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peaux de chagrin, qui se dit des endroits de la peau de chagrin qui se rencontrent vuides & unis, & où le grain ne s’est pas formé. Voyez Chagrin.

C’est un grand défaut dans une peau de chagrin que d’avoir des miroirs.

Miroir, (Maréchal.) Voyez a Miroir.

Miroir, en terme de Metteur en œuvre : est un espace uni réservé au milieu du fond d’une piece quelconque, d’où partent les gaudrons comme de leur centre.

Miroir, (Vénerie.) on attire les alouettes dans les filets par un miroir, ou morceau de verre monté sur un pivot fiché en terre au milieu de deux nappes tendues ; celui qui est caché & tient les ficelles pour plier les nappes & les fermer comme deux battans de porte, lorsque les alouettes y donnent, tient aussi une ficelle attachée au pivot où est le miroir pour le faire remuer. Voyez nos Pl. de Chasse.

MIROITÉ, ou A MIROIR, (Maréchal.) poil de cheval. Voyez Bay.

MIROITERIE, s. m. (Art. méchan.) profession de miroitier, ou commerce des miroirs.

MIROITIER, s. m. (Comm.) ouvrier qui fait ou qui vend des miroirs. Voyez Miroir. La communauté des Miroitiers est composée de celle des Bimblotiers & de celle des Doreurs sur cuir. Par cette union les Miroitiers ont la qualité de Miroitiers Lunettiers-Bimblotiers, Doreurs sur cuir, Garnisseurs & Enjoliveurs de la ville, fauxbourgs, vicomté & prevôté de Paris.

Ils ont quatre jurés, dont l’élection de deux se fait chaque année, ensorte qu’ils restent chacun deux années de suite en charge, gouvernent la communauté, donnent les chef-d’œuvres, reçoivent les maîtres, & font les visites, dans lesquelles lorsqu’il se fait quelque saisie, ils sont obligés d’en faire le rapport dans les vingt-quatre heures.

Nul ne peut vendre miroirs, lunettes ou bimblots, s’il n’est maître, & s’il n’a fait chef-d’œuvre de l’un de ces trois ouvrages, auquel tous sont tenus, à la reserve des fils de maîtres qui ne doivent que simple expérience, mais qui sont néanmoins obligés de payer les droits du Roi & des jurés.

Chaque maître ne peut obliger qu’un seul apprenti à-la-fois : il est toutefois permis d’en prendre un second la derniere année du premier.

L’apprentissage est de cinq années entieres & consécutives, après lesquels l’apprenti peut aspirer à la maîtrise & demander chef-d’œuvre, qu’on lui donne suivant la partie du métier qu’il a choisie & qu’il a apprise.

Les compagnons, même ceux qui sont apprentis de Paris, ne peuvent travailler pour eux, mais seulement pour les maîtres ; & les maîtres ne leur peuvent non plus donner d’ouvrage à faire en chambre, ni autre part qu’en leur boutique.

Les veuves ont droit de tenir boutique ouverte, & d’y faire travailler par des compagnons & apprentis.

Les ouvrages permis aux maîtres de la communauté, à l’exclusion de tous autres, sont des miroirs d’acier, & de tous autres métaux, comme aussi des miroirs de verre, de crystal & de crystallin, avec leurs montures, bordures, couvertures, & enrichissemens, des boutons pareillement de verre & de crystal ; des lunettes & des besicles de toutes sortes, montées en cuivre, corne, & écaille de tortue, les unes & les autres de crystal de roche, de crystalin, ou de simple verre ; enfin tout ce qu’on peut appeller ouvrage de bimblotterie d’étain mêlé d’aloi, comme boutons, sonnettes, annelets, aiguilles, & autres petits jouets d’enfans, qu’ils nomment leur ménage & leur chapelle, même des flacons d’étain servant à mettre vin & eau, cuilleres, salieres, &

autres légeres bagatelles d’étain de petits poids, & à la charge que les salieres entre autres ne seront hautes que d’un demi-doigt, & ne pourront peser qu’une livre & demie la douzaine.

