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une once ; épaississez le tout au bain marie à consistence d’extrait.

Ce remede est un excellent hydragogue. La dose fera d’un scrupule jusqu’à deux & plus, selon les cas & les circonstances. Ce remede est violent, il demande extrèmement de prudence.

PANCLADIE, s. f. (Antiq. greq.) πάνϰλάδια, fête que les Rhodiens célebroient au tems de la taille de leurs vignes. Potter, Archæol. græc. t. I. p. 419.

PANCRACE, s. m. (Art gymnast.) exercice gymnique, formé de la lutte simple & de la lutte composée. Dans cet exercice, l’on faisoit effort de tout son corps, comme l’indique le mot grec. Ainsi la lutte & le pugilat réunis formoient le pancrace. Il empruntoit les secours & les contorsions de la lutte, & prenoit du pugilat l’art de porter les coups avec succès & celui de les éviter. Dans la lutte, il n’étoit pas permis de jouer des poings, ni dans le pugilat de se colleter. Dans le pancrace au contraire, si l’on avoit droit d’employer toutes les secousses & toutes les ruses pratiquées dans la lutte, on pouvoit encore y ajouter pour vaincre le secours des poings & des piés, même des dents & des ongles, & l’on sent que ce combat n’étoit ni moins dangereux, ni moins terrible que les deux autres.

Arrichion ou Arrachion, pancratiaste aux jeux olympiques, se sentant prêt à être suffoqué par son adversaire qui l’avoit saisi à la gorge, mais dont il avoit attrapé le pié, lui cassa un des orteils ; & par l’extrème douleur qu’il lui fit, l’obligea à demander quartier. Dans cet instant même, Arrachion expira. Les Agonothetes le couronnerent, & on le proclama vainqueur tout mort qu’il étoit. Philostraste a fait la description d’un tableau qui représentoit cette avanture.

Le combat du pancrace fut admis aux jeux olympiques dans la xxviij. olympiade ; & le premier qui en mérita le prix, fut le syracusain Lygdanius, que ses compatriotes mettoient en parallele avec Hercule pour la taille.

Pausanias parle dans ses éliaques d’un fameux pancratiaste, nommé Sostrate, qui avoit été couronné douze fois, tant aux jeux néméens qu’aux istmiques, deux fois aux pythiens, & trois fois à Olympie, où l’on voyoit sa statue du tems de cet historien. (D. J.)

PANCRAINS, (Marine.) voyez Manœuvres.

PANCRATIASTES, s. m. pl. (Hist. anc. gymn.) athletes qui s’adonnoient sur-tout à l’exercice du pancrace. On donnoit quelquefois ce nom à ceux qui réussissoient dans les cinq sortes de combats compris sous le titre général de pentathle, qu’on appelloit aussi pancratie, parce que les athletes y déployoient toutes leurs forces.

PANCRATIE, s. f. (Littérat.) nom que les Grecs donnoient aux cinq exercices gymniques, qui se pratiquoient dans les fêtes & les jeux ; savoir le combat à coups de poings, la lutte, le disque, la course & la danse. Ceux qui faisoient tous ces exercices, étoient nommés pancratiastes, ainsi que ceux qui y remportoient la victoire. Potter, Archæol. græc. tom. I. pag. 444.

PANCRATIEN, vers, (Littérat.) nom d’une sorte de vers grec, composé de deux trochées & d’une syllabe surnuméraire, comme

Φεῦγε λοιδορῶν
Auctor optimus
Nulla jam fides.

Pancrate en est apparemment l’inventeur. On ne sait point au juste en quel tems il florissoit ; mais il est certain qu’il étoit plus ancien que Méléagre, autre poëte, qui vivoit sous les premiers successeurs d’Alexandre.

PANCRATIUM, (Botan.) grand narcisse de mer, narcissus maritimus de C. B. & de Tournefort ; c’est une grosse racine bulbeuse, charnue, semblable à la scille, & qui croît au bord de la mer. Elle pousse des feuilles faites comme celles du narcisse, plus longues & plus grosses, du milieu desquelles s’éleve un tige à la hauteur d’environ un pié, anguleuse, portant en sa sommité des fleurs longues, blanchâtres, disposées en étoiles, & d’une odeur douce. Après ces fleurs naissent de petites pommes anguleuses, remplies de semences menues ; cette plante a les vertus de l’oignon de scille, mais beaucoup moindres. (D. J.)

PANCRÉAS, subs. masc. en Anatomie, nom d’une glande conglomerée, située dans le bas-ventre derriere la partie supérieure de l’estomac, depuis la rate à laquelle elle est attachée par l’épiploon jusqu’au duodenum ; elle reçoit une infinité d’artérielles de la céliaque, & elle sépare une humeur qui se rend dans un conduit commun, lequel s’ouvre dans le duodenum. Voyez Duodenum ; voyez aussi Planches anat.

Le pancréas a été ainsi nommé par des anciens, parce qu’il leur a paru n’être composé que de chair, πάγκρεας. Suivant Boerhaave, le pancréas est long de près de six pouces, large de deux, & pese quatre onces ; mais toutes ces mesures varient dans différens auteurs. Heister donne au pancréas le poids de trois onces, Warthon de cinq, le D. Haller dit que ce poids peut être plus grand ; au reste tout varie tellement dans divers sujets, qu’il est absolument impossible d’assigner une mesure juste. Le pancréas est situé transversalement, & il a sa grosse extrémité placée derriere la partie supérieure de l’estomac transversalement, par rapport à la rate à laquelle l’épiploon lie ce corps glanduleux ; de sorte que sa partie moyenne est très-antérieure, & descend de l’estomac jusqu’au duodenum, où il se prolonge un peu devant cet intestin, jusques-là d’autant plus épais qu’il tient plus la droite. Mais de l’endroit où cette grosse extrémité s’attache à la courbure du duodenum, elle se dilate quelquefois de quelque pouces pour former le petit pancréas de M. Winslow, qu’Eustache & bien d’autres ont vû & représenté non-seulement dans l’homme, mais dans le chien & dans le castor, &c. En général cette glande, la plus considérable du bas-ventre & de tout le corps, est couverte par l’estomac & par la substance cellulaire du mesocolon qui recouvre en même tems le duodenum ; de sorte qu’engagé dans sa duplicature, il a le mesocolon & dessous & dessus lui : cette structure s’observe très-bien dans l’homme où le pancréas est d’une grosseur médiocre ; car il est si considérable & d’une étendue si énorme dans les poissons & autres petits animaux, qu’il occupe presque toute la capacité de l’abdomen. Le pancréas d’Asellius n’est point celui-ci ; il a été découvert par Wirsung, & mérite seul le nom de pancréas ; l’autre n’est qu’un amas de glandes conglobées mésentériques.

Le pancréas a plusieurs arteres dont le nombre varie, mais qui viennent toutes de l’artere splénique, continuant leur chemin sous le pancréas vers la rate : il en a encore d’autres où il est voisin du duodenum, de la duodenale, de la gastroépiploïque & de la mésentérique supérieure. Les veines ont une semblable origine ; elles partent de la veine splénique ; de plus il en vient de la duodenale, de la pilorique & de la gastroépiploïque droite.

Les nerfs viennent du plexus sémilunaire du bas-ventre, du plexus mésentérique, des nerfs hépatiques, des spléniques ; ils rampent avec les vaisseaux dans la membrane cellulaire par la propre substance du pancréas, dont chaque grain a son petit faisceau. Les vaisseaux lymphatiques n’y sont pas rares. Ils ont été vûs par Marechet & par Pecquet. Il ne faut