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qu’il y avoit une telle convenance entre la forme des ouvertures de Lully & un opéra quelconque, qu’on ne le sauroit changer sans rompre le rapport du tout. De sorte que d’un début de symphonie qui seroit dans un autre goût, ils disent avec mépris que c’est une sonate, & non pas une ouverture, comme si toute ouverture n’étoit pas une sonate.

Je sais bien qu’il seroit fort convenable qu’il y eût un rapport marqué entre le caractere de l’ouverture & celui de l’ouvrage entier ; mais au-lieu de dire que toutes les ouvertures doivent être jettées au même moule, cela dit précisément le contraire. D’ailleurs, si nos musiciens ne sont pas capables de sentir ni d’exprimer les rapports les plus immédiats entre les paroles & la musique dans chaque morceau, comment pourroit-on se flatter qu’ils saisiroient un rapport plus fin & plus éloigné entre l’ordonnance d’une ouverture & celle du corps entier de l’ouvrage ? (S)

Ouverture des jambes, c’est une perfection parmi les Danseurs, de savoir ouvrir & fermer à-propos les jambes. Ils prouvent le bon goût en les ouvrant avec beaucoup de gravité dans les pas lents, & beaucoup de légereté dans ceux qui doivent être passés vîte.

Il est donc à-propos d’en donner ici quelques regles.

Si l’on doit, par exemple, faire l’ouverture de jambe du pié gauche, il faut avoir le corps posé sur le droit à la quatrieme position, afin que la jambe qui est derriere se leve de sa position, & marche lentement en passant près de la droite, & en se croisant devant en forme de demi-cercle, que l’on finit à côté, & la jambe reste en l’air pour faire tel pas que la danse demande. Une circonstance absolument nécessaire, c’est que lorsque la jambe gauche vient à se croiser, & avant qu’elle s’étende en s’approchant, & lorsqu’elle se croise, le genou se plie & s’étend en terminant le demi cercle.

Ouverture, s. f. (Archit.) c’est un vuide ou une baie dans un mur, qu’on fait pour servir de passage ou pour donner du jour. C’est aussi une fracture provenue dans une muraille, par malfaçon ou caducité. C’est encore le commencement de la fouille d’un terrein pour une tranchée, rigole ou fondation.

On appelle ouvertures d’angle, d’hémicycle, &c. ce qui fait la largeur d’un angle, d’un hémicycle, &c.

Ouverture plate ou sur le plat. Ouverture qui est au haut d’une coupole pour éclairer un escalier qui ne peut recevoir du jour que par en haut. Il y a une ouverture de cette espece à l’escalier du roi au château de Versailles, qui est oblongue & fermée de glaces ; plusieurs qui sont rondes, aux écuries du même château, fermées d’un vitrail convexe, & une au panthéon, qui est tout-à fait découverte. Ces sortes d’ouvertures sont ordinairement couvertes d’une lanterne, comme aux dômes. (D. J.)

Ouverture, se dit, dans l’Ecriture, d’une plume dont le grand tail est bien ouvert, ce qui le rend plus agréable à la vue, & fait mieux couler l’encre sur les traces du bec.

OUVI-FOUTCHI, (Hist. nat. Bot.) racine de l’île de Madagascar. Elle est ordinairement de la grosseur de la cuisse, mais dans une bonne terre elle devient de la grosseur d’un homme : cette racine est une nourriture excellente pour les habitans.

OUVI-HARES, (Hist. nat. Bot.) racines fort communes dont se nourrissent les habitans de l’île de Madagascar ; elles se multiplient très-facilement, on n’a qu’à couper cette racine en piece pour les planter ; en huit mois elles acquierent leur maturité.

OUVI-LASSA, (Hist. nat. Bot.) plante rampante de l’île de Madagascar ; sa racine ressemble à celle du jalap, & donne une resine ; les habitans la regardent comme un purgatif très-violent.

OUIRA, (Géog. nat.) oiseau très-grand du Brésil & de l’île de Maragnan ; il est deux fois plus grand qu’un aigle ; son plumage qui est beau, est différent de celui du condor ou contour. Il enleve les brebis avec facilité ; il attaque même les hommes, les cerfs & les autres animaux forts. On assure que quelques-unes de ses plumes ont jusqu’à une aune de long, elles sont tachetées comme celles des pintades.

OUVRABLES, adj. (Gram.) jours ouvrables, jours dans lesquels il est permis d’ouvrir sa boutique & de travailler publiquement.

OUVRAGE, s. m. (Arts & Sciences.) travail, production d’un homme de lettres sur quelque sujet. On doit faire grand cas des ouvrages qui nous développent d’une main savante, les principes d’un art ou d’une science ; mais c’est au bon sens & à l’expérience à déterminer l’application de ce même principes. En général les ouvrages doivent tendre à éclairer l’esprit, mais rien ne le forme comme le soin d’écrire & de composer soi-même. C’est aux lecteurs à faire choix des ouvrages dont ils doivent plus ou moins se nourrir ; car il en est des livres comme des mets ; il y en a dont il ne faut que goûter, & d’autres qu’on doit ruminer & mâcher à loisir ; mais ce n’est que par de bons conseils, par le tems, ou par le génie, qu’on parvient à cette heureuse connoissance. On chérit ces auteurs excellens, dont les ouvrages sont autant d’amis qui moralisent sans offenser personne ; qui nous parlent sans prévention, & qui ne nous savent point mauvais gré de ce que nous passons légerement sur des choses qui leur ont coûté beaucoup de soins, de peines, & de veilles. Comme ouvrage est synonyme à livre, voyez Livre. (D. J.)

Ouvrages de l’art de la & nature, (Science micr.) il ne seroit peut-être pas inutile de comparer quelques-uns des ouvrages les plus fins & les plus exquis de nos arts, avec les productions de la nature ; une telle comparaison ne peut aboutir qu’à humilier l’orgueil de l’homme, & en même tems elle peut servir à perfectionner en quelque maniere les idées imparfaites qu’il a du créateur.

En examinant au microscope le tranchant d’un rasoir fort fin, il paroît aussi épais que le dos d’un gros couteau ; il paroît raboteux, inégal, plein d’entaillures & de sillons, & si éloigné d’être bien affilé, qu’un instrument aussi émoussé que celui-là paroît n’être pas même bon à fendre du bois.

Une aiguille excessivement petite étant aussi examinée, sa pointe paroît comme si elle avoit plus d’un quart de pouce de largeur ; elle n’est pas ronde ni plate, mais irréguliere & inégale, & sa surface, quoiqu’extrémement droite & polie à la vue simple, paroît pleine d’âpretés, de trous & de sillons ; en un mot, elle ressemble à une barre de fer qui sort de la forge.

Mais l’aiguillon d’une abeille vu par le même instrument, paroît de tous les côtés d’un poli parfait, & d’une beauté surprenante, sans la moindre fente, tache ou inégalité, & terminé par une pointe trop fine pour être distinguée ; encore n’est-ce que l’étui ou le fourreau qui contient d’autres instrumens beaucoup plus exquis.

Une petite piece de linon extrémement fin paroît par les grandes distances & trous entre ses fils, semblable en quelque maniere à une claie ou à un filet ; & les fils eux-mêmes paroissoient plus grossiers que les cordons dont on fait les cables pour les ancres.

Une dentelle de Bruxelles qui coûte cinq ou six