Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/323

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

&c. voyez Influence. Les observations, aujourd’hui que l’Astronomie a été si perfectionnée, sont devenues plus faciles à faire, peuvent être plus sûres & plus détaillées : on pourroit marquer les heures du lever & du coucher du soleil, son lieu dans le ciel, les phases de la lune, les éclipses, la situation & les conjonctions des planetes, &c. il faudroit ensuite comparer ces observations avec celles qu’on feroit sur les maladies ; & quand on en auroit rassemblé un assez grand nombre, on verroit si elles sont contraires ou favorables aux opinions des anciens, si elles confirment ou détruisent leurs prétentions, & l’on se déclareroit conséquemment avec connoissance de cause ou contr’eux ou en leur faveur.

Observations thérapeutiques, elles ont pour objet l’effet des différens secours tirés de la diete, de la Chirurgie & de la Pharmacie, sur la marche & la guérison des maladies, & pour but ou pour avantage, la connoissance des cas où il faut les employer, & de la maniere dont on doit les varier ; la superstition, les préjugés, l’ignorance, l’enthousiasme, la théoriso manie & l’intérêt même ont presque toujours présidé aux observations qui se sont faites sur les remedes, & plus particulierement sur ceux que la Pharmacie fournit, qu’on appelle plus strictement médicamens. Les premiers médecins observateurs, qui étoient des prêtres d’Esculape, attribuoient tous les bons effets qui résultoient de l’application des remedes, à l’opération secrette du dieu dont ils étoient les ministres, guidés en cela par l’intérêt qui leur revenoit de la grande célébrité de leur dieu, & par une aveugle superstition, causes qui ne sont pas sans exemples : par ce moyen on n’avoit aucune observation assurée sur l’effet d’un remede. Quelque tems après l’ignorance & les erreurs dominantes couvrirent les vertus des médicamens sous le voile epais & mystérieux de la magie ; un faux genre d’analogie tiré de la couleur, de la figure, de la dureté de quelques médicamens, leur fit attribuer des vertus spécifiques ; l’esprit prévenu supposa des observations, defigura ou altéra les faits qui se présentoient. Lorsqu’on fut ou qu’on crut être plus éclairé, on s’avisa de raisonner sur les remedes, sur le méchanisme de leur action, & on donna pour des observations les théories les plus absurdes & les moins vraissemblables ; le défaut d’une regle sûre pour évaluer l’effet des remedes, fit tomber les plus prudens dans l’erreur, & donna lieu à une foule d’observations erronnées, quoique fidelles en apparence ; parce qu’on attribua à l’effet d’un remede donné, les changemens qui étoient la suite ordinaire de la marche de la maladie ; on regarda certains remedes comme curatifs dans bien des maladies, qu’ils n’auroient pas manqué d’aigrir, s’ils avoient eu quelque efficacité ; c’est ainsi qu’on a vanté la saignée & les purgatifs dans la guérison des fievres inflammatoires & putrides, où ils auroient produit des mauvais effets ; ils en avoient produit quelqu’un, ils avoient été assez forts pour n’être pas indifférens : & nous voyons dans une foule d’observations des guérisons attribuées à ces sortes de remedes, parce qu’elles sont venues à la suite ; on donnoit dans cette mauvaise & pernicieuse Logique, post hoc ergo propter hoc, axiome dont l’usage a été souvent renouvellé par les ignorans & les fripons : enfin l’espece de fureur avec laquelle on s’est porté à tous les remedes nouvellement découverts, a beaucoup nui à ce genre d’observations ; on les a regardés & donnés comme des remedes merveilleux, polychrestes, pour des panacées infaillibles, & ce n’est pas seulement en Médecine qu’on a vu cet acharnement & cette confiance démesurée pour le nouveau : quid in miraculo non est, a dit Pline, ubi primum in notitiam venit ? La confiance avec laquelle les malades prenoient ces remedes a, dans

