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celles de l’Egypte où les Européens font commerce, ne comptent guere autrement que dans le Levant & dans les états du grand-seigneur ; pour le reste de cette grande étendue de côtes où se fait la traite des negres & le négoce du morfil, de la poudre d’or, de la cire, des cuirs, & de quelques autres marchandises, leurs misérables habitans ne connoissent point ce que c’est que monnoie de compte, ou s’ils en ont présentement, ce sont celles que les étrangers qui se sont établis parmi eux y ont portées. Nous dirons néanmoins un mot à la fin de cet article, de la macoute & de la piece, manieres de compter de quelques-uns de ces barbares, qui peuvent en quelque sorte passer pour monnoie de compte.

En France, l’ancienne monnoie de compte étoit le parisis, le tournois, & l’écu d’or au soleil ; aujourd’hui on n’y compte plus qu’en livres, sols & deniers tournois : la livre vaut 20 sols, & le sol 12 deniers.

En Angleterre, la monnoie de compte est la livre, le schelling, & le sol sterling, the pound, shilling, and penny sterling : la livre sterling contient 20 schellings, & le schelling 12 sols.

En Espagne, les monnoies de compte sont le peso, le ducat d’argent & de vellon, la réale de vellon, le cornados & le maravédis d’argent & de vellon. Le peso est au ducat comme 12 est à 10 ; le ducat d’argent contient 11 réales d’argent, & le ducat de vellon contient 11 réales de vellon, ce qui fait une différence de près d’une moitié. La réale d’argent court dans le commerce pour 7 schellings sterling, & celle de vellon court seulement pour 3 schellings 8 deniers sterlings ; 34 maravedis font la réale de vellon, & 63 celle d’argent. Le maravedi se divise en 4 cornados.

En Hollande, en Zélande, dans le Brabant & à Cologne, on se sert pour compter de la livre, sols & deniers de gros. La livre de gros contient 20 sols, & le sol 12 deniers ; la livre de gros répond à 10 schellings sterlings. L’on compte aussi dans ces mêmes pays par florins ou guilders, patards & pennins. Le florin vaut 20 patards, & le patard 12 pennins.

En Suisse, & dans plusieurs des principales villes d’Allemagne, entr’autres à Francfort, on se sert pour monnoie de compte de florins, mais qui sont sur un autre pié qu’en Hollande, de creutzers & de pennins. Le florin est égal à trois schellings sterlings ; il se divise en 60 creutzers, & le creutzer en 8 pennins. Dans d’autres villes d’Allemagne, comme à Nuremberg, on compte par richedallers, par florins & par creutzers ; la richedaller vaut 4 schellings 8 deniers sterlings : elle se divise en 100 creutzers, & le creutzer en 8 pennins. Dans d’autres villes, comme à Hambourg, Berlin, &c. on compte par richedallers, marcs, lubs, sols lubs & deniers lubs. La richedaller vant 4 schellings 6 deniers sterlings ; elle se divise en 3 marcs, le marc en 3 sols lubs, & le sol en 12 deniers lubs. On compte aussi à Hambourg en livres, sols & deniers de gros. Je n’entrerai point dans le détail des autres monnoies de compte de ces pays-là.

En Italie, les monnoies de compte sont presqu’aussi différentes qu’il y a de ville de commerce. A Rome on compte par écu, livre, sols & deniers d’or, di stampa. A Venise on compte par ducats & gros de banque, ou, comme ils disent, di banco. Le ducat se divise en 24 gros, & chaque gros vaut 2 sols sterlings. On compte encore à Vénise par ducats courans, livres, sols & deniers ; le ducat courant, autrement nommé sequin, vaut 9 shellings 2 deniers sterlings. Livourne & Gènes ont leurs piastres, outre leurs livres, sols & deniers : leur piastre est équivalente à 4 shellings 6 deniers sterlings. A Naples on compte par ducats, grains & tarins ; le tarin est égal à 1 shelling sterling & se divise en 20 grains.

