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100 milles N. O. de Londres. Long. 14. 22. lat. 52. 36. (D. J.)

MONTICHICOURT, s. m. (Comm.) étoffe de soie & coton, longue de 5 aunes & large de , ou longue de 8 & large de , plus , ou de cinq sixiemes. Elle se fabrique aux Indes orientales.

MONTIEL, (Géog.) petite ville d’Espagne, dans la nouvelle Castille, à 6 lieues O. d’Alcala. C’est le Laminium des anciens, & le chef lieu de la partie orientale de la Manche, qu’on nommoit autrefois Lamimitanus ager. Long. 14. 36. lat. 40. 28. (D. J.)

MONT JOYE SAINT-DENIS, (Hist. mod.) mot fameux dans l’histoire de France, qui a été long-tems le cri de guerre de la nation, & qui est encore aujourd’hui le nom du roi d’armes.

Divers auteurs ont débité bien des fables & des conjectures puériles sur l’origine & l’étymologie de ce nom. Ce qu’on a de plus sensé sur cette matiere, se réduit à remarquer qu’on appelloit autrefois mont joye, un monceau de pierres entassées, pour marquer les chemins. Sur quoi le cardinal Huguet de S. Cher rapporte la coutume des pélerins, qui faisoient des mont joyes de monceaux de pierres sur lesquels ils plantoient des croix aussi-tôt qu’ils découvroient le lieu de dévotion où ils alloient en pélerinage : constituunt, dit-il, acervum lapidum, & ponunt cruces, & dicitur mons gaudii. Del-Rio atteste la même chose des pélerins de S. Jacques en Galice : lapidum congeries… Galli mont joyes vocant. Les croix que l’on voit sur le chemin de Paris à Saint-Denis étoient de ces mont joyes. Or, comme ces mont joyes étoient destinés à marquer les chemins, de même quand nos rois eurent pris S. Denis pour protecteur du royaume, & sa banniere ou l’oriflamme pour banniere de dévotion dans les armées, cette banniere devint le mont joye qui régloit la marche de l’armée ; & crier mont joye saint-Denis, c’étoit crier, suivez, ou marchez, ou ralliez-vous à la banniere de S. Denis. De même que les ducs de Bourgogne avoient pour cri mont joye S. André ; & quand le duc se trouvoit en personne à la guerre, mont joye au noble duc : ceux de Bourbon crioient, mont joye Notre-Dame, pour rassembler leurs troupes au-tour d’eux, ou de leurs bannieres qui portoient l’image de la Vierge. Quoique dans la suite on ne portât plus dans les armées la banniere de S. Denis, le cri de guerre auquel on étoit accoutumé, comme à un cri de joie & de victoire, ne laissa pas que de subsister jusqu’au tems où l’introduction de l’artillerie exigea des signaux d’une autre espece dans les combats.

Cette opinion paroît plus probable que celle qu’a avancé M. Beneton dans ses commentaires sur les enseignes militaires, où il remarque qu’on élevoit sur les tombeaux des personnes considérables, des saints, des martyrs, de ces sortes de monceaux, & qu’on les nommoit mont joyes ; que mont joye saint-Denis signifioit le tombeau de S. Denis, dont nos monarques se glorifioient d’être possesseurs ; comme s’ils eussent voulu dire, nous avons la garde du tombeau de S. Denis, mont joye saint-Denis est un témoignage de la joie que nous ressentons de cet avantage ; nous espérons que ces paroles serviront à ranimer la piété & la valeur de nos soldats. Mais les ducs de Bourgogne possédoient-ils dans leurs états le corps de S. André ? & ceux de Bourbon étoient-ils protecteurs du sépulchre de la Vierge ? Que signifioit donc mont joye dans leur bouche, sinon à la banniere de S. André, & à celle de Notre-Dame ; ainsi mont joye saint-Denis n’a non plus signifié autre chose qu’à la banniere de S. Denis, parce que cette banniere servoit, sous les rois de la troisieme race, à régler les marches & les campemens de l’armée.

