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constellation du capricorne. On l’honora tellement en Egypte, qu’on lui bâtit dans la Thébaïde la ville appellée Chemnis ou ville de Pan. On voyoit sa statue dans tous les temples. Le nom de Pan qui signifie tout donna lieu à l’allégorie où ce dieu est pris pour le symbole de la nature. Ses cornes sont les rayons du soleil ; l’éclat de son teint désigne celui du ciel ; la peau de chevre étoilée dont sa poitrine est couverte, le firmament ; le poil de ses jambes & de ses cuisses, la terre, les arbres, les animaux, &c. Quant à la fable du grand Pan, voici ce qu’on en lit dans l’ouvrage de Plutarque, intitulé des oracles qui ont cessé : le vaisseau du pilote Thamus étant un soir vers certaines îles de la mer Egée, le vent cessa tout-à-coup. L’équipage étoit bien éveillé, partie buvoit, partie s’entretenoit ; lorsqu’on entendit une voix qui venoit des îles, & qui appelloit Thamus : Thamus ne répondit qu’à la troisieme fois, & la voix lui commanda, lorsqu’il seroit entré à un certain lieu, de crier que le grand Pan étoit mort. On fut saisi de frayeur ; on délibéra si l’on obéiroit à la voix. Thamus conclut que s’il faisoit assez de vent pour passer l’endroit indiqué, il se tairoit ; mais que si le vent venoit à cesser, il s’acquitteroit de l’ordre qu’il avoit reçu. Il fut surpris d’un calme au lieu où il devoit crier ; il le fit, & aussi-tôt le calme cessa, & l’on entendit de tout côté des plaintes & des gémissemens, comme d’un grand nombre de personnes affligées & surprises. Cette aventure eut pour témoins tous les gens du vaisseau ; bien-tôt le bruit s’en répandit à Rome. Tibere voulut voir Thamus ; il assembla les savans dans la théologie payenne. Ils répondirent au souverain, que ce grand Pan étoit le fils de Mercure & de Pénélope. Celui qui fait ce conte dans Plutarque, ajoute qu’il le tient d’Epithersès, son maître d’école, qui étoit dans le vaisseau de Thamus quand la chose arriva. Je dis, ce conte ; car si ce Pan étoit un démon, quel besoin avoit-on de Thamus pour porter la nouvelle de sa mort à d’autres démons ? Pourquoi ces mal-avisés révelent-ils leurs foiblesses à un homme ? Dieu les y forçoit. Dieu avoit donc un dessein ! Quel ? De désabuser le monde par la mort du grand Pan ? ce qui n’eut pas lieu : d’annoncer la mort de J. C ? personne n’entendit la chose en ce sens : au second siecle de l’église, on n’avoit pas encore imaginé de prendre Pan pour J. C. Les payens crurent que le petit Pan étoit mort, & ils ne s’en mirent guere en peine.

PAN, s. m. (Arch.) c’est le côté d’une figure, rectiligne, réguliere ou irréguliere. C’est aussi le nom d’une mesure du Languedoc ou de Provence. Voyez Palme.

Pan coupé. C’est l’encoignure rabattue d’une maison pour y placer une ou deux bornes, & faciliter le tournant des charrois. C’est aussi dans une église à dôme, la face de chaque pilier de sa croisée où sont les pilastres ébrasés, & d’où prennent naissance les pendentifs.

Pan de bois. Assemblage de charpente qui sert de mur, de face à un bâtiment ; on le fait de plusieurs manieres, parmi lesquelles la plus ordinaire est de sablieres, de poteaux à plomb, & d’autres inclinés & posés en décharge.

Il y a deux assemblages qu’on appelle pan de bois. L’un qu’on nomme assemblage à brins de fougere, est une disposition de petits potelets assemblés diagonalement à tenons & mortoises, dans les intervalles de plusieurs poteaux à plomb, laquelle ressemble à des branches de fougere, dont les brins font cet effet. L’autre assemblage est dit à losanges entrelacés. C’est une disposition de pieces d’un pan de bois, ou d’une cloison posées en diagonales, entaillées de leur demi-épaisseur & chevillées. Les panneaux des uns & des autres sont remplis ou de briques, ou de maçon-

nerie enduite d’après les poteaux, ou recouverte &

lambrissée sur un lattis.

