Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/444

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sert à nager, tandis que du pié droit, qui ressemble aux serres d’un faucon, il tient sa proie, soit en l’air, soit dans l’eau.

Oiseaux aquatiques, (Pêche.) voyez la maniere dont elle se fait dans la baie & le bassin d’Arcasson, ressort de l’amirauté de Bordeaux. Elle est d’autant meilleure, que le froid est plus grand. On plante sur le terrein, qui est ordinairement élevé de trois à quatre piés au-dessus des achenaux, de longues perches de quatre à cinq brasses de haut, éloignées de cinq à six de chûte. La nuit les oiseaux marins qui de basse mer viennent paître sur ces mottes de terre, & qui vont de-là boire, s’embarrassent dans les fillets & s’y prennent. Plus la nuit est obscure, plus la pêche est abondante. C’est la même chose que la chasse des bécasses à la passée, & que celles des heurons des pêcheurs picards. Il y a autour du bassin vingt à trente de ces sortes de pêcheries, garnies chacune de cent piés de filets.

Les oiseaux de mer se prennent encore comme les allouettes & autres petits oiseaux de terre. Ceux qui font cette pêche choisissent un lieu convenable & voisin des marigots ou flasque d’eau que la mer laisse, quand elle s’est retirée. Ils ont des oiseaux privés qu’ils rangent au bord de la marée, & dans l’eau sur des piquets. Ils élevent à une distance convenable un petit cercle, ou une terrasse de gason, avec une ou deux embrasures, d’où ils puissent voir les oiseaux & tirer le filet, quand les oiseaux se sont abatus. Cette pêche est quelquefois si abondante, qu’on a une douzaine d’oiseaux presque pour rien. Voyez cette pêche dans nos Planches.

On fait une pêche différente des précédentes avec le feu. Elle est très-industrieuse & particuliere aux riverains de la baie S. Michel. Lors de la basse eau & dans une nuit tranquille & fort obscure, ils partent deux dans un profond silence. Celui qui marche le premier porte un grand pot de terre ou de bois, qu’on appelle baratte ou barette. C’est la même machine dont on se sert pour battre le beurre. Elle est défoncée par le bas, le haut en est bouché. On y met environ une livre de poix résine, avec un morceau de torche ou de gaudron. Quand on entend le cri des oiseaux, qu’on sifle quelquefois pour les découvrir, le pêcheur qui porte la baratte, y met le feu, & en expose la grande ouverture vers le lieu où il a entendu les oiseaux. Le second pêcheur qui l’accompagne est immédiatement derriere lui, portant sur ses épaules un filet tendu, large de cinq à six piés en quarré, & dont les mailles ont deux pouces. Celui-ci n’agit qu’au signal de son compagnon. Lorsque les oiseaux de mer s’approchent, le porteur de baratte tâche d’en tourner l’ouverture vers son compagnon, afin que les oiseaux ne soient point effrayés de la trop grande lueur. Mais quand il s’en voit comme investi, aussi-tôt il retourne la baratte vers les oiseaux qui voltigent autour, & touche de la main son compagnon qui jette le filet. On prend ainsi beaucoup d’oiseaux. Voyez cette pêche dans nos Planches.

Autre pêche qui se fait à la côte à pié. On forme le long du rivage, dans un endroit convenable, des petites haies avec des branches de genêt ; on laisse à ces haies, de distance en distance, des passages étroits, où l’on place des lacets de crin. Les oiseaux marins qui de basse mer viennent quêter leur pâturage, se présentent à ces ouvertures & se prennent.

On en tue au fusil en se mettant dans des petites chaloupes, ou en rangeant la côte à pié, où l’on trouve toujours ceux de l’espece des piés fendus.

