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mence. On ne peut les greffer que la seconde année après qu’ils ont été mis en pepiniere. La greffe en flûte est la méthode la plus sûre & la plus expéditive dont on puisse se servir. Elle se fait à la fin d’Avril ou au commencement de Mai. Cependant on peut aussi employer la greffe en écusson : on cueille dès l’hiver les branches dont on veut tirer les écussons, ou les conserver en les tenant dans la terre à l’ombre ; & on les fait à la pousse, lorsque les oliviers sont en fleur & en pleine séve. Trois ans après, les plants greffés seront en état d’être transplantés à demeure.

On peut encore multiplier cet arbre, en plantant de médiocres racines, après les avoir arrachées au pié des vieux oliviers : mais cet expédient étant fort long & fort incertain, n’est pas en usage.

Le printems est la saison la plus convenable pour la transplantation des oliviers : il faut, autant qu’il est possible, les enlever avec la motte de terre, & on ne sauroit trop répéter qu’il leur faut dans ce tems-là des engrais & des arrosemens, & que leur succès dépendra principalement du soin que l’on aura eu de les mettre dans une terre meuble, légere & active. On plante ces arbres à vingt-cinq ou trente piés de distance selon la qualité du terrein, & par rangées fort éloignées les unes des autres, afin qu’on puisse cultiver les intervalles en nature de vigne ou de terres à blé. L’olivier peut se passer de culture, mais dans ce cas il ne donne que de petits fruits, en moindre quantité & de peu de qualité. Il faut donc le tenir en culture, &, lorsqu’il devient paresseux ou languissant, on y remédie en remuant à leur pié une surface de terre de cinq ou six pouces d’épaisseur, que l’on amende avec les engrais convenables à la qualité du terrein ; ou bien en y mettant au lieu de fumier des terres brûlées, qui donnent de la vigueur aux arbres sans altérer la qualité du fruit. La taille des oliviers exige peu de talent : elle consiste à retrancher le bois mort, les branches gourmandes, celles qui nuisent, qui se chiffonnent, qui s’élancent trop, &c.

Cet arbre est d’une longue vie, d’une grande fertilité, & d’un accroissement uniforme ; il reprend promptement, il lui faut peu de culture, & il se multiplie fort aisément. Mais il n’est d’aucune ressource pour l’agrément : il a l’apparence d’un saule. Aussi ne le cultive-t-on que pour l’utilité de son fruit : rien de plus connu que le service que l’on tire des olives. On en fait une huile qui sert à la table, à la cuisine, aux savonneries, à la Pharmacie, à brûler, & à quantité d’autres usages. Voyez le mot Huile. On confit aussi une grande quantité d’olives. Voyez Olive.

Le bois d’olivier est dur, noueux, tortu, & peu solide ; néanmoins ce bois étant jaunâtre, ondé, veiné & singulierement varié à l’endroit des nodosités, il est fort beau & trés-recherché par les Ébénistes & les Tablettiers, parce qu’il prend un beau poli. Mais comme il y a de l’inégalité dans l’adhérence des couches ligneuses, & qu’il arrive souvent qu’une partie du bois se sépare de l’autre comme si elle avoit été mal collée, c’est ce qui empêche de l’employer aux ouvrages de menuiserie : ce bois est aussi bon à brûler lorsqu’il est verd que quand il est sec.

En semant les olives sous des climats & dans des terreins différens, on a acquis une quantité de variétés, parmi lesquelles on cultive de préférence dans les pays chauds, celles dont les olives sont propres à donner une huile fine, celles qui sont propres à confire, & celles qui rapportent beaucoup de fruit : voici les especes les plus connues.

1. L’olivier sauvage. Ses feuilles sont dures, épaisses, & des plus blanches en-dessous ; il vient naturellement sur les montagnes des pays chauds, & il

donne peu de fruit qui est fort petit, de sorte que quoique l’huile en soit très-fine, elle ne dédommage pas de la peine d’aller chercher les olives de cette espece.

2. L’olivier à petit fruit long, ou l’olive picholine, c’est l’une des plus estimés pour confire.

3. L’olivier à petit fruit rond, ou l’aglaudan, ou la caïanne, c’est l’olive qui donne l’huile la plus fine.

4. L’olivier à gros fruit long, ou la laurine. Cette olive est relevée de bosses, elle donne de bonne huile & elle est encore meilleure à confire.

5. L’olivier à fruit ressemblant à celui du cornouailler ou le corniau.

6. L’olivier à gros fruit arrondi, ou l’ampoullau.

7. L’olivier précoce à fruit rond, ou le moureau.

Ces trois dernieres especes sont fort reputées pour l’huile fine.

8. L’olivier à très-gros fruit, ou l’olivier d’Espagne. C’est la plus grosse & la plus amere de toutes les olives.

9. L’olivier sauvage d’Espagne. La pointe de son fruit est tronquée.

10. L’olivier de Luques. Son fruit est odorant.

11. L’olivier à feuilles de buis. Ces deux dernieres especes sont les plus robustes, & celles qui peuvent le mieux reussir en plein air, dans la partie septentrionale du royaume.

12. Le grand olivier franc, ou l’amélou. Son fruit est de la forme d’une amande.

13. L’olivier à fruit long d’un verd foncé.

14. L’olivier à fruit blanc.

15. L’olivier à gros fruit très-charnu, ou l’olivier royal.

16. L’olivier à fruit rond très-verd, ou le verdale.

17. L’olivier à fruit en grappes, ou le bouteillau.

18. L’olivier à petit fruit rond, panaché de rouge & de noir, ou le pigau.

19. L’olivier à petit fruit rond & noirâtre, ou le salierne.

Les sept dernieres especes donnent beaucoup de fruit, & ne sont propres la plûpart qu’à faire une huile fort commune.

Olivier, (Mat. médic. & Diete.) quoique quelques auteurs recommandent les feuilles de cet arbre comme astringentes, & principalement utiles dans les gargarismes, &c. cependant ce n’est que son fruit, que l’olive qui mérite proprement l’attention des Médecins, comme objet diététique & pharmaceutique.

La chair de l’olive qui a reçu à-peu-près tout son accroissement, mais qui est encore verte, contient une quantité considérable d’huile grasse & une matiere extractive d’un goût acerbe, amer, & mêlé d’un peu d’acidité. Les olives mûres contiennent les deux mêmes substances, qui different seulement en ce que l’huile est plus douce & plus abondante, & que la matiere extractive ne contient plus d’acide nud sensible au goût ; les olives mûres contiennent de plus une matiere colorante, noîratre, déposée dans leur peau.

L’huile grasse & la matiere extractive renfermées pêle-mêle dans la chair des olives, sont immiscibles ou réciproquement insolubles, ensorte que, lorsqu’on en retire l’huile par le moyen de l’expression, (voyez Expression & Huile par expression, sous le mot Huile,) elle n’entraîne pas un seul atôme de la matiere extractive, elle ne participe en rien de ses qualités, & que réciproquement, lorsqu’on applique aux olives le menstrue propre de la matiere extractive, savoir l’eau, on en retire ce principe exempt de tout mélange d’huile.

L’huile retirée des olives très-vertes à laquelle les anciens ont donné le nom d’omphacine, contient seulement un peu d’acide nud qu’elle manifeste