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5 de mauvais aloi ; 15 barucos font un vintin, le baruco est de sols sterl.

L’ile de Java a ses santas, ses sapacou, ses caxas, ses fardos & ses catis. Le santa vaut 200 caxas, qui sont de petites pieces du pays enfilées dans un cordon ; la valeur de chaque cax 35 répond à de sols sterl. 5 santas font le sapacou, Le fardos vaut 2 sch. 8 d. sterl. ; le cati contient 20 taels ; le tael vaut 6 sch. 8 d. sterl.

Il y a plusieurs autres îles, villes & états des Indes orientales, dont nous ne rapportons point ici les monnoies de compte, soit parce qu’elles se réduisent à quelques-uns de celles dont nous avons parlé, soit parce que les auteurs ne s’accordent point dans le récit qu’ils en font.

Il nous reste pour remplir notre promesse, à dire un mot des monnoies de compte d’Afrique. Du cap Verd au cap de bonne-Espérance, tous les échanges & les évaluations des marchandises se font par macoutes & par pieces. A Loango de Boirée & quel qu’autres lieux de la côte d’Angola, les estimations se font par macoutes. A Masimbo & Cabindo qui sont aussi sur la même côte, les negres comptent par pieces. Chez les premiers, la macoute est équivalente à 10, & dix macoutes font 100 ; chez les autres la piece vaut 1, mais elle s’augmente par addition, jusqu’à tel nombre qu’il convient pour la traite des marchandises d’Afrique, & leur échange contre celles d’Europe. Supposez donc qu’ils ayent fixé leur esclave à 3500, ce qui revient à 305 macoutes ; pour faire ce nombre de macoutes en marchandises d’Europe, chaque espece de ces marchandises a son prix aussi en macoutes.

Par exemple, deux couteaux flamans se comptent une macoute ; un bassin de cuivre de deux livres pesant, vaut trois macoutes ; un fusil s’estime 30 macoutes, une piece de salampouris bleu 120 macoutes, ainsi du reste ; ensuite de quoi, les negres prennent sur cette évaluation autant de ces marchandises qu’il en faut pour 305 macoutes, à quoi ils ont mis leur esclave, il en est de même de la piece : les naturels du pays évaluent leur esclave à 10 pieces ; ainsi les Européens mettent, par exemple, un fusil pour valoir 1 piece, une piece de salampouris bleu pour 4 pieces, &c.

Enfin, on sait que les coquillages qu’on appelle bouges en Afrique, cauris aux Indes, servent de menue monnoie. Le cacao pareillement sert de menue monnoie en Amérique ; le mays & les amandes de lar, en servent en plusieurs endroits des Indes orientales. (Le chevalier de Jaucourt.)

Monnoies, cours des, sont des cours souveraines qui connoissent en dernier ressort & souverainement, de tout ce qui concerne les monnoies & leur fabrication, comme aussi de l’emploi des matieres d’or & d’argent, & de tout ce qui y a rapport tant au civil qu’au criminel, soit en premiere instance, soit par appel des premiers juges de leur ressort.

Originairement, la cour des monnoies de Paris étoit seule, & avoit tout le royaume pour ressort jusqu’en 1704. que fut créée la cour des monnoies de Lyon.

Cour des monnoies de Paris. La fabrication des monnoies, ainsi que l’emploi des matieres d’or & d’argent, sont de telle importance, que les souverains ont eu dans tous les tems des officiers particuliers pour veiller sur les opérations qui y avoient rapport, & sur ceux qui étoient préposés pour y travailler.

Chez les Romains, il y avoit trois officiers appellés triumviri mensarii seu monetarii, qui présidoient à la fabrication des monnoies ; ces officiers faisoient partie des centumvirs, & étoient tirés du corps des chevaliers.

Il paroît que cette qualité leur fut conservée jusqu’au regne de Constantin, qui après avoir supprimé les triumvirs monétaires, créa un intendant des finances, ayant aussi l’intendance des monnoies auquel on donna le nom de comes sacrarum largitionum.

Cet officier avoit l’inspection sur tous ceux qui étoient préposés pour la fabrication des monnoies, il étoit aussi le dépositaire des poids qui servoient à peser l’or & l’argent, & c’étoit par son ordre qu’on envoyoit dans les provinces des poids étalonnés sur l’original, comme il se pratique actuellement à la cour des monnoies, seule dépositaire du poids original de France.

Telle étoit la forme du gouvernement des Romains, par rapport aux monnoies ; lorsque Pharamond, premier roi de France, s’empara de Trèves qui leur appartenoit ; il suivit, ainsi que ses successeurs, la police des Romains pour les monnoies.

Vers la fin de la premiere race, il y avoit des monnoies dans les principales villes du royaume, qui étoient sous la direction des ducs & comtes de ces villes, mais toujours sous l’inspection du comes sacrarum largitionum, ou des géneraux des monnoies, que le bien du service obligea de substituer à l’intendant général.

Ces généraux des monnoies furent d’abord appellés monetarii, on les appelloit en 1211. & dans les années suivantes, magistri monetæ, & en françois, maîtres des monnoies ; ces maîtres étoient d’abord tous à la suite de la cour, parce qu’on ne fabriquoit les monnoies que dans le palais des rois ; ils étoient commensaux de leur hôtel, & c’est de-là que les officiers de la cour des monnoies tirent leur droit de committimus.

Depuis que Charles le Chauve eut établi huit hôtels des monnoies, il y eut autant de maîtres particuliers des monnoies au-dessus desquels étoient les autres maîtres, qu’on appella pour les distinguer, maîtres généraux des monnoies par-tout le royaume de France, ou généraux maîtres ou généraux des monnoies.

En 1359, le roi les qualifioit de ses conseillers, ils sont même qualifiés de présidens dans des lettres de Charles le Bel de 1322, & dans des comptes de 1473 & 1474, ils sont qualifiés de sires.

Le nombre des généraux des monnoies a beaucoup varié : ils étoient d’abord au nombre de trois, & c’est dans ce tems, qu’ils furent unis & incorporés avec les maîtres des comptes qui n’étoient pareillement qu’au nombre de trois, & avec les trésoriers des finances qui étoient aussi en pareil nombre, & placés dans le palais à Paris, au lieu où est encore présentement la chambre des comptes.

Ces trois jurisdictions différentes qui composoient anciennement la chambre des comptes, connoissoient conjointement & séparément, suivant l’exigence des cas du maniement & distribution des finances, de celui du domaine qu’on appelloit trésor des monnoies, d’où a été tirée la chambre des monnoies ; cela se justifie par diverses commissions, dont l’adresse leur étoit faite en commun par nos rois.

Les généraux des monnoies avoient dans l’enceinte de la chambre des comptes leur chambre particuliere, dans laquelle ils s’assembloient pour tout ce qui concernoit le fait de leur jurisdiction, & même pour y faire faire les essais & épreuves des deniers des boîtes qui leur étoient apportées, par les maîtres & gardes de toutes les monnoies du royaume.

Constant qui écrivoit en 1653, dit qu’il n’y avoit pas long-tems que l’on voyoit encore dans cette chambre des vestiges de fourneaux, où les généraux faisoient faire les essais des deniers des boîtes & deniers courans.