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y en a même qui se tiennent debout, chacun fait à sa façon : quelquefois l’ourdissoir devient rude à tourner, ce qui nuit à l’ourdissage, sur-tout si ce sont des soies extrèmement fines ; on y remédie en faisant sortir le moulin de sa situation suffisamment pour découvrir la petite crapaudine qui lui sert de centre, & y mettre de l’huile, puis le moulin est remis en son lieu & tourne avec plus de douceur : j’ai dit dans cet article, que les rochets étoient mis à la banque alternativement en sens contraire, c’est-à-dire que le déroulement se fait en-dessus & en-dessous alternativement, voici à quoi je destine cet usage ; lorsqu’il s’agira d’encroiser par deux, les deux brins qui doivent être encroisés ensemble se seront plus approchés par la différence de leur mouvement ; ensorte que l’ourdisseur les trouvera sous ses doigts presque comme il les lui faut pour les encroiser ; il doit être encore dit ici, qu’il faut que l’ourdisseur ait presque toujours les yeux sur la banque, pour être en état de renouer sur le champ les brins qui viennent à casser, ce qu’il apperçoit par la cessation du mouvement du rochet.

Ourdir, (Soierie.) c’est distribuer la quantité de fils qui doivent former la chaîne sur l’ourdissoir.

Pour cet effet, on prend les quarante fils qui composent la cantre, & après les avoir fait passer chacun dans une boule de verre, attachée au-dessus de chaque rochet sur lequel la soie est devidée, on noue tous ces fils ensemble ; ensuite on les met sur une premiere cheville qui est à une traverse au haut de l’ourdissoir ; après quoi on les enverge par l’insertion des doigts, voyez Enverger. Envergées, on les place sur deux autres chevilles à quelque distance de la premiere, puis on passe tous les fils ensemble sur une tringle de fer bien polie, la moitié de ces mêmes fils étant séparée par une autre tringle également polie. Les deux tringles de fer étant attachées au plot de l’ourdissoir, qui au moyen d’une mortoise quarrée & de la grandeur d’un des quatre montans qui sont arrêtés en-haut & on-bas des deux croisées, dont celle d’en-bas ayant une crapaudine de cuivre dans le milieu où entre le tourillon de l’arbre de l’ourdissoir, leur donne la liberté de tourner, a la liberté de monter & de descendre. A la croisée d’en-haut est passée une broche de fer, sur laquelle s’enroule & déroule une corde de boyau, passée sur une poulie du plot, & arrêtée à un tourniquet posé perpendiculairement à la poulie du plot.

Quand l’ouvrier met l’ourdissoir en mouvement, la corde qui se déroule laisse descendre le plot ; ce piot conduit tous les fils qu’il tient arrêtés entre deux poulies, de même que par la tringle supérieure, jusqu’à ce que le nombre de tours qui indique la quantité d’aunes qu’on veut ourdir soit complet.

Quand on a le nombre de tours desiré, on prend la demi-portée avec la main droite, & la passant sur une cheville, on la fait passer dessous une seconde, & la ramenant par le dessus, on la passe ensuite dessous la premiere ; de maniere que la demi portée ou la brassée placée alternativement dessus & dessous les deux chevilles, forme une espece d’envergeure pour les portées seulement ; ce qui donne la facilité de les compter.

Quand cette opération est faite, on fait tourner l’ourdissoir en sens contraire ; de maniere que la corde du plot s’enroule & le fait monter jusqu’à l’endroit d’où il étoit descendu. Alors on enverge de nouveau, fil par fil, & l’on mêle les fils envergés sur les chevilles où ont été posés les premiers ; & faisant passer la brassée sur la premiere, on enverge de nouveau, on descend comme la premiere fois & on remonte de même, jusqu’à ce que la quantité

de portées qui doivent former la chaîne soient ourdies.

La piece ourdie, on passe des envergeures en-bas & en-haut ; celle d’en bas servant à séparer les portées pour les mettre au rateau, quand on plie la piece sur l’ensuple de dessus. L’envergeure d’en-haut sert à prendre les fils de suite & de la même façon qu’ils ont été ourdis ; pour tendre la piece on la remonte.

Les envergeures passées & arrêtées, on tire les chevilles d’en-bas, & on leve la piece en chaînette, & pour lors on lui donne le nom de chaîne. Voyez l’article Chaine & Ourdissage.

Ourdir, terme de Vanier, signifie tourner & placer l’osier autour d’un moule, pour commencer à monter l’ouvrage.

OURDISSAGE des soies, pour faire les chaînes des étoffes : il entre dans l’ourdissage deux machines principales ; l’une est la cantre, & l’autre l’ourdissoir.

La cantre est composée de trois bandes de bois, larges d’environ 3 pouces, sur 1 pouce d’épaisseur, ajustées sur quatre piliers, & asservies sur deux traverses égales, pour en faire une espece de table à jouer, d’environ 2 piés de haut & 6 piés de long ; ces barres sont éloignées les unes des autres d’un pié. Chacune de ces bandes de bois sont percées de côté, directement les unes devant les autres, dans la distance de 2 pouces d’éloignement : il y a 20 trous sur toute la longueur. On passe au-travers de chacun de ces trous une broche de fer chargée de deux roquets garnis de soie, l’un d’un côté de sa barre du milieu, & l’autre de l’autre ; au-dessus de chacune des barres des roquets qui se trouvent dans les deux côtés de la cantre, est élevé sur deux montans de bois une barre qui les traverse dans la longueur ; l’une a 1 pié d’hauteur, & l’autre a 1 pié. A chacune de ces bandes sont attachées par des ficelles, autant de petits anneaux de verre, qui correspondent directement à chacun des roquets.

On prend à chaque roquet le bout de la soie qui y est dévidée, & le passant par l’anneau qui y correspond on les assemble, en les nouant ensemble par le bout pour n’en faire qu’un seul corps des 40 bouts.

L’ourdissoir est une grande cage, d’environ 6 piés de haut, de forme cylindrique de 3, autant de circonférence environ, tournant dans une grenouille, sur un pivot qui est attaché au pilier du centre de la cage, au haut du pilier de la cage est une broche de fer, autour de laquelle tourne une corde.

Cette cage est enfermée dans quatre piliers, fixés par deux morceaux de bois mis en croix au-dessus & au-dessous de la cage ; la croix du dessous porte la grenouille au point de sa réunion dans laquelle tourne le pivot qui porte toute la cage. La broche de fer passe au-travers du centre de la croix d’en-haut ; à cette broche de fer est attachée une grosse corde-à-boyau tournée autour, laquelle en se développant par les tours de la cage, va se rendre à un anneau de bois suspendu directement au haut de l’un des piliers qui enferme la cage, & va chercher un morceau de bois quarré qui monte & descend le long de ce même pilier, appellé plot, à fur & mesure que la cage déploie ou reploie la corde ; à ce plot sont attachées deux broches de fer très-polies, d’environ 9 à 10 pouces de long, servant à diriger la soie qui se distribue à mesure que la cage tourne en montant ou descendant. Au milieu de ce plot est une poulie en bois, fixée par une cheville de verre. Au bas du pilier gauche de la fermeture de la cage sont attachés deux morceaux de bois, d’environ 2 piés, à un pié & demi de distance, liés à leur extrémité par un autre morceau de bois qui les assujettit : le morceau de bois supérieur est percé