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tein, & de Pierre, mais sur-tout la montagne de la Table & sur celle du Diable.

» Enfin, ce qui confirme mon opinion, est que constamment deux ou trois jours avant que les vents de sud-est soufflent, on apperçoit sur la tête du lion de petits nuages noirs qui la couvrent ; ces nuages sont, suivant moi, composés des particules dont j’ai parlé ; si le vent de nord-ouest regne encore lorsqu’ils arrivent, ils sont arrêtés dans leur course, mais ils ne sont jamais chassés fort loin jusqu’à ce que le vent de sud-est commence ».

Œil de chat, (Hist. nat. Minéral.) oculus cati, oculus solis, oculus beli, bellochio, c’est une espece d’opale, assez transparente, ordinairement d’un jaune verdâtre ou d’une couleur rougeâtre & changeante, semblable à celle de la prunelle de l’œil d’un chat ; tenue au jour & remuée elle semble darder un rayon de lumiere. Quelquefois par des accidens heureux on trouve une tache noire ou d’une autre couleur, accompagnée de plusieurs cercles concentriques, au milieu de cette pierre, ce qui la fait encore plus ressembler à un œil : souvent aussi les Jouailliers ont des secrets pour aider la nature, & pour perfectionner cette ressemblance qu’elle n’avoit fait qu’ébaucher.

Les anciens litographes, à qui les noms ne coûtoient rien, ont appellé erytrophtalmus les pierres dans lesquelles il se trouvoit un cercle rouge ; quand ce cercle étoit gris ou blanc ils ont nommé la pierre leucophtalmus ; lorsqu’il y avoit deux yeux représentés sous la même pierre, ils l’ont appellée diophtalmus : c’est ainsi qu’ils ont aussi nommé ægrophthalmus & lycophtalmus les pierres sur lesquelles ils ont vû, ou cru voir la ressemblance d’un œil de chevre ou de loup. (—)

Œil du monde, (Hist. nat. Minéralogie.) oculus mundi, lapis mutabilis, pierre précieuse qui est une vraie onyx à qui elle ressemble par sa couleur qui est aussi celle d’un ongle.

On dit que cette pierre, qui a peu de transparence, présente un phénomene singulier ; si on la laisse dans l’eau pendant quelques minutes, elle devient beaucoup plus transparente qu’auparavant, & au-lieu d’être d’un gris pâle, elle paroît alors d’une couleur jaunâtre, à-peu-près comme celle de l’ambre ; aussi-tôt qu’elle a été retirée de l’eau & sechée, elle redevient opaque comme auparavant : on prétend que cette pierre ne se trouve qu’à la Chine. (—)

Œil de serpent, (Hist. nat.) en italien occhio di serpe, nom donné par quelques auteurs à la pierre appellée bufonito ou crapaudine. Voyez cet article.

Œil, (Métallurgie.) ou appelle ainsi dans les fonderies de métaux une ouverture qui est au bas du fourneau, par laquelle la matiere fondue s’écoule pour être reçue dans le bassin qui est au-dessous. Pendant la fusion le trou se bouche avec un mélange de glaise & de charbon ; lorsque la fonte est achevée & que la matiere est bien fluide, on perce cet œil avec une barre de fer. Quelquefois on fond par l’œil : c’est-à-dire on ne bouche point ce trou, & on laisse découler le métal fondu à mesure qu’il se fond : cela convient sur-tout aux métaux qui se calcinent aisément, comme le plomb ou l’étain. Voyez Étain & Plomb. (—)

Œil, (Architect. civile.) nom général qu’on donne à toute fenêtre ronde prise dans un fronton, un attique, ou dans les reins d’une voûte, comme il y en a, par exemple, aux deux berceaux de la grande salle du palais à Paris.

Œil de bœuf, petit jour pris dans une couverture, pour éclairer un grenier ou un faux comble, fait de plomb ou de poterie : on appelle encore œil de bœuf les petites lucarnes d’un dôme, telles qu’il y en a,

par exemple, à celui de saint Pierre de Rome, qui en a quarante-huit en trois rangs.

