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an ; chaque portée est de neuf ou dix. Il est généralement répandu dans toute l’Europe. Il a pour ennemis les loups, les renards, les martes, les oiseaux de proie, & lui-même. Hist. nat. gen. & part. tome VIII. pag. 325. & suivantes. Voyez Quadrupede.

On n’imagine pas à quel point les mulots sont nuisibles aux biens de la terre. Ils habitent seuls, souvent deux, quelquefois trois ou quatre dans un même gite. M. de Buffon avoit semé quinze à seize arpens de glands en 1740, les mulots enleverent tous ces glands & les emporterent dans leurs trous. On découvrit ces trous, & l’on trouva dans la plûpart un demi-boisseau & souvent un boisseau de glands, que ces animaux avoient ramassé pour vivre pendant l’hyver. M. de Buffon fit dresser dans cet endroit un grand nombre de piéges, où pour toute amorce on mit une noix grillée, & en moins de trois semaines on prit treize cens mulots, tant ces rats de campagne sont redoutables par leur nombre, par leur pillage, & par leur prévoyance à entasser autant de glands qu’il en peut entrer dans leurs trous.

Ils ravagent souvent les champs & les prés de la Hollande, mangent l’herbe des pâturages, & au défaut d’herbe, montent sur les arbres & en rongent les feuilles & le fruit. M. Musschenbroek rapporte, que le nombre de ces animaux étoit si grand en 1742, qu’un paysan en tua pour sa part cinq à six mille. Mais ce n’est pas d’aujourd’hui, & ce n’est pas dans nos seuls climats que les mulots désoloient le monde. Il faut qu’ils ayent fait autrefois de furieux dégats à Tenédos, puisque Strabon parle d’un des temples de cette île, dédié par cette raison à Apollon Sminthien. Qui croiroit qu’Apollon eût reçu ce surnom à l’occasion des mulots ? On les a pourtant représentés sur les médailles de l’île, & l’on sait que les Crétois, les Troïens, les Eoliens les appelloient σμινθοι. Elien rapporte qu’ils faisoient de si grands ravages dans les champs des Troïens & des Eoliens, qu’on eut recours à l’oracle de Delphes ; la réponse porta qu’ils en seroient délivrés s’ils sacrifioient à Apollon Sminthien.

Nous avons deux médailles de Ténédos sur lesquelles les mulots sont gravés, l’une a la tête radiée d’Apollon avec un mulot, & le revers représente la hache à double tranchant ; l’autre médaille est à deux têtes adossées, le revers montre la même hache élevée, & deux mulots placés tout au-bas du manche. Strabon ajoûte qu’on avoit sculpté un mulot auprès de la statue d’Apollon, qui étoit dans le temple de Crysa, pour expliquer la raison du surnom de Sminthien qu’on lui avoit donné, & que même cet ouvrage étoit de la main de Scopas, ce sculpteur de Paros, si célebre dans l’histoire. (D. J.)

MULTAN, (Géog.) ville des Indes, passablement fortifiée, capitale d’une province de même nom dans les états du grand-mogol. Cette province a bien déchu de son ancien trafic, elle ne fournit guère à-présent au commerce que quelques chevaux, & des chameaux sans poil, mais elle paye à l’empereur du Mogol 50 lacs & 25 mille roupies. On sait qu’un lac vaut 100000 roupies, & la roupie 3 livres de France. Le peuple est mahométan, ou payen, & idolâtre. La ville de Multan a beaucoup de banians & de gentils qu’on nomme raspoutes ; cette place est très-importante pour le Mogol, lorsque les Persans sont maîtres de Candahar. Long. 115. 20. lat. 29. 40. (D. J.)

MULTANGULAIRE, adj. (Géom.) se dit d’une figure ou d’un corps qui a plusieurs angles. Voyez Angle & Polygone, qui est plus usité.

MULTE, la, (Géog.) riviere d’Allemagne, dans la haute-Saxe. Elle a sa source aux confins de la Bohème, traverse la Misnie, & se jette dans la

Mulde, un peu au dessus de Grimmen. (D. J.)

MULTILATERE, adj. en Géometrie, est un mot qui s’applique aux figures qui ont plus de quatre côtés ou angles ; on les nomme autrement & plus ordinairement polygones. Voyez Polygone. (O)

MULTINOME, adj. se dit en Mathématique, des quantités composées de plusieurs autres, comme a + bc + d, &c. Voyez Racine, Monome, Binome, &c.

M. Moivre a donné dans les Transactions philosophiques, n°. 230. une méthode pour élever un multinome quelconque infini à une puissance quelconque, ou pour en extraire la racine quelconque. Cette méthode est un corollaire de la méthode générale de M. Newton pour élever un binome quelconque, a + b à une puissance quelconque. Le théorème de M. Moivre est rapporté au commencement de l’analyse des infiniment petits de M. Stone, traduit en françois, & imprimé à Paris en 1735. Voyez à l’article Binome la formule de M. Newton. (O)

MULTIPLE, adj. se dit en Arithmétique d’un nombre qui en contient un autre un certain nombre de fois exactement. Voyez Nombre, Équimultiple, &c.

Ainsi 6 est multiple de 2 ; ou, ce qui est la même chose, 2 est une partie aliquote de 6, puisque 2 est contenu dans 6 trois fois ; de même 12 est multiple de 6, 4 & 3, puisqu’il contient deux fois 6, trois fois 4 & quatre fois 3. (O)

Une raison multiple est celle qui se trouve entre des nombres multiples. Voyez Raison & Rapport.

Si le plus petit terme d’un rapport est une partie aliquote du plus grand, le rapport du plus grand au plus petit est appellé multiple, & celui du plus petit au plus grand est nommé sous-multiple.

Le nombre sous-multiple est celui qui est contenu dans un nombre multiple ; ainsi 1, 2 sont sous-multiples de 6, & 3 sous-multiple de 9.

Les rapports doubles, triples, &c. comme aussi les rapports sous-doubles, sous-triples, &c. sont différentes especes de rapports multiples, ou sous-multiples.

Multiple, point multiple en Géométrie, est le point commun d’intersection de deux ou plusieurs branches d’une même courbe qui le coupent. Voyez Branche, Courbe & Point

Multiple, poulie multiple est en Méchanique, un assemblage de plusieurs poulies. Voyez Poulie & Mouffle. (O)

MULTIPLICANDE, s. m. est dans l’Arithmétique, un des deux facteurs de la multiplication ; c’est le nombre que l’on donne à multiplier par un autre, qu’on appelle multiplicateur. Voyez Multiplicateur.

MULTIPLICATEUR, s. m. se dit en Arithmétique, du nombre par lequel on doit multiplier le multiplicande. Voyez Multiplicande.

Des deux nombres donnés dans la multiplication, on prend ordinairement le plus grand pour multiplicande, & on le place au-dessus du plus petit qu’on prend pour multiplicateur. Mais le résultat de l’opération sera toujours le même, quelque soit celui des deux nombres qu’on prendra pour multiplicande, ou pour multiplicateur ; en effet, quatre fois 5, ou cinq fois 4, font également 20, comme on le voit à l’œil par la figure suivante :

    4    
  · · · ·
  · · · ·
5 · · · ·
  · · · ·
  · · · ·

Voyez Multiplication.