On pêche aussi les oiseaux à la ligne. On a des lignes doubles sur lesquelles on frappe de distance en distance des piles ou menues frulles, d’une longueur

proportionnée à la profondeur des fonds. Il faut que l’apât dont les ains des piles sont garnis soit à fleur d’eau. Les lignes sont tendues avec un bateau. Il y a au bout de chaque ligne une grosse pierre pour la faire caler & la tenir sur fond. C’est ainsi qu’on attrape des maquereuses, des canards, & autres oiseaux à piés feuillés. Ces oiseaux ne mordent à l’apât que la nuit. Cette pêche ne se pratique qu’en hiver. Les nuits obscures y sont favorables.

Les pêcheurs de Bugules, lieu dans le ressort de l’amirauté de Morlaix, font pendant l’hiver une pêche ou une chasse abondante de bernaches. Les bernaches sont les véritables demies-oies de mer des pêcheurs normands & picards, que l’on confond en Bretagne avec les macreuses, censées du genre des poissons, & dont, sur ce fondement, les religieux qui font par leurs vœux une abstinence continuelle de viande, usent, sans scrupule, les jours gras, & les séculiers les jours maigres.

On ne prend ces sortes d’oiseaux qu’en hiver, qu’ils viennent en abondance à la côte ; pour lors les riverains vont avec leurs chaloupes entre les roches voisines de leurs côtes, où elles sont presque toutes isolées, quelques-uns se mettent dessus, les autres restent dans la chaloupe ; les bernaches ne se prennent guere que de nuit ; les nuits plus obscures sont les plus favorables. Lorsque les bernaches traversent le canal des islots de l’autre bord, ceux qui sont à terre, ou dans les chaloupes les tirent. Ces oiseaux sont fort estimés sur-tout pendant le carême. Les riverains y font alors un gros profit ; mais le froid de l’hiver est le tems le plus convenable pour en trouver en grand nombre.

Oiseaux petits, (Diete.) on mange en automne en beaucoup de pays, & principalement dans presque toutes les provinces de ce royaume, plusieurs especes de petits oiseaux, qui sont très-gras dans cette saison, sur tout après les pluies. Les principales especes sont le bequefigue, qu’on appelle dans quelque province pivoine, & qui ne paroît pas différer de l’oiseau qu’on appelle en Gascogne murier, quoique dans ce pays on donne ce nom à des petits oiseaux de plusieurs especes, dont les principaux sont du genre des fauvettes, la rouge-gorge, le rossignol, qui devient très-gras dans cette saison, &c.

Tous ces oiseaux, qu’on mange ordinairement rôtis, fournissent un aliment très-délicat & très-salutaire ; & qui, quoique très-gras, n’est ni fastidieux, ni pesant à l’estomac, défaut qui se rencontre dans l’ortolan. Voyez Ortolan. (b)

Oiseau du paradis, (Astrol.) constellation de l’hémisphere méridional, qui est du nombre de celles qu’on ne sauroit voir dans ces climats. Voyez Constellations. (O)

Oiseau, terme de Maçonnerie, signifie une espece de demi-auget composé de planches légeres, arrondies par une extrémité, & jointes en équerre par l’autre, dont celle d’en-bas est posée horisontalement sur deux morceux de bois en forme de bras assez longs ; & celle d’en-haut est attachée à deux autres petits bâtons, qui tombent d’aplomb sur chacun des bras. C’est sur cette petite machine que de jeunes manœuvres, qu’on nomme goujats, portent sur leurs épaules le mortier aux maçons & limosins, lorsque le service ne se peut faire à la pelle. (D. J.)

Oiseau, (Sculpture.) c’est une espece de palette sur laquelle les sculpteurs mettent le mortier avec lequel ils travaillent de stuc.

OISELER, v. a. terme de Fauconnerie ; dresser un oiseau.

Oiseler, chez les oiseleurs, veut dire, tendre des filets, préparer des gluaux, ou se servir du miroir & des trébuchets pour prendre des oiseaux.

OISELIER, s. m. (Oiselerie.) celui qui va chas-