Il est bon aussi d’observer que ce cri de guerre n’a été introduit dans nos armées que vers le regne de

Louis le Gros, qui ayant réuni en sa personne le comté de Vexin à la couronne, devint advoué de l’église de S. Denis, en prit la banniere, de laquelle est venu le cri d’armes. Ainsi, ceux qui l’ont attribué à Clovis, ont débité une pure fiction, puisque la banniere de saint-Martin-de-Tours fut portée dans les armées, depuis le regne de ce prince, comme l’étendard de la nation, ainsi que nous l’avons expliqué au long au mot Enseignes militaires.

Montjoye, (Hist. mod.) nom d’un ordre de chevalerie établi à Jérusalem par le pape Alexandre III, qui le confirma en 1180, & lui prescrivit la regle de S. Basile. Ces chevaliers portoient une croix rouge & devoient combattre contre les infidelles. Le roi Alphonse le sage les introduisit en Espagne, s’en servit utilement contre les Maures ; & leur ayant donné des revenus, il leur fit prendre le nom de chevaliers de Mofrat ; mais sous le regne de Ferdinand ils furent unis à l’ordre de Calatrava.

MONTIVILLIERS, ou MONTIERSVILLIERS, en latin Monasterium vestus, (Géog.) petite ville de France en Normandie, au gouvernement du Havre-de-Grace. Elle est située sur la Lézarde, à une petite lieue d’Harfleur, deux du Havre-de Grace, six de Fécamp & de Lislebonne, seize de Rouen, trente-six N. O. de Paris. Il y a une riche, ancienne & célebre abbaye de bénédictins, fondée par le duc Warathon, maire du palais, & établie vers l’an 674. Long. 17. 58. lat. 49. 35. (D. J.)

MONT-JULE, ou ALPES-JULIENNES, (Géog.) en latin Juliæ, en allemand Juliers-Bergs ; on donne ce nom à toute cette étendue de montagnes qui est au pays des Grisons, dans la basse-Engadine, aux environs de la source de l’Inn. On appella ces montagnes Juliennes, Juliæ, parce que Jules-César y fit commencer un chemin qui fut achevé par Auguste, du tems des guerres d’Illyrie, selon Rufus Festus. Ammien Marcellin, liv. XXXI. dit, qu’on les nommoit anciennement Alpes Venetæ. Tacite (hist. liv. II.) les appelle Pannonicæ. Le froid est très-vif sur ces montagnes, même au fort de l’été, pour peu que le vent du nord souffle. (D. J.)

MONT KRAPACK, Carpathus. (Géog. & Phys.) chaîne de montagnes qui bornoit chez les anciens la Sarmatie européenne du côté du midi. Elle sépare aujourd’hui la Pologne d’avec la Hongrie, la Transylvanie, & la Moldavie.

Les observations faites par David Frælichius sur cette montagne, sont très-utiles en Physique, pour former un jugement sur la hauteur de l’air, & celle de ses diverses régions ; ainsi je crois devoir les donner ici toutes entieres.

Le Carpathus, dit cet auteur, est la principale montagne de Hongrie ; ce nom lui est commun avec toutes la suite des montagnes de Sarmatie, qui séparent celles de Hongrie de celles de Russie, de Pologne, de Moravie, de Silésie, & de celles de la partie d’Autriche au-dela du Danube. Leurs sommets élevés & effrayans, qui sont au-dessus des nuages, s’apperçoivent à Césaréopolis. On leur donne quelquefois un nom qui désigne qu’ils sont presque toujours couverts de neiges ; & un autre nom, qui signifie qu’ils sont nuds & chauves ; en effet, les rochers de ces montagnes l’emportent sur ceux des Alpes, d’Italie, de Suisse, & du Tirol, pour être escarpés & pleins de précipices. Ils sont presque impraticables, & personne n’en approche, à l’exception de ceux qui sont curieux d’admirer les merveilles de la nature.

M. Frælichius qu’il faut mettre au nombre de ces curieux, ayant formé le dessein de mesurer la hauteur de ces montagnes, y monta au mois de Juin 1615. Quand il fut arrivé au faîte du premier rocher, il en apperçut un second fort escarpé & beau-