On arrête les pans de bois, des médiocres bâtimens, avec des tirans, ancres, équerres, & liens de fer à chaque étage. On appelloit autrefois les pans de bois cloisonnages & colombages. Voyez l’art de la Charpenterie de Mathurin Jousse.

Pan de comble. C’est l’un des côtés de la couverture d’un comble. On appelle long pan le plus long côté.

Pan de mur. C’est une partie de la continuité d’un mur. Ainsi, on dit, quand quelque partie d’un mur est tombée, qu’il n’y a qu’un pan de mur de tant de toises, à construire ou à reparer. (D. J.)

PANARA, (Géog. anc.) ville de l’Arabie heureuse, dans l’île de Panchée, selon Diodore de Sicile, l. V. ch. xlij. Il peint les habitans de cette ville comme les plus heureux hommes du monde, & comme les seuls de toute l’île qui vécussent suivant leurs loix, sans reconnoître aucun roi. Ils choisissoient tous les ans trois princes, entre les mains desquels étoit remis le gouvernement de la ville, mais qui n’avoient pas le pouvoir de punir de mort, & qui même étoient tenus de porter les affaires les plus importantes devant le college de prêtres. Les habitans de cette ville se nommoient les supplians de Jupiter Triphylien, dont le temple étoit à 60 stades de Panara. Diodore de Sicile rapporte aussi des merveilles de ce temple. Par malheur l’île Panchée, Panara, la beauté de son gouvernement, le bonheur de ses habitans, & la magnificence du temple de Jupiter étoient également imaginaires, comme nous le verrons au mot Panchée. (D. J.)

PANS-COUPÉS, (Archit.) il y a des escaliers qu’on appelle à pans-coupés à cause que les angles sont coupés, & que la cherche a huit pans.

On appelle aussi pans-coupés toutes figures dont les angles sont coupés.

Pan de bastion, (Fortificat.) c’est la partie du bastion terminée par l’angle de l’épaule & par l’angle flanqué.

Pan, mesure de Languedoc & de Provence. Voyez Palme.

Pan de bois, (Charpenterie.) clôture de charpenterie, qui sert à séparer des chambres, & à faire des retranchemens.

Pans en terme de Diamentaires, sont les facettes d’un diamant. Ces pans se nomment bizeaux ou pavillons, selon qu’ils sont sur la table ou sur la culasse du diamant.

Pan, s. m. terme de Tapissier & de Menuisier ; ce mot se dit en parlant de lit ; c’est une piece de bois large de quatre pouces, épaisse de deux, & longue conformément au lit. Il y a dans un bois de lit quatre pans : deux de longueur & deux de largeur.

Pan de rets, terme de Chasse ; ce sont les filets avec lesquels on prend les grandes bêtes.

PANACÉE, (Pharmacie.) en grec πανάϰεια, mot composé de παν, tout, & d’ἄνος, remede, remede universel, remede à tous maux. Nom fastueux donné à plusieurs remedes tant anciens que modernes, & sur-tout à des préparations chimiques. Parmi le grand nombre de remedes qui portent le nom de panacée, & qui ne sont employés pour la plûpart qu’à titre d’arcane par leurs inventeurs, il y en a deux qui l’ont retenu par préférence, qui sont les panacées par excellence, qui sont des médicamens officinaux, généralement adoptés ; savoir, la panacée antimoniale & la panacée mercurielle. Il y a d’ailleurs des remedes très-ordinaires, très-usuels qui portent le nom de panacée, mais qui sont beaucoup plus connus sous un autre nom ; tels sont la panacée angloise, & la panacée holsatique. Nous allons faire connoître en peu de mots ces quatre panacées dans les articles sui-