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ment par le fil vertical qui est au centre de la lunette. Il faut bien remarquer qu’on ne doit serrer les vis ZY, que lorsqu’on a presque entierement interrompu le mouvement autour de l’arbre vertical par le moyen de la vis N. Il est encore nécessaire que ce même arbre soit arrondi à l’endroit du cylindre creux XT, & même il peut y être taillé tout autour en X, afin que l’extrémité cylindrique de la petite vis X y soit retenue, qu’elle soutienne la piece XYTZQ, & l’empêche de retomber sur la branche horisontale OP à laquelle elle doit demeurer parallele : les figures 11. représentent cette piece plus en grand & avec tout le détail nécessaire. On a été obligé de construire deux différentes échelles, dont la premiere convient aux figures 2. 3. 4. 5. 6. 7. 9. 10. & 11. & l’autre aux figures 1. & 8. Voyez l’optique de Smith, pag. 321. & l’histoire céleste de M. le Monnier de l’acad. royale des Sciences, pag. 77.

Passage, le, des rivieres par les armées, est une des principales opérations de l’art militaire : elle souffre beaucoup de difficultés lorsque le général opposé est rusé & vigilant, & qu’il ne néglige aucune des attentions nécessaires pour n’être point surpris.

On passe les rivieres à la guerre pour pénétrer dans le pays ennemi, pour combattre l’armée opposée, pour se retirer & se mettre en sûreté à l’abri de la riviere lorsque les circonstances l’obligent, soit par la perte d’une bataille ou la grande supériorité de l’ennemi.

Les rivieres qu’il faut passer sont grandes ou petites ; celles qui ont des gués se passent à gué ; les autres se passent sur des ponts lorsqu’il s’en trouve dans le lieu du passage : mais comme les ponts construits sur les rivieres sont en petit nombre ; que d’ailleurs s’il s’en trouve qui puissent favoriser le passage, l’ennemi ne manque guere de les détruire pour en empêcher l’usage, on est obligé d’y suppléer par des ponts de bateaux ou de pontons, où par des radeaux. Voyez Pont de bateaux, Pontons & Radeaux.

Lorsqu’il n’y a point d’ennemis à combattre, le passage des rivieres est toujours facile, soit qu’on le fasse à gué ou sur des ponts de bateaux, supposant qu’on a toutes les différentes choses nécessaires à leur construction. Mais lorsqu’il s’agit de traverser une riviere en presence de l’ennemi qui emploie tous ses soins & ses forces pour s’y opposer ; il y a alors beaucoup de précaution à prendre pour éluder les difficultés qu’il peut opposer. Il faut joindre ensemble la ruse & la force pour lui faire prendre le change sur le lieu où l’on a dessein de passer ; faire ensorte de lui donner de l’inquiétude & de la jalousie sur plusieurs endroits, afin de l’engager par-là à partager son armée en plusieurs parties, qui opposent alors bien moins de résistance que si elle étoit réunie.

Quoiqu’il soit plus facile de défendre le passage d’une riviere que de le forcer, parce que l’armée qui veut l’empêcher est bien moins gênée dans ses manœuvres & ses mouvemens que celle qui veut traverser la riviere ; il arrive cependant que celui qui l’entreprend réussit presque toujours. La raison en est sans doute qu’on ignore la plûpart des avantages de la défense ; qu’on ne pénetre pas assez les desseins de l’ennemi, & qu’on se laisse tromper par les dispositions simulées qu’il fait dans un endroit, tandis qu’il effectue le passage dans un autre lieu sur lequel on n’a eu aucune attention.

Le premier objet de celui qui veut faire passer une riviere à son armée sur une riviere non-guéable, doit être d’en connoître bien exactement les deux bords, ainsi que la nature du terrein qui se trouve de part & d’autre. Il doit s’informer si la riviere est sujette à grossir tout d’un coup par les pluies ou la fonte des neiges dans certaines saisons de l’année, ou bien par des écluses dont l’ennemi pourroit se servir pour

rompre les ponts, & augmenter ainsi la difficulté du passage.

A l’égard des lieux les plus propres au passage de la riviere, ce sont ceux où les bords n’ont point d’escarpement ; où ils font au contraire une espece de pente insensible où l’armée peut arriver aisément, & se mettre en bataille de l’autre côté dans une position avantageuse pour résister à l’ennemi.

Les endroits où la riviere fait une espece de coude, ou d’angle rentrant, sont très-favorables pour le passage, ainsi que ceux qui sont au confluent de la riviere qu’on veut passer, & d’une autre riviere navigable. Dans le premier cas la disposition de la riviere donne lieu de protéger le passage, ou la construction du pont par un feu d’artillerie qui découvre une plus grande partie du terrein opposé ; & dans le second, on a la commodité d’assembler les bateaux hors des yeux & de la portée de l’ennemi, & de les faire descendre promptement & sans obstacle dans l’endroit où il s’agit de construire les ponts.

Lorsqu’il y a des îles dans la riviere, elles peuvent encore servir à faciliter le passage, sur-tout si elles sont boisées. On joint d’abord le terrein de l’île par un pont qui y aboutit ; on gagne ensuite le bord opposé par un autre pont, qui, étant protégé du feu de l’artillerie que l’on établit dans l’île, & de la mousqueterie, s’acheve sans grandes difficultés.

Comme le passage d’une armée qui défile sur un seul pont demande bien du tems, que d’ailleurs il peut arriver que le pont se rompe par quelqu’accident, dans le tems qu’il n’y a encore qu’une petite partie de l’armée de passé, ce qui exposeroit cette partie à être battue par l’ennemi, sa communication avec l’autre partie se trouvant ainsi coupée ou interrompue, il est à propos pour éviter ces inconvéniens, de faire ensorte d’avoir assez de bateaux pour construire deux ponts à la fois, à peu de distance l’un de l’autre.

Lorsqu’on a tous les bateaux & les ustenciles nécessaire pour la construction d’un pont, on le fait très-promptement sur-tout si l’ennemi n’est pas en force sur la rive opposée pour en empêcher. M. le chevalier de Follard dit, dans son commentaire sur Polybe, avoir vu faire un pont de cinquante pontons sur le Rhin, qui fut achevé en moins de huit heures. Cette opération ne se fait pas toujours avec la même diligence ; elle dépend des circonstances plus ou moins favorables du terrein, des obstacles qu’on éprouve de la part de l’ennemi, & particulierement de l’habileté de celui qui conduit ou dirige cet ouvrage. Voyez Pont de bateaux.

Quelque vivacité que l’on apporte à la construction du pont sur lequel on veut passer une riviere, l’ennemi, pour peu qu’il veille avec attention sur les démarches de son adversaire, peut toujours en être informé ; & comme le passage des troupes exige du tems, il lui est facile de tomber promptement sur les premieres troupes parvenues de l’autre côté de la riviere, & de les culbuter dedans. Pour ne point être exposé à cet inconvénient, on ne manque jamais, soit qu’on passe les rivieres à gué, ou sur des ponts de bateaux, de protéger le passage par des batteries établies sur le bord de la riviere, & lorsqu’il y a quelques troupes de parvenues à l’autre bord, on fait, sans différer, un retranchement pour les couvrir & les mettre en état de résister aux attaques des différens corps que l’ennemi peut envoyer pour empêcher ou inquiéter le passage. On agrandit ensuite ce retranchement à mesure que le nombre des troupes qui y arrivent devient grand ; ensorte que toute l’armée puisse s’y réunir ou s’y assembler, & se porter de-là dans les lieux que le général juge à-propos de lui faire occuper.

Si l’ennemi est en bataille de l’autre côté de la ri-