Œil de dôme, c’est l’ouverture qui est au haut de la coupe d’un dôme, comme au Panthéon à Rome, & qu’on couvre le plus souvent d’une lanterne, ainsi que la plûpart des dômes.

Œil de volute, c’est le petit cercle du milieu de la volute ionique, où l’on marque les treize centres pour en décrire les circonvolutions.

Œil de pont, terme d’architecture hydraulique, nom qu’on donne à de certaines ouvertures rondes au-dessus des piles, & dans les reins des arches d’un pont, qu’on fait autant pour rendre l’ouvrage léger que pour faciliter le passage des grosses eaux, telles qu’il y en a, par exemple, au pont neuf de la ville de Toulouse, & à ceux que Michel-Ange a bâtis sur l’Arno, à Florence. Daviler. (D. J.)

Œil de pie, (Marine.) ce sont les trous ou œillets qu’on fait le long du bas de la voile au-dessus de la ralingue, pour y passer des garottes de ris. (Z)

Œils-yeux, ou trous de la voile de sivadiere, ce sont deux trous aux deux points d’en-bas de la sivadiere, par où s’écoule l’eau que la mer jette dans la sivadiere. (Z)

Œil, terme de Manufacture, se dit du lustre & de l’éclat des marchandises d’une certaine beauté extérieure qui frappe la vûe, & qui ne fait pourtant pas la plus grande perfection. Néanmoins comme l’on est souvent plus touché de l’œil & du lustre d’une étoffe que de sa bonne fabrique, c’en est aussi une des meilleures qualités pour le débit, & si les ouvriers doivent être attentifs à donner cet œil à leurs ouvrages, les marchands ne doivent pas moins l’être à le leur conserver. (D. J.)

Œil, terme d’Artisans, ce mot s’entend des trous qui servent à emmancher plusieurs de leurs outils, comme l’œil d’un marteau, d’un pieu, d’un houe, d’une pioche, d’un déceintroir, d’un têtu, &c.

On dit aussi l’œil d’un étau, pour signifier le trou par où passe sa vis ; & l’œil d’une louve, instrument de fer qui sert à élever des pierres de taille, pour dire le trou par où passe l’esse du cable.

L’œil d’une meule à moulin, est le trou qu’elle a dans son centre.

Les grues, les engins, les chevres, & autres semblables machines à élever des fardeaux, ont aussi leurs yeux, ce sont les trous par où passent les cables. (D. J.)

Œil, en terme d’Eperonnier, sont des trous qui terminent chacune des branches d’un mors par en-haut de quelque espece que ce mors soit, à gorge de pigeon, à canne, &c. c’est dans ces yeux que passent la gourmette & deux corroyes de cuir qui arrêtent le mors sur la tête du cheval en se passant derriere les oreilles. Voyez Gourmette, &c. Voyez les planches de l’Eperonnier.

Œil des caracteres d’Imprimerie ; on entend par œil la figure de la lettre qui se trouve à un des deux bouts du corps : on dit d’un caractere qu’il est gros œil ou petit œil, parce que sur un même corps on y fond des lettres un peu plus ou moins grosses qui se distinguent par gros ou petit œil. Voyez Œil, impr.

Œil, en terme de Fourbisseur, c’est la partie d’une garde qui est entre la poignée & la plaque. On la nomme aussi quelquefois corps. Elle se termine en bas par une batte. Voyez Batte.

Œil d’un ressort, s’entend parmi les Horlogers, d’une fente longue faite à chacune des extrémités du grand ressort d’une montre ou d’une pendule pour le faire tenir aux crochets du barillet & de son arbre. Voyez Barillet, Arbre de barillet, Ressort, &c. (T)

Œil, terme de Joaillerie ; ce mot signifie, en style de Lapidaire, le brillant & l’éclat des pierres,