A Messine, à Palerme, & dans toute la Sicile ; on compte par livres, onces, tarins, grains & piccolis, qu’on rassemble par 6, 20 & 30. L’once contient 30 tarins, le tarin 20 grains, & le grain 6 piccolis. A Malte, on compte par livres, onces, carlins, & grains : l’once renferme 30 tarins ou 60 carlins, ou 600 grains ; le carlin est égal à 6 d. sterl.

Dans toute la Pologne, à Dantzic, aussi-bien qu’à Berlin, & dans la plûpart des états du roi de Prusse, les monnoies de compte sont les richedallers, les roups, & les grochs. La richedaller est égale à 4 sch. 6 d. sterl. & se divise en 32 roups, & en 90 grochs dans la Pologne, ou en 24 grochs dans les états de Prusse.

Les monnoies de compte en Suéde, sont par dalles d’argent ou de cuivre. Les dalles d’argent valent 32 sols lups, ou 3 sch. sterl. Les Danois comptent par rixdallers, & par sols ; leur rixdaller se divise en 38 sols.

Les Moscovites ont leurs roubles, leurs altins & leurs grifs : le rouble est égal à 100 copecs, ou à 2 richedallers, ou à 9 sch. sterl. il se divise en 10 grifs, 3 altins sont le grif ou copec ; le copec vaut 13 sols sterl.

L’empire du Turc, soit en Europe, soit en Asie, soit en Afrique, a pour maniere de compte, ce qu’on appelle des bourses ; les unes d’argent qui sont les plus communes, les autres d’or, dont on ne se sert que dans le serrail, & des demi bourses qu’on nomme rizès : la bourse d’argent est égale à 112 liv. 10 sch. sterl. la demie vaut à proportion : la bourse d’or contient 15 mille séquins, & vaut 6750 liv. sterl. ; mais de telles bourses ne sont d’usage que pour des présens extraordinaires, de sorte que le mot bourse, signifie bourse d’argent. On les appelle ainsi, parce que tout l’argent du trésor du serrail se met dans des sacs ou bourses de cuir. Les marchands dans les états du grand seigneur, comptent par dallers d’Hollande, qu’ils nomment autrement astani ou abouquels, par meideius & par aspres. Le thaler ou piastre vaut 35 meideius ; le meideiu vaut 3 aspres, & l’aspre est égal à un demi sol sterl.

En Perse, la monnoie de compte est le man, qu’on nomme plus communément toman ou tumein, & le dinar-bisti ; le toman est composé de 50 abassis, ou de cent mamodis, de 200 chapes, ou de 10 mille dinars-bisti ; de sorte qu’en mettant le dinar-bisti sut le pié d’un denier, le toman revient à 3 liv. 12 sch. 6 d. sterl. On compte aussi en Perse, par larins, particulierement à Ormus, & sur les côtes du golfe Persique : le larin est équivalent à 11 sols sterl., & c’est sur ce pié qu’il est d’usage parmi les Arabes, & dans une grande partie du continent des Indes orientales.

Dans la Chine, le pic, le picol & le tach, qui sont des poids, servent en même tems de monnoies de compte, ce qui s’étend jusques dans le Tunquin. Le pic se divise en 100 catis, quelques-uns disent 125 : le catis se partage en 16 tachs, chaque tach est égal à une once deux drachmes ; le picol contient 66 catis  ; le tach équivaut à 6 sch. 8 d. sterl.

Le Japon a pour monnoies de compte, ses schuites, ses cockiens, ses oubans & ses taèls ; 200 schuites sont égales à 500 florins d’Hollande ; le cockien vaut 10 florins des Pays-Bas ; 1000 oubans font 45 mille taels.

A Surate, à Agra, & dans le reste des états du grand mogol, on compte par lacres ou lacs, ou par lechs ; un lac de roupies fait 100 milles roupies.

Au Malabar & à Goa, on se sert pour monnoies de compte, de tangas, de vintins, & de pardaosxerafins : le tanga est de deux especes, savoir de bon ou de mauvais aloi ; quatre tangas de bon aloi valent un pardaos-xerafin, au lieu qu’il en faut