Les jurés sont obligés de faire la visite des ouvrages apportés par les marchands forains, & de vaquer au lotissage de ces marchandises & matieres propres au métier, arrivant dans la ville de Paris. Pour cette raison ils sont déchargés pendant les deux années de leur jurande, du soin des boues & lanternes.

Les découvertes d’Optique & d’Astronomie ont beaucoup augmenté les ouvrages des maîtres Miroitiers-Lunettiers, à cause de la taille des verres & de la fabrique des miroirs de métal dont les Astronomes & les Opticiens ont besoin, les uns pour leurs expériences, & les autres pour leurs observations célestes : c’est pourquoi ils ont pris la qualité de Miroitiers-Lunettiers-Opticiens.

Outre les verres oculaires & objectifs qui se trouvent dans leurs boutiques, comme lunettes simples, télescopes ou lunettes de longue vûe, les binocles, les lorgnettes, les microscopes, & autres semblables qu’ils vendent tous montés, ils sont aussi fournis de cylindres, de cônes, de pyramides poligones, de boîtes à dessiner, de lanternes magiques, de miroirs ardens, soit de métal ou de verre, de prismes, de loupes, de verres à facettes ; enfin de tout ce que l’art a pu inventer de curieux & d’utile dans l’Optique.

Les outils, instrumens, & machines dont se servent les maîtres Lunettiers-Opticiens sont, le tour, les bassins de cuivre, de fer ou de métal composé ; les molettes, le rondeau de fonte ou de fer forgé ; le compas ordinaire, le compas coupant ; le gravoir, le polissoir ; les spheres ou boules ; divers moules de bois pour faire les tubes : enfin la meule de grès doux.

Les matieres qu’ils emploient pour travailler leurs verres, les adoucir & les polir, sont le grès, l’émeril, la potée d’étain, le tripoli, le feutre & le papier. Voyez l’article Verrerie, Dictionn. du comm.

MIROTON, s. m. (Cuisine.) tranche de bœuf servie en place de bouilli, avec une sauce dessous.

MIRRE, s. f. (Comm.) poids dont on se sert à Venise pour peser les huiles. Il est de trente livres poids subtil de cette ville, qui est de trente-quatre par cent plus foible que celui de Marseille. Il faut quarante mirres pour faire un migliars ou millier. Voyez Migliars. Dictionn. de Comm.

Mirre, c’est aussi une mesure des liquides, & particulierement des huiles ; alors la mirre ou mesure d’huile ne pese que vingt-cinq livres aussi poids subtil. Dictionn. du Comm.

MIRTILLE, AIRELLE, BRINBELLE, RAISIN DE BOIS, MORETE, (Diete, Pharmacie, & Mat. méd.) le goût des fruits de myrtille qui est doux & aigrelet est assez agréable. On ne connoit de ces fruits que leurs propriétés communes aux doux-aigrelets. Voyez Doux, Chimie, & Doux, Diete & Mat. méd. on peut en préparer un rob qui sera bon contre les cours de ventre bilieux. On a aussi vanté ses fruits séchés & réduits en poudre, à la dose d’un gros jusqu’à deux, ou en décoction à la dose de demi-once, contre la dyssenterie : mais ce ne sont pas là des remedes éprouvés. (b)

MIRZA ou MYRZA, (Hist.) titre de dignité qui signifie fils de prince ; les Tartares ne l’accordent qu’aux personnes d’une race noble & très-ancienne. Les filles du mirza ne peuvent épouser que des mirzas, mais les princes peuvent épouser des esclaves, & leurs fils ont le titre de mirza. On dit que toutes les princesses tartares ou mirzas sont sujettes à la lunacie ; c’est à ce signe qu’on juge de la légitimité de leur naissance, leurs meres sur-tout s’en réjouissent,