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une capsule membraneuse transparente, & logée dans la fossette de la partie antérieure de l’humeur vitrée. On ne le peut compter parmi les humeurs que très-improprement, & seulement par rapport à sa grande facilité de se laisser manier, paîtrir, & quelquefois même presque dissoudre par de différentes compressions réiterées entre les doigts, surtout après l’avoir tiré hors de sa capsule. La structure interne de la masse du crystallin n’est pas encore assez développée pour en parler avec assurance, sur-tout dans l’homme où l’on ne découvre point un certain arrangement de tuyaux crystallins entortillés en maniere de pelotons, qu’on prétend avoir vus dans les yeux des grands animaux.

La couleur & la consistance du crystallin varient naturellement suivant les différens âges. C’est l’observation de M. Petit médecin, démontrée par lui-même à l’académie des Sciences, sur un grand nombre d’yeux humains, & inserée dans les Mémoires de 1726. Il est fort transparent & comme sans couleur jusque vers l’âge de 30 ans, où il commence à devenir jaunâtre, & devient ensuite de plus en plus jaune. La consistance suit à-peu-près les mêmes degrés. Il paroît également mollasse jusqu’à l’âge de 25 ans, & acquiert après cela plus de consistance dans le milieu de la masse. Cela varie comme on le peut voir dans les Mémoires de l’académie des Sciences de 1727.

L’humeur aqueuse est une liqueur très-limpide, très-coulante & comme une espece de lymphe ou sérosité très peu visqueuse. Elle n’a point de capsule particuliere comme la vitrée & le crystallin ; elle occupe & remplit l’espace qui est entre la cornée transparente & l’uvée, ainsi que l’espace qui est entre l’uvée & le crystallin, de même que le trou de la prunelle. On donne le nom de chambres de l’humeur aqueuse à ces deux espaces, & on les distingue par rapport à la situation, en chambre antérieure & en chambre postérieure.

Ces deux chambres ou capsules communes de l’humeur aqueuse different en étendue. L’antérieure qui est assez visible à tout le monde, entre la cornée transparente & l’uvée, est la plus grande des deux. La postérieure qui est cachée entre l’uvée & le crystallin est fort étroite, sur-tout vers la prunelle où l’uvée touche presque au crystallin. Cette proportion des deux chambres a été assez prouvée & démontrée contre l’opinion de plusieurs anciens, par MM. Heister, Morgagni & Petit.

La tunique albuginée, qu’on appelle communément le blanc de l’œil, est principalement formée par l’expansion tendineuse de quatre muscles. Cette expansion est très-adhérente à la sclérotique, & la fait paroître là tout-à-fait blanche & luisante ; au lieu qu’ailleurs elle n’est que blanchâtre & terne. Elle est très-mince vers le bord de la cornée, où elle se termine uniformément, & devient comme effacée par la cornée.

Il y a pour l’ordinaire six muscles attachés à la convexité du globe de l’œil dans l’homme. On les divise selon leur direction en quatre droits & en deux obliques. On distingue ensuite les muscles droits selon leur situation, en supérieur, inférieur, interne, externe, & selon leurs fonctions particulieres, en releveur, abaisseur, adducteur, abducteur. Les deux obliques sont nommés selon leur situation & leur étendue, l’un oblique supérieur ou grand oblique, & l’autre oblique inférieur ou petit oblique. Le grand oblique est aussi appellé trochléateur, du latin trochlea, c’est-à-dire poulie, parce qu’il passe par un petit anneau cartilagineux, comme autour d’une poulie.

Les muscles droits ne répondent pas tout-à-fait à leurs noms, car dans leurs places naturelles ils

n’ont pas tous les quatre cette situation droite qu’on leur fait avoir hors de leurs places dans un œil détaché ; le seul interne des quatre muscles est situé directement, la situation des trois autres est oblique. Ces divers muscles levent les yeux, les abaissent, les tournent vers le nez ou vers la tempe. Quand les quatre muscles droits agissent successivement les uns après les autres, ils font mouvoir la partie antérieure du globe en rond : c’est ce qu’on appelle rouler les yeux.

L’usage des muscles obliques est principalement de contrebalancer l’action des muscles droits, & de servir d’appui au globe de l’œil dans tous ses mouvemens.

Les paupieres sont une espece de voiles ou rideaux, placés transversalement au-dessus & au-dessous de la convexité antérieure du globe de l’œil. Il y a deux paupieres à chaque œil, une supérieure & une inférieure. La paupiere supérieure est la plus grande, & la plus mobile des deux dans l’homme. La paupiere inférieure est la plus petite, & la moins mobile des deux. Les deux paupieres de chaque œil s’unissent sur les deux côtés du globe. On donne aux endroits de leur union le nom d’angles, & on appelle angle interne ou grand angle, celui qui est du côté du nez, & angle externe ou petit angle, celui qui est du côté des tempes.

Les paupieres sont composées de parties communes & de parties propres. Les parties communes sont la peau, l’épiderme, la membrane cellulaire ou adipeuse. Les parties propres sont les muscles, les tarses, les cils, les points ou trous ciliaires, les points ou trous lacrymaux, la caroncule lacrymale, la membrane conjonctive, la glande lacrymale, & enfin les ligamens particuliers qui soutiennent les tarses. De toutes ces parties des paupieres les tarses & leurs ligamens en sont comme la base. Voyez tous ces mots.

La membrane conjonctive est mise dans l’histoire des tuniques du globe de l’œil. C’est une membrane très-mince, dont une portion couvre la surface interne des paupieres, ou pour m’exprimer plus précisément, la surface interne des tarses & de leurs ligamens larges. Elle se replie vers le bord de l’orbite, & par l’autre portion se continue sur la moitié antérieure du globe de l’œil, où elle est adhérente à la tunique albuginée ; ainsi ce n’est qu’une même membrane repliée qui revêt les paupieres & le devant du globe de l’œil. Dans l’endroit qui tapisse les paupieres, elle est parsemée de vaisseaux capillaires sanguins, & est percée de quantité de pores imperceptibles dont il transsude continuellement une sérosité.

La conjonctive de l’œil n’est adhérente que par un tissu cellulaire qui la rend lâche & comme mobile. Elle est blanchâtre & forme avec la tunique albuginée ce qu’on appelle le blanc de l’œil. La plupart des vaisseaux dont elle est parsemée en grande quantité, ne contiennent dans leur état naturel que la portion séreuse du sang, & par conséquent ne sont visibles que par des injections anatomiques, des inflammations, des obstructions, &c.

La glande lacrymale est blanchâtre & du nombre de celles qu’on appelle glandes conglomerées. Elle est située sous l’enfoncement qu’on voit dans la voûte de l’orbite vers le côté des tempes, & latéralement au-dessus du globe de l’œil. Elle est fort adhérente à la graisse qui environne les muscles, & la convexité postérieure de l’œil ; on la nommoit autrefois glande innominée.

Vers l’angle interne de l’œil ou l’angle nasal, est une espece de mamelon percé obliquement d’un petit trou dans l’épaisseur du bord de chaque paupiere ; ces deux petits trous sont assez visibles, &