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inégales, elles ne se détruisent qu’en partie, & le mouvement qui en résulte est l’effet de la différence de ces deux forces, c’est-à-dire de l’excès de la plus grande sur la plus petite. 4°. Si ces deux forces font angle l’une avec l’autre, elles retarderont ou accéléreront le mouvement l’une de l’autre, selon que l’obliquité des lignes qui les représentent sera dirigée.

On voit aussi que l’on peut également considérer toutes les forces comme étant réunies dans une force qui les représente, ou cette force unique, comme étant divisée dans celles qui la composent. Cette méthode est d’un grand usage & d’une grande utilité dans les méchaniques, pour découvrir la quantité de l’action des corps qui agissent obliquement les uns sur les autres.

Par ce même principe on connoît le chemin d’un corps qui obéit a un nombre quelconque de forces qui agissent sur lui à la fois ; car lorsqu’on a déterminé le chemin que deux de ces forces font parcourir au mobile, ce chemin devient le côté d’un nouveau triangle, dont la ligne qui représente la troisieme force, devient le second côté, & le chemin du mobile la base. En procédant ainsi jusqu’à la derniere force, on connoîtra le chemin du mobile par l’action réunie de toutes les forces qui agissent sur lui.

Un corps peut éprouver plusieurs mouvemens à la fois, par exemple un corps que l’on jette horisontalement dans un bateau éprouve le mouvement de projectile qu’on lui communique, & celui que la pesanteur lui imprime à tout moment vers la terre ; il participe outre cela au mouvement du vaisseau dans lequel il est. La riviere sur laquelle est ce vaisseau s’écoule sans cesse, & ce corps participe à ce mouvement. La terre sur laquelle coule cette riviere tourne sur son axe en vingt-quatre heures : voilà encore un mouvement nouveau que le corps partage. Enfin la terre a encore son mouvement annuel autour du soleil, la révolution de ses poles, le balancement de son équateur, &c. & le corps que nous considérons participe à tous ces mouvemens ; néanmoins il n’y a que les deux premiers qui lui appartiennent, par rapport à ceux qui sont transportés avec le corps dans ce bateau ; car tous les corps qui ont un mouvement commun avec nous, sont comme en repos par rapport à nous.

La ligne courbe désigne toujours un mouvement composé. Décrire une ligne courbe, c’est changer à tout moment de direction. Si deux forces qui poussent un corps sont inégalement accélérées, ou bien si l’une est accélérée tandis que l’autre est uniforme, la ligne décrite par le corps en mouvement ne sera plus une ligne droite, mais une ligne courbe, dont la courbure est différente, selon la combinaison des inégalités des forces qui la font décrire ; car ce corps obéira à chacune des forces qui le poussent selon la quantité de leur action sur lui. Ainsi par exemple, s’il y a une des forces qui renouvelle son action à chaque instant, tandis que l’action de l’autre force reste la même, le chemin du mobile sera changé à tout moment ; & c’est de cette façon que tous les corps que l’on jette obliquement retombent vers la terre.

Le mouvement instantané d’un corps est toujours en ligne droite : la petitesse des droites que ce mobile parcourt à chaque instant nous empêche de les distinguer chacune en particulier, & tout cet assemblage de lignes droites infiniment petites, & inclinées les unes aux autres, nous paroît une seule ligne courbe. Mais chacune de ces petites droites représente la direction du mouvement à chaque instant infiniment petit, & elle est la diagonale d’un parallélogramme formé sur la direction des forces actuelles qui agissent sur ce corps. Ainsi le mouvement est toujours en ligne droite à chaque instant infiniment pe-

tit, de même qu’il est toujours uniforme.

Il y a un mouvement dans lequel les parties changent de place, quoique le tout n’en change point. C’est le mouvement relatif d’un corps qui tourne sur lui-même, comme la terre, par exemple, dans son mouvement journalier. Ce sont alors les parties de ce corps qui tendent à décrire les droites infiniment petites, dont nous venons de parler. Il y auroit encore bien des observations à faire sur ce vaste sujet, mais cet ouvrage n’est pas susceptible de détails plus amples. On peut lire les chapitres xj. & sij. des Institutions physiques de madame du Châtelet, dont nous avons extrait une partie de cet article ; la Physique de M. Muschembrock ; l’essai de M. de Crousaz sur le mouvement, qui fut couronné par l’académie des Sciences, & plusieurs autres ouvrages.

Sur les lois particulieres du mouvement qui est produit par la collision des corps élastiques ou non élastiques, soit que leurs directions soient perpendiculaires, soit qu’elles soient obliques. Voyez Percussion.

Sur les mouvemens circulaires & les lois des projectiles, voyez Force centrale & Projectile.

Sur les mouvemens des pendules & leur oscillation, voyez Pendule & Oscillation.

Le célebre problème du mouvement perpétuel consiste à imaginer une machine qui renferme en elle-même le principe de son mouvement. M. de la Hire en soutient l’impossibilité, & dit que ce problème revient à celui-ci, trouver un corps qui soit en même tems plus pesant & plus leger, ou bien un corps qui soit plus pesant que lui-même. Voyez Machine & Perpètuel.

Mouvement intestin marque une agitation intérieure des parties dont un corps est composé. Voyez Fermentation, Effervescence, &c.

Quelques philosophes pensent que toutes les particules des fluides sont dans un mouvement continuel, & cette propriété est contenue dans la définition même que plusieurs d’entr’eux donnent de la fluidité (voyez Fluidité) ; & quant aux solides, ils jugent que leurs parties sont aussi en mouvement par les émissions qui sortent continuellement de leurs pores. Voyez Emission.

Suivant cette idée le mouvement intestin ne seroit autre chose qu’un mouvement des plus petites parties intestines de la matiere, excitées continuellement par quelque agent extérieur & caché, qui de lui-même seroit insensible, mais qui se découvriroit néanmoins par ses effets, & que la nature auroit destiné à être le grand instrument des changemens des corps.

Mouvement en Astronomie se dit particulierement du cours régulier des corps célestes. Voyez Soleil, Planete, Comete, &c.

Le mouvement de la terre d’occident en orient est une chose dont les Astronomes conviennent aujourd’hui généralement. Voyez Terre & Copernic.

Les mouvemens des corps célestes sont de deux especes, le diurne ou commun, le secondaire ou propre.

Le mouvement diurne, ou principal, c’est celui par lequel tous les corps célestes paroissent tourner chaque jour au-tour de la terre d’orient en occident. Voyez Diurne & Étoile.

Les divers phénomenes qui résultent de ce mouvement font l’objet principal de l’Astronomie.

Mouvement secondaire ou propre est celui par lequel une planete avance chaque jour d’occident en orient d’une certaine quantité. Voyez Planete. Voyez aussi les différens mouvemens de chaque planete, avec leurs irrégularités, aux articles Terre, Lune, Étoile, &c.

Mouvement angulaire, voyez Angulaire. (O)

Mouvement de l’apogée, dans le système de Ptolomée, est un arc du zodiaque du premier mobile,