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les, ou le jour que les couriers en partent ou y arrivent.

Les marchands, négocians, banquiers, &c. qui sont chargés de beaucoup d’affaires doivent être exacts à ne point laisser passer d’ordinaires sans écrire à leurs correspondans.

Courier ordinaire, c’est un courier dont le départ est marqué à un jour fixé. Courier extraordinaire, c’est celui qu’on fait partir expres suivant les affaires qui se présentent, ou pour faire plus de diligence.

Ordinaire. C’est aussi, en terme de Commerce de mer, ce que chaque matelot peut porter avec lui sur un vaisseau marchand de hardes ou de petites marchandises, qu’on nomme autrement portée & pacotille. Voyez Pacotille. Diction. de Comm.

ORDINAL, adj. (Gram.) on nomme ainsi en Grammaire tout mot qui sert à déterminer l’ordre des individus. Il y en a de deux sortes, des adjectifs & des adverbes.

Les adjectifs ordinaux sont premier, second ou deuxieme, troisieme, quatrieme, cinquieme, &c. dernier.

Les adverbes ordinaux sont premierement, secondement ou deuxiemement, troisiemement, quatriemement ; cinquiemement, &c l’adverbe dernierement n’est point ordinal comme l’adjectif dernier, il signifie depuis peu de tems : l’adverbe ordinal correspondant à dernier, est remplacé par en dernier lieu, enfin, &c. Voyez Nombre. (B. E. R. M.)

Ordinal, terme d’Artchmétique, ce mot se dit des nombres qui marquent l’ordre des choses ou en quel rang elles sont placées. Le premier, le dixieme, le centieme, &c. sont des nombres ordinaux.

Ordinal, s. m. (Hist. ecclesiast.) chez les Anglois est le nom qu’ils donnent à un livre qui contient la maniere de conférer les ordres & de faire le service divin.

Ce livre fut composé après la réformation & le regne d’Henri VIII. sous celui d’Edouard VI. son successeur immédiat, pour le substituer au pontifical romain. Il fut revû par le clergé en 1552, & le parlement l’autorisa pour servir de regle dans tout le royaume.

Le pere le Quien, M. Fenel, & quelques autres qui dans ces derniers tems ont écrit contre la validité des ordinations angloises, ont pensé que l’ordinal d’Edouard étoit l’ouvrage de la puissance laïque ; mais le pere le Courayer dans la défense de sa dissertation sur la validité des mêmes ordinations, soutient que ce livre fut l’ouvrage du clergé, & que le roi & le parlement n’y eurent d’autre part qu’en l’autorisant pour avoir force de loi dans tout le royaume : on peut voir les preuves que cet auteur en apporte dans le livre que nous venons de citer, tom. II. part. II. liv. V. ch. j.

ORDINANT, s. m. (Gram.) il se dit de celui qui confere les ordres & de celui qui les reçoit : l’ordinant doit dire la messe. Les ordinans ont été séverement examinés. Le prélat a pensé qu’il y avoit moins d’inconvénient à risquer de fermer la porte de l’Eglise à un bon sujet que de l’ouvrir à un mauvais, parce qu’il n’y a rien de pire qu’un mauvais prêtre, quoique peut-être on ne puisse dire qu’il n’y a rien de meilleur qu’un bon.

ORDINATION, s. f. (Théolog.) est l’action de conférer les ordres sacrés, &, parmi les Protestans, la cérémonie d’installer un candidat d’église réformée, dans le diaconat ou dans la prêtrise. Voyez Ordres & Réordination.

Selon un théologien moderne, l’ordination est le rit extérieur qui éleve au ministere évangélique, & l’on ne doit pas la confondre avec l’ordre. La raison qu’il en apporte est que l’ordre est l’effet de l’ordination

,

& n’est à proprement parler que l’état dans lequel on est constitue par la voie de l’ordination.

Les Theologiens catholiques définissent l’ordination un sacrement de la nouvelle loi, qui donne le pouvoir de faire les fonctions ecclésiastiques, & la grace pour les exercer saintement.

On est partagé dans les écoles sur la matiere & la forme de ce sacrement : les uns admettant pour matiere essentielle l’imposition des mains seules, & pour seule forme essentielle la priere ; & ne reconnoissant la porrection des instrumens, c’est à dire, du calice, de la patene, &c. qu’on fait toucher aux ordinans, que comme matiere accessoire & intégrale. D’autres regardent cette derniere cérémonie comme matiere essentielle, & un troisieme sentiment les réunit toutes deux comme matiere totale & adéquate. Voyez Matiere & Forme. Le premier sentiment est le plus suivi.

L’ordination des évêques s’appelle plus proprement consécration. Voyez Evêque & Consécration.

L’ordination a toûjours été regardée comme la principale prérogative des évêques, qui en regardent aussi les fonctions comme une espece de marque de leur souveraineté spirituelle dans leur diocèse.

Sous l’ancienne discipline de l’église anglicane on ne connoissoit point d’ordination vague & absolue ; mais tout clerc étoit obligé de s’attacher à quelque église d’où il devoit être ordonné clerc ou prêtre. Dans le douzieme siecle on se relâcha sur cette coutume, & on ordonna des clercs, sans qu’ils fussent pourvus d’aucun titre ou bénefice. Voyez Benéfice.

Le concile de Trente a fait revivre l’ancienne discipline, & a défendu d’ordonner quiconque ne seroit point pourvu d’un bénéfice capable de le faire subsister. En Angleterre, on conserve encore une ombre de cette discipline. Voyez Commande.

Les Réformés soutiennent que le choix du peuple est la seule chose qui soit essentielle pour la validité du ministere ecclésiastique, & ils enseignent que l’ordination n’est qu’une cérémonie qui rend le choix du peuple plus auguste & plus authentique.

Le concile de Rome, tenu en 744, ne permet de faire les ordinations que dans le premier, le quatrieme, le septieme & le dixieme mois de l’année. En Angleterre, les jours des ordinations sont les quatre dimanches qui suivent immédiatement les quatre-tems ; savoir, le second dimanche de carême, le dimanche de la Trinité, & les deux dimanches qui suivent le premier mercredi après le 14 de Septembre, & le 13 Decembre.

Le pape Alexandre II. condamne les ordinations qu’on appelle, après lui, per saltum, c’est-à-dire, lorsqu’on reçoit un des trois ordres majeurs sans avoir passé par les quatre mineurs ; ou plutôt encore un des ordres majeurs sans avoir reçu celui qui le précede, comme la prêtrise sans avoir reçu le diaconat : mais quelques Théologiens soutiennent que ces ordinations seroient illicites & non-invalides, qu’on peut être prêtre sans avoir été diacre, évêque sans avoir été prêtre, & ils croient le prouver par des exemples. On a vivement disputé dans ces derniers tems pour ou contre la validité des ordinations faites dans l’église anglicane, & cette question a occasionné divers écrits pleins de recherches & d’érudition.

Depuis la réformation, les Anglicans se sont toûjours attachés à montrer que leurs évêques étoient véritablement consacrés, & par conséquent que la succession épiscopale n’avoit pas manqué dans leur église. Les Catholiques, dès le regne d’Elisabeth & depuis, leur ont contesté cette prérogative ; &, pour la sapper dans son fondement, ils ont prétendu que Parker & Barlow, la tige de tout l’épiscopat anglican