les premiers momens, beaucoup contribué à faire naître & à favoriser l’illusion : c’est une des meilleures dispositions pour aider à la vertu des remedes, & qui quelquefois seule suffit pour guérir. Aussi a-t-on vu constamment les remedes faire plus de bien dans les commencemens qu’après quelque tems ; on a vu aussi quelquefois les meilleurs remedes & les plus indifférens, & même les mauvais, avoir dans les momens d’un enthousiasme à-peu-près les mêmes succès : mais avec le tems la confiance diminue, l’illusion cesse, les masques tombent, les mauvais remedes sont proscrits, & les bons restent & s’accréditent. Ainsi pour faire des observations justes, il faut attendre que ce tems de vogue ait passé. Un des grands défauts de ces observations, c’est de ne contenir que les bons effets d’un remede : l’histoire des événemens fâcheux qui en seroient la suite, auroit bien plus d’utilité ; on pourroit y ajouter celle des précautions qu’il faut prendre dans leur usage. Presque tous les auteurs qui ont écrit sur un remede particulier en font des éloges outrés. M. Geoffroy a donné dans ce défaut ; quoiqu’il ait entrepris un traité général de matiere médicale, il semble à chaque article n’être occupé que d’un seul remede, & que ce remede soit découvert depuis peu, tant il est prodigue en éloges ; il n’y en a presque point qui ne possede toutes sortes de vertus. Nous aurions besoin d’une histoire critique de tous les médicamens, semblable à celle que Tralles a donnée sur les terreux dans son examen rigoureux, &c. M. Bordeu, dans ses recherches sur le pouls, a indiqué quelques moyens de reconnoître par le pouls l’effet de plusieurs remedes, & de distinguer ceux qui sont efficaces d’avec ceux qui sont indifférens. Les regles & les observations qu’il donne là-dessus méritent par leur utilité d’être vérifiées & plus étendues. Le chapitre xxxiv. de son excellent ouvrage doit être sur-tout consulté. Cette méthode, pour évaluer l’effet des remedes, est bien sûre & bien lumineuse pour un observateur éclairé. (m)

OBSERVATOIRE, s. m. (Astron.) lieu destiné pour observer les mouvement des corps célestes ; c’est un bâtiment qui est ordinairement fait en forme de tour, élevé sur une hauteur, & couvert d’une terrasse, pour y faire des observations astronomiques.

Les observatoires les plus célebres sont, 1°. l’observatoire de Greenwich, que Chambers, comme écrivain anglois, cite le premier, quoiqu’il ne soit pas le plus ancien. Cet observatoire fut bâti en 1676 par ordre du roi Charles II. à la priere de MM. Jonas Moor & Christophe Wren, & pourvu par ce roi de toutes sortes d’instrumens très-exacts, principalement d’un beau sextant de 7 piés de rayon, & de télescopes.

Le premier qui fut chargé d’observer à Greenwich, fut M. Flamsteed, astronome, qui, selon l’expression de M. Halley, sembloit né pour un pareil travail. En effet, il y observa pendant plusieurs années, avec une assiduité infatigable, tous les mouvemens des planetes, principalement ceux de la Lune, qu’on l’avoit principalement chargé de suivre ; afin que par le moyen d’une nouvelle théorie de cette planete, qui feroit connoître toutes ses irrégularités, on pût déterminer la longitude.

En l’année 1690, ayant fait dresser lui-même un arc mural de 7 piés de diametre, exactement situé dans le plan méridien, il commença à vérifier son catalogue des étoiles fixes, que jusqu’alors il n’avoit dressé que sur les distances des étoiles mesurées avec le sextant : il se proposoit de déterminer de nouveau la position de ces étoiles par une méthode nouvelle & fort différente ; cette méthode consistoit à prendre la hauteur méridienne de chaque étoile, & le moment de sa culmination, ou son ascension droite & sa déclinaison. Voyez Etoile.