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du vaisseau MO, qu’on suppose faire une course circulaire, coupe le méridien du lieu de départ.

Puisque dans le triangle PMN, l’on connoît PM & PN complémens des latitudes données HM & TN, & l’angle MPN mesuré par l’arc HT différence des longitudes données H & T ; il est clair qu’on aura facilement l’angle PMN par la trigonométrie sphérique.

II. La latitude HM & la longitude H du lieu M d’où l’on est parti étant données, ainsi que la distance parcourue, & la latitude LS du lieu où le vaisseau est arrivé en décrivant un arc de cercle, trouver la longitude du lieu L, & l’angle PLM compris entre le chemin du vaisseau & le méridien PS.

Dans le triangle PLM, PM complément de la latitude HM est connu ainsi que PL complément de la latitude LS. Donc, si on convertit le chemin ML du vaisseau en degrés de l’équateur, on aura par la trigonométrie sphérique l’angle MPL, qui est égal à la différence HS des longitudes, & par conséquent aussi l’angle PLM.

On pourroit résoudre de la même maniere plusieurs autres questions de navigation ; mais comme on parvient plus aisément à leurs solutions par les rhumbs que par les cercles, nous n’en parlerons pas davantage.

Navigation droite, est celle par laquelle on fait voile directement vers un des quatre points cardinaux de l’horison. Voyez Points cardinaux.

Si un vaisseau fait voile sur le méridien, c’est-à-dire, s’il va droit au nord ou au sud, il ne change point du tout de longitude, mais de latitude seulement, d’autant de degrés qu’il y en a dans le chemin qu’il fait. Voyez Latitude.

Si un vaisseau fait voile sous l’équateur, vers l’est ou vers l’ouest, il ne change point de latitude, mais de longitude seulement, & d’autant de degrés qu’il y en a dans le chemin qu’il fait.

S’il fait voile sous un même parallele vers l’est ou vers l’ouest, sa latitude ne change point, mais sa longitude change, non pas d’autant de degrés qu’il y en a dans un arc de l’équateur égal à l’arc du parallele qu’il parcourt, mais d’autant de degrés qu’il y en a dans l’arc même du parallele ; de sorte que plus le parallele est près du pole, plus le vaisseau fait de chemin en longitude, toutes choses égales d’ailleurs.

Navigation, (Méd.) comme on entend ordinairement par ce terme, la maniere de voyager sur mer, il doit être question ici des effets qu’elle produit relativement à la santé.

La plûpart des personnes qui ne sont point accoutumées aux différens mouvemens d’un vaisseau, ne tardent pas d’en éprouver des incommodités, des indispositions considérables : savoir d’abord, des tournemens de tête, des vertiges ; ensuite des nausées, des vomissemens très-fatiguans, qui sont des effets à-peu-près semblables à ceux qu’éprouvent bien des gens, lorsqu’ils sont portés à-rebours dans une voiture roulante, ou après avoir tourné, marché en rond ; ce qu’on ne peut attribuer qu’à la trop grande mobilité du genre nerveux, telle qu’elle se trouve dans les femmes hystériques, & dans les hommes d’un tempérament sensible, délicat. Ainsi on peut regarder ces différens accidens comme provenans d’une même cause dans tous ces cas ; on peut, par conséquent, regarder cette cause comme étant de la même nature que celle des vapeurs. Voyez Vapeurs.

La navigation (c’est-à-dire les voyages en mer) est mise au nombre des choses qui contribuent le plus à établir la disposition au scorbut. Voyez Scorbut.

Les mauvais effets que produit souvent la navigation

sont incontestables ; il n’en est pas de même des bons effets que quelques auteurs lui ont attribué pour la conservation de la santé, ou pour son rétablissement. Van Helmont prétend, Tr. blas. human. n. 36. tr. aliment. tartar. in santic. n. 15. que ceux qui ne sont pas incommodés de l’air de la mer, ou du mouvement du vaisseau, ont le double & le triple de l’appétit qui leur est ordinaire sur terre. Selon Sthaal, in prop. emptico. ad disput. in augur. de fundam. pathol. practic. d’après Pline, Celse & Cœlius Aurelian, les voyages par mer, & même de longs cours, sont fort utiles pour la guérison de la pthisie, de l’hectisie, du marasme ; c’est un grand remede dans ces contrées, très-vanté par les anciens, mais en faveur duquel les modernes ne rapportent rien d’assuré. Voyez Lexic. Castell.

NAVIGER, v. n. (Marine.) les Marins prononcent naviguer, & on dit l’un & l’autre ; cependant comme l’on écrit navigation, navigateur, navigable, il semble qu’on doit écrire naviger & non naviguer. On entend par ce terme faire route & voyager sur mer.

Naviger dans la terre, terme de pilotage ; c’est estimer avoir fait plus de chemin que le vaisseau n’en a fait réellement ; de sorte que suivant son estime on devroit être arrivé à terre, lorsqu’on en est encore éloigné : de sorte qu’en continuant de pointer sa route sur la carte, le point de navigation se trouve dans les terres, plus ou moins avant, suivant que l’erreur de l’estime est plus ou moins considérable. (Z)

NAVIRE, ce nom se donne également à tout vaisseau : on dit un navire de guerre, un navire marchand, &c. Voyez Vaisseau.

Navire marchand, c’est un navire qui va en mer seulement pour faire le commerce.

Navire en guerre et marchandise, c’est celui qui étant marchand ne laisse pas de prendre commission pour faire la guerre.

Navire en course, voyez Armateur.

Navire à fret, c’est un navire que le bourgeois ou propriétaire loue à des marchands ou autres, pour transporter leurs marchandises d’un port à un autre port, & même pour des voyages de longs cours. Voyez Fret.

Navire envictuaillè, c’est un navire qui a toutes ses provisions & munitions, tant de guerre que de bouche.

Navire en charge, est un navire dans lequel on embarque actuellement des marchandises, & qui n’a pas encore sa cargaison complete. Voyez Cargaison.

Navire chargé, est celui dont la charge est faite ou la cargaison complete.

Navire terre neuvier, c’est un navire destiné à la pêche de la morue, sur le grand banc de Terre-Neuve. On y appelle navire banqué, celui qui est placé sur le banc & qui y fait sa pêche ; & navire débanqué, celui qui a fini sa pêche, ou qui est dérivé de dessus le banc par le mauvais tems.

Navire, on donne aussi quelquefois aux navires le nom des états, provinces, villes où ils ont été construits ou équipés : ainsi l’on dit navire anglois, navire normand, navire breton, navire malouin, navire nantois, &c.

Navire de registre, on appelle ainsi en Espagne & dans l’Amérique espagnole un navire marchand à qui le conseil des Indes a accordé la permission d’y aller trafiquer, moyennant une certaine somme & sous certaines conditions. Voyez Registre, dictionn. de Commerce.

Navire Argo, (Mytohl.) c’est le célebre vaisseau sur lequel s’embarquerent pour la conquête de la toison d’or tout ce qu’il y avoit de héros dans la Grece,