistoient encore du tems du pape Innocent I. & de S. Chrysostome ; mais Théodoret assure que du sien, leur secte étoit entierement éteinte. Baronius, Annal. Dupin, Bibl. des auteurs eccl. des trois premiers siecles.

Cette secte fut renouvellée dans le neuvieme siecle par un certain Abraham qui lui donna son nom, & combattu par Cyriaque, patriarche d’Antioche.

PAULICIENS, s. m. pl. (Hist. eccl.) branche des anciens Manichéens, ainsi appellés du nom d’un certain Paul, qui s’en fit chef en Arménie dans le vij. siecle. On les trouve aussi nommés par corruption dans quelques auteurs, Publicani, Populicani & Poblicani. Ces hérétiques, par leur nombre, & par la protection de l’empereur Nicephore, devinrent formidables à l’empire d’Orient. Outre l’erreur des deux principes co-éternels & indépendans l’un de l’autre, qui est la base du Manichéisme, ils avoient la croix en exécration, & l’Eucharistie en horreur ; ils condamnoient le culte des martyrs, & ne rendoient de respect au livre des Evangiles que lorsqu’il ne portoit pas empreinte l’image de la croix.

L’impératrice Théodora, tutrice de Michel III. ordonna en 845, qu’on travaillât efficacement à convertir ces hérétiques, ou qu’on les chassât de l’empire, s’ils résistoient avec opiniâtreté. Plus de cent mille d’entr’eux périrent par les supplices, le reste alla se rendre aux Sarrasins. Mais un siecle après ils firent la guerre à l’empereur Basile le Macédonien : ils envoyerent même en Bulgarie des missionnaires qui y semerent l’erreur manichéenne, qui de-là se répandit peu après dans le reste de l’Europe. Voyez Bulgares & Manichéens, Bossuet, Hist. des Variat. tom. II. liv. xj. pag. 129.

PAULIEN, Saint, ou Saint PAULIAN, (Géog. mod) autrefois ville & présentement bourg de France en Auvergne, au diocese du Puy, dans l’élection de Brioude. Je ne parle de ce bourg, que parce qu’on

croit que c’est l’ancienne Revessio Vellavorum, autrement dite Vellava civitas, Vellavorum civitas, capitale du peuple Vellavi, & siége de l’évêché de ce peuple ; cette ville ne fut nommée civitas Vetula que dans le ix. siecle. (D. J.)

PAULIENNE, action, (Jurisprud.) on appelloit ainsi chez les Romains l’action qui étoit donnée aux créanciers pour faire révoquer les aliénations que le débiteur avoit faites en fraude de leurs créances. Voyez Action. (A)

PAULINIA, s. f. (Hist. nat. Botan.) nom d’un genre de plante, qui, dans le système de Linnæus, renferme la seriana & le cururu du P. Plumier ; en voici les caracteres : le calice particulier de la fleur est composé de quatre feuilles ovales & déployées ; il reste quand la fleur est tombée. La fleur consiste aussi en quatre pétales oblongs, & fait un cœur ; ils demeurent déployés, & sont deux fois aussi grands que les feuilles du calice. Les étamines forment huit filamens simples & courts. Leurs bossettes sont petites ; le germe est à trois cornes obtuses & contournées. Les stiles, au nombre de trois, sont très-courts, & fins comme des cheveux ; les stygmates sont simples & larges ; le fruit est une grande capsule à trois cornes, composée de trois côtes, & contenant trois loges, dans chacune desquelles est une simple semence ovale. La différence entre le cururu & la seriana du P. Plumier, est que cette derniere produit des graines dans la base des loges où elles sont renfermées, & le cururu, dans des loges particulieres. Linnæi, gén. plant. p. 170. Plumier, gen. 25.

PAUME, s. f. en Anatomie, est le dedans de la main ; c’est ce que les Médecins appellent, en terme d’Anatomie, métacarpe, & ce qu’on appelle en latin vola. Voyez Main & Métacarpe.

Paume, s. f. (Litterat.) exercice fort en usage parmi les Romains, parce qu’il contribuoit chez ce peuple guerrier à rendre leurs corps souples, forts & robustes ; Ciceron, Horace, Plaute, Martial, & plusieurs autres auteurs de l’ancienne Rome, en parlent de même. Pline, l. III. épit. i. décrivant la maniere de vivre de Spurina, remarque que dans certaines heures du jour, il jouoit à la paume long-tems & violemment, opposant ainsi ce genre d’exercice à la pesanteur de la vieillesse. Plutarque nous apprend que Caton, après son dîner, alloit jouer régulierement à ce jeu dans le champ de Mars. Le jour même qu’il essuya le refus mortifiant de la part du peuple, qui lui préféra un compétiteur indigne pour la charge de consul, il n’en donna pas un moment de moins à cet exercice. Les personnes délicates s’en abstenoient, sur-tout après avoir mangé, & elles avoient raison. Horace étant en voyage avec Mécenas, Virgile, & quelques autres personnes choisies de la cour d’Auguste, Mécenas & les autres s’en allerent après dîner jouer à la paume, mais Horace & Virgile, dont le tempérament ne s’accordoit point avec les grands mouvemens que ce jeu demande, prirent le parti de dormir.

Lusum it Mæcenas, dormitum ego Virgiliusque.
Namque pila lippis inimicum, & ludere crudis.

Lib. I. sat. 5.

Les Romains avoient plusieurs manieres de s’exercer à la paume, selon les différentes balles dont ils se servoient pour ce jeu. Ces bales étoient de quatre sortes, follis, trigonolis, paganica & harpastum ; la premiere étoit un balon semblable à celui dont on joue encore aujourd’hui. On le poussoit du bras, s’il étoit gros ; & du poignet, s’il étoit petit. La bale trigonale, pila trigonalis, n’étoit qu’une petite bale, que trois joueurs placés en forme de triangle, se renvoyoient l’un à l’autre ; on appelloit pila paganica, la paume villageoise, une balle couverte de cuir, &